Archives de catégorie : 03 Relation d’aide

Comment ne plus souffrir du regard de ceux qui m’aident ?

Question posée par Clau :

Je suis handicapée… je sais combien cela peut être fatigant d’aider une personne avec plusieurs déficiences aussi je prends soin de mettre des distances… mais pourquoi depuis quelques temps, je ne ressens que de la pitié dans l’aide apportée par certains de mon entourage ?

Mes pistes de réponse :

Oui, il faut comprendre à travers vos questionnements qu’un être a d’autant plus de mal à assumer le regard de l’autre qu’il n’est pas en paix avec le regard qu’il pose sur lui-même.

Je présume donc que votre difficulté provient de la mauvaise relation que vous entretenez avec vous-même.

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Faut-il et peut-on aider par devoir ?

« Essayez de rendre service au mieux de vos possibilités. Mais il y a une limite : « Jusque-là et pas plus loin » doit être votre devise. Quand vous avez atteint votre limite, vous devez être heureux, parce que vous avez fait de votre mieux. Qu’est -ce qu’on peut faire de plus ? Ne regrettez pas d’être allé seulement là, ne croyez pas que vous auriez dû aller plus loin. Ce « j’aurais dû » est faux. Bien sûr, il est difficile de déterminer ce qu’est cette limite. Mais vous pouvez l’apprendre par la pratique et la persévérance. »

Swami Prajnanpad cité par R. Srinivasan, Entretiens avec Swami Prajnanpad, Éditions L’Originel, 1986, p. 89.

Dans un article précédent intitulé « Quelle limite au cri du cœur ? »1  et publié sur mon site dans les écrits thérapeutiques, Lie a crié son désespoir et son épuisement dans sa relation à son mari atteint de la maladie de Parkinson depuis plus de vingt ans.

En proie au burnout, elle prend douloureusement conscience de la réalité de son propre vécu en écrivant : « Je le tue ! Je me tue ! Nous nous tuons ! »

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Comment aider une personne qui se détruit ?

Question posée par Peggy :

Comment faire face à une personne proche de vous qui se détruit sans que vous puissiez l’aider, je vis dans la peur pour elle et suis triste de voir que toute l’aide qu’on lui apporte ne suffit pas.

Mes pistes de réponse :

Sous prétexte d’accompagnement et en éprouvant ce que l’on peut appeler de l’empathie pour l’autre, vous courez le risque de vous perdre dans votre identification inconsciente à ce que vit cet autre.

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En toutes circonstances, préservons le lien

La barbarie c’est d’être contraint à renoncer à son humanité

Nous savons tous que certaines personnes qui – parce qu’elles prétendent redouter la mort d’un être qui leur est cher – renoncent à lui rendre visite et à lui témoigner amour et bienveillance. Il ne s’agit pas ici de les juger mais de comprendre le mécanisme émotionnel dont ces personnes sont les esclaves.

Déterminées par leur refus d’accepter le départ de ceux ou celles dont elles pensent avoir besoin, elles ne peuvent qu’obéir à leur peur de les voir partir.

Souvent – par un habile tour de passe-passe – ces personnes cherchent à faire croire qu’elles agissent par compassion pour leur proche alors que c’est à elles que la mort de ce proche est insupportable.

Le conditionnement par la peur

Accompagner jusqu’au bout celui qu’on aime nécessite un travail sur ses émotions.

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Comment guérir pour gagner en solidité et devenir une meilleure aidante ?

(Expérience de la non dualité dans la relation d’aide)

Question de Marie :

J’ai 37 ans, je suis aujourd’hui intervenante auprès de « proches aidants d’aînés. » J’ai commencé ma vie professionnelle comme artiste peintre. Ma vie amoureuse a été difficile. Il y a deux schémas de comportements dont je n’arrive pas à me défaire et qui diminuent mon estime de moi au travail en plus d’à mon domicile : la fuite des tâches répétitives et désagréables (je suis désordonnée, je fuis la tâche en lui tournant le dos, en lisant, ou en changeant de pièce), et donc la procrastination, qui a de plus en plus d’impact maintenant au travail.

Au cours des années, j’ai essayé en vain beaucoup de modes d’action.

Dans ma vie personnelle, je suis attirée par des hommes blessés qui fuient une part de leur vie.

Je voudrais guérir pour gagner en solidité et devenir une meilleure intervenante.

Mes pistes de réponse :

Un(e) aidant(e) qui n’a pas mis à jour les mécanismes inconscients qui veulent faire de lui (elle) un(e) aidant(e), court le risque de se retrouver un jour floué(e) dans sa relation aux autres en général et en particulier à ceux et celles qu’il (elle) veut aider.

