Question de Martine :
Aide-Soignante, France.
Cette nuit à mon travail, j’ai vécu quelque chose d’extraordinaire.
Dans le service, il y a un patient pour lequel la médecine a laissé peu de temps à vivre : cancer de la prostate avec métastase osseuse. Tous les soirs, à la prise de mon service, il me demandait de lui masser les jambes qui lui faisaient mal à cause des oedèmes. Il aimait blaguer à propos d’histoires de Raymond Devos.
Ce patient aujourd’hui a retrouvé un sursaut de vie et repart chez lui à la maison. Il est heureux de sortir et angoisse en même temps. Il connaît sa maladie, mais ne connaît pas la finalité de la chose. Après six mois d’hospitalisation, il avait construit son univers autour de ce lit à l’hôpital. Cette nuit, il a voulu me dire au revoir, « Je vous fais la bise » m’a-t-il dit, et je me suis laissée faire. Tous les deux, nous avions la gorge un peu serrée et les larmes aux yeux. Je m’interroge. Ma conduite envers ce patient est-elle normale ? Je sais, que je dois avoir des limites envers les patients, je sais, que je ne dois pas fusionner avec les patients, je sais que je dois avoir une « carapace », mais cette bise, c’est quoi ? Peut-on parler d’amour entre un soigné et un soignant ? Est-ce de la compassion ? Ou est-ce, une faute grave ?
ÉVOLUTE Conseil est un cabinet d’accompagnement psychothérapeutique et un site internet interactif de plus de 8 000 partages avec mes réponses.
Avertissement aux lectrices et aux lecteurs :
Ma formation première est celle d’un philosophe. Il est possible que les idées émises dans ces articles vous apparaissent osées ou déconcertantes. Le travail de connaissance de soi devant passer par votre propre expérience, je ne vous invite pas à croire ces idées parce qu’elles sont écrites, mais à vérifier par vous-même si ce qui est écrit (et que peut-être vous découvrez) est vrai ou non pour vous, afin de vous permettre d’en tirer vos propres conclusions (et peut-être de vous en servir pour mettre en doute certaines de vos anciennes certitudes.)