Archives de catégorie : 03 Relation d’aide

Pourquoi doit-on communiquer avec les personnes en état végétatif ?

Est-ce juste de les considérer comme des « légumes » ?

Les séquelles de certains traumatismes crâniens comme de certaines défaillances cardiaques graves peuvent mener au coma, (du grec κῶμα/kôma qui signifie « sommeil profond »), qui est défini comme une abolition de la conscience et de la vigilance, non réversible par les stimulations, alors même que les fonctions végétatives (par définition les fonctions physiologiques indépendantes de la volonté comme la respiration, la digestion ou la circulation sanguine), sont plus ou moins bien conservées.

C’est ainsi qu’on parle d’EVC (Etat Végétatif Chronique) lorsque l’état végétatif persiste plus de 12 à 18 mois.

On estime que les personnes en EVC :

  • ne témoignent à l’évidence d’aucune conscience d’elles-mêmes ou de leur environnement ;
  • ne présentent aucun signe de compréhension ou d’expression du langage ;
  • n’offrent aucune réponse significative aux stimulations.

On parle plus spécifiquement d’EPR (Etat Pauci Relationnel, du latin « pauci » peu), lorsque ces personnes répondent seulement à quelques stimulations.

Plus l’état végétatif dure longtemps, plus les chances d’une évolution vers un retour à la conscience normale deviennent minimes, même si on a pu exceptionnellement observer des éveils chez des patients qui étaient en état végétatif depuis plus de 18 mois, (une quinzaine de cas seulement auraient été mentionnés dans les revues scientifiques), comme celui du jeune américain Terry Wallis qui est sorti du coma après 19 ans de soins de nursing.

Alors, les personnes en EVC sont-elles des « légumes » ?

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L’identification dans la relation d’aide

« Ce n’est pas tant l’aide de nos amis qui nous aide que notre confiance dans cette aide. »

Epicure.

Question de Marie-Claude :

Assistante de Travail Social, en Bourgogne.

Je suis « aidante » dans un groupe de femmes qui sont dans une démarche de trouver le chemin de l’abstinence par rapport à l’alcool. Depuis trois séances, une jeune femme de 33 ans, maman de cinq enfants, n’arrive pas à supporter que ses enfants et son mari ne lui fassent plus confiance. Ils la surveillent en permanence, fouillent dans son sac à main, ont mis des mouchards sur son ordinateur… ils ne la croient pas, quand elle dit ne pas avoir bu alors que cela était vrai et à cause de cela, elle vient de replonger. Elle dit avoir confiance en moi car je ne la juge pas. Je me rends disponible pour elle et je pense être bienveillante car je l’écoute (j’ai fait une formation « Approche Centrée sur la Personne » (1), mais je me sens démunie…

Ma réponse :

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La juste relation d’accompagnement

(ou comment dépasser ses craintes et ses méfiances pour accompagner l’autre)

“Accompagner quelqu’un, c’est se placer ni devant, ni derrière, ni à la place. C’est être à côté.”

Joseph Templier.

Trouver le juste équilibre face à celui que nous nous proposons d’accompagner n’est pas toujours facile.

Même si un dicton de notre culture nous rappelle que « la peur est mauvaise conseillère », nos méfiances comme nos craintes peuvent nous sembler légitimes dans le contexte d’aidés trop entreprenants ou agressifs.

En fait, il existe deux risques, deux écueils pour l’aidant dans la relation d’accompagnement :

  • Etre dans l’affectif (souvent dans la sympathie et la pitié pour l’autre), donc dans la confusion entre lui et nous.
  • Etre distant, se protéger, donc prendre le risque que celui que nous nous proposons d’accompagner rompe sa relation à nous.

Pour pouvoir « garder notre équilibre » dans une relation d’accompagnement, nous avons tous personnellement besoin de « nous situer » par rapport à celui que nous accompagnons.

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Prendre soin de soi pour aider l’autre

“Aider c’est être, ce n’est pas vouloir.”

Daniel Morin.

L’absence de compréhension, comme l’absence de connaissance de soi-même, ne profitent jamais au soignant. Au contraire, ce flou le condamne a toujours devoir répéter les mêmes comportements inadaptés, préjudiciables à la relation d’aide comme à lui-même.

Par contre, un soignant, qui ne serait-ce qu’une seule fois dans son approche de lui-même, a pu comprendre les raisons pour lesquelles il a été amené à avoir tel ou tel comportement inapproprié dans la relation d’aide, a fait naître en lui un espoir inestimable pour lui-même comme pour sa capacité à grandir dans cette relation d’aide.

Cet espoir est palpable parce qu’il est issu de l’expérience de sa pratique personnelle. L’expérience personnelle du soignant qui s’aide en se comprenant est la substance même de sa relation d’aide future. C’est parce qu’il a réussi à se comprendre lui-même sans se juger ni culpabiliser qu’il sera capable de comprendre celui qu’il se propose d’aider, sans le juger.