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La névrose de l’aidant

Ne pas tomber dans un comportement sacrificiel dans la relation d’aide tout en restant ouvert

« Pour servir les autres, le travail sur soi est aussi important que, pour un musicien qui donnerait un récital, accorder son instrument. »

Arnaud Desjardins

Après avoir lu mon article : La juste relation d’accompagnement

Léa m’écrit :

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Accompagner la liberté

Plaidoyer pour la personne hospitalisée

Il est devenu courant aujourd’hui, dans le contexte de la relation d’aide (et plus particulièrement dans celui de l’accompagnement des personnes en fin de vie) de penser que l’on « accompagne la vie » et de l’énoncer un peu à la manière d’une profession de foi.

Croire qu’il « accompagne la vie » et non pas « la vie d’un patient particulier », permet à un médecin comme à un soignant de mettre en place toute procédure de soin qu’il croit bonne pour son patient sans avoir à lui demander son avis.

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Vivre heureux avec Alzheimer ?

« Un patient Alzheimer, ce n’est pas forcément un patient grabataire au fond de son lit, c’est un patient qui au début a quelques troubles et qu’il va falloir accompagner tout au long de l’évolution de cette maladie… Ce qui me semble important, c’est de proposer différentes actions thérapeutiques, médicamenteuses ou non, pour vivre malgré tout avec cette maladie. »

Docteur Drunat.

« Ne pas regarder sans cesse ce que l’on perd ou a perdu, mais ce qu’il nous reste de capacité, d’intelligence ou de sensibilité… et il n’y a qu’ainsi que la maladie peut être supportée et la vie continuer d’être vécue, avec le but de faire de chaque instant un moment important. »

Claude Couturier (patient Alzheimer.)

Regard et parole fondamentalement « révolutionnaires » sur l’accompagnement d’un malade atteint d’Alzheimer, le livre de Colette Roumanoff Le bonheur plus fort que l’oubli donne des pistes précises pour qui veut éviter « les mille et une manières d’aggraver la maladie » (titre du chapitre 6) et au contraire apprendre « les mille et une manières d’améliorer le quotidien » (titre du chapitre 10).

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Traumatisme et présence

ÉCOUTEZ : Traumatisme et présence(© RENAUD PERRONNET - Téléchargement du podcast en bas de page)


Comment s’y prendre avec une personne victime d’un traumatisme ?

Ou comprendre le fonctionnement du traumatisme pour respecter et entrer en relation avec les personnes qui en sont victimes.

Il faudrait agir avec une personne traumatisée comme nous ferions avec une personne blessée, or le plus souvent, le traumatisme ne se voit pas.

« L’amour n’est pas une valeur, mais justement ce qui nous délivre de toute évaluation. La mise en présence la plus pure. »

Fabrice Midal[2]

Question de Daniel :

Je suis le conjoint d’une femme victime d’un viol alors qu’elle avait 16 ans (elle en a aujourd’hui 37). Elle me l’a dit dès notre rencontre il y a 9 ans mais a quitté la phase de déni des conséquences de ce traumatisme depuis seulement quelques mois. Et 20 ans de silence ont gravé beaucoup de choses. Son évolution est très très lente et la honte et la culpabilité sont très présentes. Nous sommes encore loin de l’acceptation, et je ne parle pas de guérison pour le moment. J’éprouve beaucoup de difficultés à l’aider correctement et je suis très souvent maladroit face à des attaques qui ne me sont pas destinées, mais sont dirigées vers moi, au quotidien.

En lisant votre article : « Comment gérer l’agressivité et la violence dans la relation d’aide ? » je me suis reconnu dans les attitudes qui provoquent le conflit et enveniment ces situations.

En tant que thérapeute, considérez-vous que je puisse m’appuyer sur vos travaux concernant les personnels médicaux pour tenter de trouver des éléments de réponse et réussir, un jour, à avoir l’attitude juste face à cette situation ?

Merci d’avance pour votre attention.

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Manager avec bienveillance

Le risque du manager en établissement de santé : ne pas savoir s’y prendre avec ses collaborateurs et induire la maltraitance.

Contribution à une pédagogie de la relation interpersonnelle du management.

Et plus généralement… apprendre à entrer en relation avec l’autre.

« Lorsque quelqu’un te met en colère, sache que c’est ton jugement qui te met en colère. »

Epictète, (philosophe grec, stoïcien, 1er siècle avant J-C.)

 

Dans ma pratique d’accompagnement des personnes soignantes, il m’a été maintes fois donné de constater les dysfonctionnements de tel ou tel service et de découvrir que 9 fois sur 10, ils avaient pour cause une mauvaise communication interpersonnelle.

