Archives de catégorie : 03 Relation d’aide

Paroles de déments – Parole aux déments

« J’ai pendant un an rendu visite à mon père dans la maison où jour après jour sa mémoire rétrécissait comme une buée sur du verre, au toucher du soleil. Il ne me reconnaissait pas toujours et cela n’avait pas d’importance. Je savais bien, moi, qu’il était mon père. Il pouvait se permettre de l’oublier. Il y a parfois entre deux personnes un lien si profond qu’il continue à vivre quand l’un des deux ne sait plus le voir. »

Christian Bobin. Ressusciter.

Vous êtes de plus en plus nombreux, dans mes formations ou sur ce site, à me faire part de votre sentiment d’impuissance face aux comportements des personnes atteintes de syndromes de démence (tel celui d’Alzheimer) qui vous sont incompréhensibles.

S’il est parfaitement normal de se sentir désemparé face à ce que l’on ne comprend pas, il est aussi de la responsabilité de l’aidant de tout mettre en œuvre pour – inlassablement – tenter de comprendre.

L’écrivain anglais Chesterton, surnommé « le prince du paradoxe », écrivait : « Le fou est celui qui a tout perdu sauf la raison. » Si nous ne nous fions qu’à l’apparence, les paroles ou les comportements des personnes dont les capacités cognitives se réduisent nous paraissent totalement déraisonnables.

Le mérite de l’article ci-dessous (que je trouve lumineux) est de nous faire percevoir que, si nous abandonnons notre prétention à savoir, si nous osons nous laisser toucher par les personnes dont les paroles ou les comportements nous semblent déraisonnables, nous pourrons découvrir que la profondeur du sens affleure derrière l’apparence de l’absurdité, c’est-à-dire que ces personnes sont parfaitement cohérentes par rapport à elles-mêmes et à leur histoire de vie.

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Un hymne à la femme

Un chef d’oeuvre d’art digital, un hymne impressionnant consacré à l’histoire de l’art à travers l’image de la femme, réalisé par l’énigmatique créateur américain « Eggman913 ».

La musique est celle de « Yo-Yo Ma » jouant la Sarabande de la Suite pour Violoncelle n° 1 de Bach.

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Comment aider une personne handicapée mentale lors de l’annonce d’un décès ?

Question de Valérie :

Psychologue à Fonsorbes, France.

Je travaille auprès d’une population de personnes handicapées mentales de naissance.

Je me suis toujours posée la question comment pouvait on aborder la notion de mort avec eux du fait des capacités mentales limitées. Ils mettent en avant que les personnes décédées sont parties au ciel.

Comment les aider dans l’annonce du décès ?

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à propos de la violence faite aux femmes

Étude nationale sur les décès au sein du couple : bilan des neuf premiers mois de 2006.

(Source : Ministère de l’intérieur)

Numéro d’urgence contre la violence faire aux femmes : Appelez le 3919

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Histoire du papillon

QUEL EST LE CRITÈRE DU BESOIN D’AIDE ?

à tous les thérapeutes, psychologues, coaches et autres aidants…

à propos de notre désir d’aider les autres et de faire “le bien”.

« Quand vous donnez quelque chose à quelqu’un, faites d’abord très attention à la position de sa main, voyez si elle est en position de recevoir. (…) L’enseignant doit attendre que la question soit posée, c’est-à-dire qu’un doute soit apparu dans l’esprit de l’élève. Le doute, le doute, le doute doit d’abord apparaître. C’est cela le critère du besoin d’aide. Quand le doute viendra-t-il ? Seulement après que l’élève aura fait lui-même l’expérience. »

Swami Prajnânpad.

« L’important n’est pas ce que vous dites, même si c’est vrai, mais la manière dont vous le faites passer et en fin de compte le résultat. A quoi bon asséner une vérité si la personne ne peut pas l’entendre ? »

Arnaud Desjardins.

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Mon mari est violent, comment l’aider ?

Question de Bluelita :

Depuis près d’un an et demi je suis avec mon ami et nous envisageons de nous marier en juin mais il a des comportements agressifs envers moi. La semaine dernière parce que ça n’allait pas à son boulot et au retour de son loisir qui est le football, étant très énervé je lui ai demandé de se calmer et il a posé ses mains autour de ma gorge voulant m’étrangler. Quelques jours plus tard, il m’avoue qu’il a honte de ce geste et m’indique que son père a eu ces mêmes gestes envers sa mère et lui, et qu’une fois son père a planté un couteau dans la jambe de sa mère.

Aujourd’hui je me demande ce que je peux faire pour l’aider il ne veut pas aller voir de médecin, il me dit qu’il y arrivera seul, mais l’an dernier il m’a violenté et était allé voir le médecin mais cela n’a guère changé.