Comprendre ses propres comportements, se les expliquer à soi-même, c’est forger la clé qui ouvrira la serrure de sa possible évolution. A partir de cette compréhension, de cette préhension de lui-même, le soignant va pouvoir se prendre lui-même en charge et devenir peu à peu moins dépendant du comportement des soignés et de ses collègues, devenir plus autonome, c’est à dire plus apte à aider.

Il faut donner aux soignants des espaces pour se comprendre, des espaces pour s’accepter, donc des espaces d’humanité. Créer des moments propices de non-jugement et de confiance dans lesquels ils pourront commencer par s’accepter eux-mêmes en découvrant que leurs attitudes sont « saines » et du côté de la vie.

Sans ces moments, ils risquent de se fermer, de « se blinder », comme ils disent bien souvent. A force d’incompréhension et de meurtrissures, leur désir d’aider les autres s’émousse, leurs cœurs risquent de se fermer pour moins souffrir et c’est dans ce contexte que l’établissement de santé risque de devenir un lieu dans lequel on « répare » plutôt que d’être un lieu dans lequel on « prend soin ».

A partir de la compréhension que l’on a de ses propres comportements, tout reste à faire, mais sans cette compréhension, rien ne peut être fait.

Fournir aux soignants-aidants des lieux d’évolution et de ressourcement, c’est leur fournir la capacité d’aider les autres.

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UN EXEMPLE DE CE TRAVAIL DE COMPRÉHENSION DE SOI-MEME

DANS UNE RELATION SOIGNANT / CADRE DE SANTÉ

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L’infantilisation des personnes âgées ou le parler condescendant

Extraits de deux articles lus sur le blog « Mythe-Alzheimer » : Une autre manière de penser le vieillissement cérébral : pour une approche qui assume la complexité.

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Le soutien social et les interactions sociales influencent de façon fondamentale la qualité de vie des personnes âgées résidant dans une structure d’hébergement à long terme.

Cependant, il apparaît que, trop souvent, ces structures ne répondent pas réellement aux besoins de soutien social des personnes âgées. Par ailleurs, l’analyse de la communication dans les structures d’hébergement révèle une relative absence de conversation, une conversation principalement orientée vers la tâche en cours et un langage qui encourage la dépendance. On observe ainsi assez fréquemment la mise en place d’un style de communication qui a été appelé le parler « personnes âgées » ou le parler condescendant.

En utilisant ce type de parler, les membres du personnel peuvent, sans réellement en prendre conscience, renforcer la dépendance et favoriser l’isolement ainsi que la dépression chez les résidents, ce qui contribue à une spirale de déclin physique, cognitif et fonctionnel.

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Pour ne plus avoir peur de la bonté ni de l’impuissance…

« Homo sum : humani nihil a me alienum puto. »

(Je suis homme, rien de ce qui est humain ne m’est étranger.)

Publius Terentius Afer, dit Térence

(auteur latin d’origine berbère, né à Carthage, vers 190 – 159 av. J.C.).

Quand il a peur d’assumer ses valeurs humanistes, quand il finit par « oublier l’homme », l’aidant qui sent que la réponse juste à la détresse de l’autre est de le prendre dans ses bras pour l’étreindre n’ose pas le faire ou, s’il le fait, il pense qu’il doit le cacher.

Plus l’aidant s’endurcit et « se blinde », plus il se sent insatisfait de lui dans son rôle, donc pas à la hauteur humaine de sa tâche.

Il y a encore trop souvent dans le milieu de la relation d’aide une sorte de conformisme qui oblige les aidants à penser qu’ils ne doivent pas se montrer compréhensifs, ou tout du moins à s’en sentir coupables quand ils le sont.

Les aidants ont besoin de prendre confiance en eux-mêmes (et en ce qu’ils sentent juste de faire) donc de savoir qu’ils sont capables d’être plus solides qu’ils ne le pensent. Dans une interview accordée à Fabien Ouaki, le Dalaï-Lama partage : Continuer la lecture

Une psychologue en souffrance : Comment gérer son impuissance ?

« Il y a un apaisement au fond de toute grande impuissance. »

Marguerite Yourcenar.

« On ne commande à la nature qu’en lui obéissant. »

Francis Bacon.

Question d’Eliane, psychologue.

Je suis psychologue dans une institution sociale et je suis présente dans les réunions d’équipe pour accompagner cette équipe dans sa réflexion. Après des vécus d’injustice, de non écoute, d’exigences importantes concernant le travail, les remplacements de collègues absents… l’accueil d’un enfant très violent, très difficile à prendre en charge le temps d’une réorientation voulue la plus rapide possible par tous car enfant en souffrance dans ce lieu et ayant besoin d’une prise en charge autre a été très mal vécu par l’équipe. Toute parole autre que celle de l’équipe est inaudible. Venez le prendre en charge au quotidien, sur le groupe d’enfants et à partir de là vous pourrez parler. Cela vaut pour tous les professionnels non éducateurs du groupe. La souffrance est massive, le rejet de toute réflexion surtout de une ou deux personnes de l’équipe est fort. Il n’y a plus de confiance. Je suis réduite à l’impuissance comme tous. Je crains de me retrouver en situation difficile si j’interviens. Je subis comme eux subissent et je me demande comment rester psychologue dans cette situation où il est impossible d’introduire un petit écart par rapport au discours de l’équipe. Je les écoute, je fais preuve d’empathie par rapport à ce qu’ils vivent mais je n’ai pas l’impression d’être reçue dans cette attitude. Merci de me lire. Continuer la lecture

Accompagner ou diriger ?