Soit le personnel considérait son supérieur hiérarchique comme une « peau de vache » à l’autorité cassante et incapable d’écoute, soit comme trop laxiste, incapable de faire respecter une consigne, donc de gérer son équipe.

Lorsque j’anime des groupes composés de cadres infirmiers, les difficultés qu’ils expriment découlent de ce dont se plaint le personnel : consignes pas ou mal respectées par certains qui ne supportent pas les remarques, se rebiffent agressivement ou se réfugient dans un rôle de victime avec mises en maladie à répétition ou tentatives de chantage à peine déguisées.

Il arrive aussi qu’un service fonctionne bien : personnel enthousiaste, ambiance positive, gestion saine des conflits. En y regardant de près, on se rend compte que le responsable de ce service sait gérer son équipe, c’est-à-dire l’ensemble des relations humaines qui la composent. En fait, il sait écouter son personnel et faire des remarques à l’un ou l’autre sans qu’ils se sentent agressés ou blessés, il sait communiquer.

Nous allons donc réfléchir à ce que nous appellerons l’art d’une « pédagogie de la relation » en nous demandant :

  • Quelles sont les remarques qui sont inacceptables pour la plupart d’entre nous et pourquoi ?
  • Quelles sont les remarques qui – bien qu’elles soient audibles – sont nuisibles à la communication interpersonnelle et pourquoi ?
  • Comment est-il possible de formuler une remarque de telle manière qu’elle soit entendue et acceptée ?

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à propos de la compassion

« Il nous faut apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons périr ensemble comme des imbéciles. » Martin Luther King.

« L’autre est mon aventure. Prendre le risque de l’autre. » Yvan Amar.

« Aimer quelqu’un, c’est lui donner de l’importance à ses propres yeux, l’aider à croire en lui-même. » Victor Hugo.

« Le monde souffre et c’est mon problème. » Un Sâdhu.

S’il vous arrive de vous interroger sur :

  • Comment oser sortir de son terrier ?
  • Comment replacer l’humain au cœur de la société ?

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Doit-on écouter les personnes qui nous disent qu’elles ont été abusées sexuellement ?

« Dès lors que l’on se présente uniquement en thérapeute face à un autre être humain, on perd déjà la moitié de son humanité. »

Edward Podvoll (psychiatre et psychanalyste qui révolutionna l’accueil et le traitement des personnes psychotiques à travers le projet Windhorse.)

Récemment, alors que j’animais une formation sur la relation soignant / soigné, auprès d’infirmières d’un centre hospitalier de l’est de la France, alors que nous réfléchissions ensemble sur la manière d’entrer en relation avec des personnes traumatisées, l’une d’entre elles est intervenue pour dire qu’il ne fallait pas exagérer et que les abus sexuels dont les enfants étaient victimes ne laissaient généralement pas de traces dans leur vie ultérieure.

Choqué par son affirmation, selon moi, non fondée, je lui ai demandé ce qui lui permettait d’être si certaine de ce qu’elle affirmait. Elle m’a répondu qu’elle avait entendu dire cela récemment à la télé par un psychiatre renommé dont elle avait oublié le nom.

Après quelques recherches sur internet, j’ai découvert que le pédopsychiatre en question s’appelait Marcel Rufo, qu’il était auteur de nombreux ouvrages consacrés à l’enfance et avait en effet tenu des propos plus que suspects dans l’émission de télévision « Allo Rufo » du 3 décembre 2012, diffusée sur France 5. Il s’agit d’une émission quotidienne de 6 minutes, dans laquelle il répond aux questions des auditeurs, « sans aucun tabou », est-il précisé.

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Aider les aidants. Pourquoi ? Comment ?

On estime que dans 80% des accidents d’avion, les pilotes commettent des erreurs qui auraient pu être évitées, surtout si l’équipage avait travaillé en meilleure harmonie. Aujourd’hui la formation des pilotes, outre ses aspects techniques, insiste donc sur l’importance du travail en équipe, sur la nécessité d’écouter les autres et de dire ce que l’on pense, en d’autres termes sur le b.a.-ba de l’intelligence sociale et de la maîtrise de soi.
Des découvertes récentes ont en effet clairement montré que le système nerveux joue un rôle essentiel dans le fonctionnement du système immunitaire, autrement dit que de mieux maîtriser nos sentiments négatifs contribue à prévenir la maladie.

Le monde médical commence donc, lui aussi, à s’apercevoir qu’en prenant en compte la détresse émotionnelle du patient on réalise des économies.

Or si l’aidant – celui-là même qui est chargé d’accompagner – est encombré de ses propres difficultés, il ne verra pas les difficultés de son équipe et il se tiendra à distance de celles de ceux qu’il se propose d’accompagner, sous peine de raviver les siennes et de risquer de s’y perdre.

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