Que dois je faire ? Comment l’aider ? J’ai peur d’une vie future avec lui mais je tiens à lui.

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Un aidant doit-il rester objectif ?

Question d’Abderrazak :

Elève Assistant Social à Bouira, Algérie.

Salam Monsieur c’est un honneur de vous écrire et de vous remercier sur l’aide que vous allez me donner en répondant à ma question, alors je suis élève de 2ème année à l’école de formation paramédicale pour le diplôme d’assistant social.

Le premier principe dans mon travail est de rester objectif face aux usagers (clients) mais je me demande si un jour mon objectivité va nuire ou démolir un de mes principes ! Alors : Que dois je faire pour équilibrer entre l’objectivité et les principes personnels au cas ou ils se contredisent ?

Merci Monsieur et bon courage.

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Comment aider une personne qui se déteste ?

Question de Jacqueline :

Profession : Professeur de Yoga

Merci pour ces rappels toujours très éclairants que tout part de cette nécessaire réconciliation avec soi.

J’ai en ce moment, parmi mes amies, une jeune femme, victime d’un traumatisme dans sa jeunesse et qui n’arrête pas de me répéter : « Je me déteste ! Je me déteste ! » Comme elle est très croyante, elle n’ose pas exprimer ce qu’elle ressent vis-à-vis de celle qui l’a agressée et elle tourne sa violence contre elle-même, jusqu’à exprimer des tendances suicidaires.

Pourriez-vous m’aider à l’aider ?

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Une aidante peut-elle embrasser un malade dans une relation d’aide ?

Question de Martine :

Aide-Soignante, France.

Cette nuit à mon travail, j’ai vécu quelque chose d’extraordinaire.

Dans le service, il y a un patient pour lequel la médecine a laissé peu de temps à vivre : cancer de la prostate avec métastase osseuse. Tous les soirs, à la prise de mon service, il me demandait de lui masser les jambes qui lui faisaient mal à cause des oedèmes. Il aimait blaguer à propos d’histoires de Raymond Devos.

Ce patient aujourd’hui a retrouvé un sursaut de vie et repart chez lui à la maison. Il est heureux de sortir et angoisse en même temps. Il connaît sa maladie, mais ne connaît pas la finalité de la chose. Après six mois d’hospitalisation, il avait construit son univers autour de ce lit à l’hôpital. Cette nuit, il a voulu me dire au revoir, « Je vous fais la bise » m’a-t-il dit, et je me suis laissée faire. Tous les deux, nous avions la gorge un peu serrée et les larmes aux yeux. Je m’interroge. Ma conduite envers ce patient est-elle normale ? Je sais, que je dois avoir des limites envers les patients, je sais, que je ne dois pas fusionner avec les patients, je sais que je dois avoir une « carapace », mais cette bise, c’est quoi ? Peut-on parler d’amour entre un soigné et un soignant ? Est-ce de la compassion ? Ou est-ce, une faute grave ?

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Les cendres dans la crémation peuvent-elles induire un deuil pathologique ?

Question d’E. F. :

Infirmière.

J’ai participé l’année dernière à votre formation « Se préparer à accompagner les mourants » à l’hôpital X. Je me permets de vous contacter, car je prépare mon mémoire pour mon DIU de soins palliatifs et d’accompagnement sur la crémation.

Si vous êtes d’accord, je voudrais vous demander votre point de vue, en tant que philosophe, sur les cendres et sur le fait qu’une famille puisse se partager les cendres ou les déposer dans un endroit de leur choix.

Est-ce que cela peut déboucher sur un deuil pathologique ?

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Comment gérer le désespoir d’une femme qui vient de perdre sa mère ?

LE TRAVAIL DE NUIT D’UNE AIDE SOIGNANTE

« Les personnes qui travaillent dans les professions médicales sont vraiment celles qui aident le plus l’humanité et je leur voue une grande admiration. »

Dalaï-Lama.

Question de Martine :

Aide Soignante.

« Alors, c’est ça la mort ? Il n’y a plus rien, après ? »

Ce sont les cris d’une fille qui vient de perdre sa maman cette nuit.

Je n’ai pas pu lui répondre, j’ai gardé le silence.

D’autant plus que la maman, je ne la connaissais pas puisqu’elle était arrivé dans le service le matin même. C’était un transfert du service pneumologie, elle était arrivée chez nous, mourante.

La fille ne comprenait pas pourquoi on avait changé sa maman de service, alors qu’elle était au plus mal ! Je n’ai rien fait d’autre, que de lui donner raison. Pourquoi ?