Mémo pour vous aider à garder une relation positive avec la personne en souffrance

« Puis-je me permettre d’entrer complètement dans l’univers des sentiments de l’autre et de ses conceptions personnelles et les voir sous le même angle que lui ? »

Carl Rogers.

Vous êtes un certain nombre, après avoir suivi l’une de mes formations sur la relation d’aide à m’en demander un résumé que voici…

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Un peu de détente…

« Le rire, c’est une dégradation des valeurs pour s’en affranchir, parce qu’elles sont pesantes. »

Raymond Devos.

« Le monde entier est une scène, et tous les hommes et les femmes sont des acteurs sur cette scène. »

Shakespeare.

Vous revenez fatigués de votre journée de travail, ce petit film est pour vous…

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Quelles sont vos croyances d’aidant ?

10 questions / réponses pour apprendre à aider sans se perdre.

(Libre adaptation d’un questionnaire de Michelle Arcand, psychothérapeute.)

L’objectif de ce quizz est de vous aider à réfléchir à la manière dont vous pouvez interpréter votre rôle d’aidant à travers des croyances erronées… au risque de vous perdre et de sombrer dans le burn-out.

Répondez à ces questions, puis lisez leurs commentaires et souvenez-vous que – si vous le souhaitez – vous pouvez engager le dialogue avec moi au bas de cette page…

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Martin Winckler Le choeur des femmes

À propos de l’écoute et de l’empathie : Comment s’y prendre pour soigner une femme ?

« Qui soignes-tu, en cet instant ?

Eux, ou toi ? » (1)

Telle est LA question de la relation d’aide.

Le livre de Martin Winckler Le Chœur des femmes (Editions P.O.L) est un roman de formation mais aussi un roman pédagogique en milieu médical. (Cf. l’interview vidéo de l’auteur que vous découvrirez plus bas.)

Il met en scène la rencontre de deux médecins : Jean (Djinn) Atwood, une jeune et volontaire interne de chirurgie gynécologique, qui doit passer six mois dans le service 77 mais n’a pas du tout envie d’y perdre son temps à « tenir les mains des patientes » et Franz Karma, le praticien d’une cinquantaine d’années qui dirige ce service et s’est consacré depuis trente ans à la santé des femmes.

Je partage ici avec vous l’un des premiers chapitres de ce roman réaliste dans lequel la brillante interne assiste, pour la première fois, aux consultations du Dr Karma et à sa manière particulière d’entrer en relation avec ses patientes.

Vous découvrirez en italiques les monologues intérieurs émotionnels de la jeune interne, qui « bout » en face de ce qu’elle considère encore comme des maladresses…

« Je bondis sur mes pieds pour le suivre dans le couloir et je le vois s’approcher du comptoir, y prendre un petit dossier blanc rectangulaire, entrer dans la salle d’attente, appeler un nom, ressortir. Une femme sort derrière lui, sac et écharpe au bras. Il lui serre la main et me désigne.

– Bonjour, madame. Est-ce que vous permettez que notre interne, le docteur Atwood, assiste à la consultation? Continuer la lecture

Suis-je un soignant insensible ?

Question d’Eve-Marie :

A Audrieu, France.

Au cours d’un stage en psychiatrie dans un service pour psychotiques, un patient est décédé subitement (infarctus). Des membres de l’équipe ont pleuré « à chaudes larmes » le décès de ce patient (hospitalisé depuis une quinzaine d’années). J’ai été surprise de leurs réactions notamment ce reproche qu’ils se sont faits de n’être pas parvenu à le réanimer et enfin de leurs pleurs. Pour ma part, ce décès n’a provoqué chez moi aucun sentiment de tristesse ni de compassion. Je ne connaissais certes pas assez le patient (je suis arrivée dans le service seulement 3 semaines auparavant) mais est-ce normal que l’équipe l’ait autant pleuré, n’y a-t-il pas eu un manque de « professionnalisme » dans leur attitude ou bien est-ce moi qui suis insensible ?

Merci de m’éclairer sur ce point.

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Déclaration universelle des droits de l’homme

Attention : Remplacer « droits de l’homme » par « droits humains » (Human Rights), n’est pas anecdotique puisque les femmes n’ont pas été oubliées mais sciemment et délibérément exclues au moment de la Révolution Française.

« L’Homme est ce qu’il y a de plus sublime dans tout cet univers ».

Arnaud Desjardins.

« Les droits de l’homme et les droits civiques universels ne seront respectés qu’à une condition. Il faudra que l’homme se rende compte qu’il est « responsable pour le monde entier ».

Vaclav Havel.

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