Elle criait dans le couloir, elle criait au pied de la porte de la chambre, elle disait, en regardant sa maman morte, en la regardant de loin : « Ce n’est pas elle ! Ce n’est pas ma maman ! »

Nous étions toutes les deux sur le pas de la porte, la fille s’assoit sur une chaise et, là, j’ai caressé ses mains, sentant qu’elle ne me repoussait pas je lui ai fait une bise sur son front et je l’ai serrée très fort dans mes bras.

La fille refuse toujours de s’approcher de sa maman, et veut ranger les affaires personnelles de celle-ci dans son sac. Elle me demande d’aller chercher la trousse de toilette qui est restée sur la table de nuit. Elle ne veut pas s’approcher de sa maman morte !

Je me propose de l’aider, elle accepte.

En m’approchant tout près de la table de nuit, je dis à la fille : « Elle repose votre maman, elle ne souffre plus. »

Je pose en même temps une main sur le front de la morte, « Vous pouvez lui dire au revoir, vous pouvez lui faire une bise sur son front. »

La fille semble plus calme et me demande : « Elle n’est pas trop froide ! » Je lui réponds : « Non, elle n’est pas froide. »

Je caresse le visage de la morte, comme si je voulais la réchauffer, le temps d’une bise, le temps que sa fille, lui dise au revoir.

Doucement, la fille s’approche du petit lit blanc, timidement elle fait une bise sur le front de sa maman.

Je suis avec elle et je pose tendrement ma main sur la sienne, en même temps, elle attrape le visage de sa maman, elle l’enlace très fort et lui dit « Adieu. »

Maintenant, la fille pleure sur le visage de sa maman et avec ma main, tendrement, je les réchauffe toutes les deux.

Voilà, c’est mon travail de la nuit, mais cela, personne ne le voit, puisque je suis toute seule dans la chambre avec la morte et la fille.

Parfois je suis très fatiguée.

En écrivant, mon récit, je me pose des questions maintenant.

Est ce que, je suis normale ?

Je voudrais seulement, savoir si je suis normale ?

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Comment gérer ses émotions dans la relation d’aide ?

Faut-il apprendre à « mettre de la distance » dans la relation d’aide ?

« Vous n’échapperez jamais à ce dont vous n’avez pas la connaissance réelle. C’est une certitude. Comment pouvez-vous être libres d’un ennemi, d’un danger, d’une prison que vous ne connaissez pas ? C’est la Connaissance qui donne la maîtrise et la liberté. »

Arnaud Desjardins.

Le mois dernier, par le biais de l’espace « Poser une question » de mon site internet, je reçois ce courriel désemparé :

« Je suis infirmière en réanimation depuis 8 mois environ, diplômée depuis 2 ans.

Je suis tombée sur votre site en recherchant sur internet des conseils sur comment prendre du recul par rapport aux situations que je vis au travail.

J’ai beaucoup de mal à « laisser les problèmes au boulot » comme on dit… Pour vous donner un exemple : j’ai pris en charge une jeune fille de 19 ans qui est décédée d’une méningite et j’ai souffert d’un torticolis pendant un mois, je savais que c’était lié…

J’ai beaucoup de mal à accepter les décès des personnes dont je me suis occupée. Alors on me dit qu’il faut m’endurcir mais je ne me vois pas faire ce travail avec un cœur de pierre !

En plus de ça je me sens coupable parce que je suis de plus en plus agressive envers mon ami, en fait je me défoule un peu sur lui !…

Je crois tout simplement que j’aurai besoin d’en parler mais je ne sais pas vers qui me tourner…

Si vous avez un conseil à me donner, il sera le bienvenu, sinon cela m’aura quand même fait du bien d’exprimer ce qui me pèse sur le cœur par écrit… Merci. »

Quelques jours plus tard, cet autre message désespéré :

« Infirmière depuis près de 20 ans dont 3 ans en long séjour, je suis en arrêt pour dépression nerveuse depuis 2 mois suite au burn-out selon mon médecin (je n’ai plus rien à donner, je suis vidée, je ne supporte plus de voir souffrir, ni mourir), peut-on s’en sortir et comment, car pour le moment, ma seule solution est de tout arrêter… »

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Lettre d’une élève infirmière en train de mourir

Et si le soignant osait consacrer le temps dont il dispose à accueillir les espoirs et les peurs de celui qui va mourir ?

Célèbre lettre, anonyme, écrite en février 1970.

Son original est paru (en anglais) dans “The American Journal of Nursing Company.”

Traduite dans le livre d’Élisabeth KUBLER-ROSS, La Mort dernière étape de la croissance, Éditions du Rocher. 1985. p. 51 à 53.

Nouvelle traduction libre de © Renaud PERRONNET

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