Approche thérapeutique

“Vide est le discours du philosophe s’il ne contribue pas à soigner une passion* de l’homme.”

Épicure.

*Passion : ici sens ancien d’émotion.

Pourquoi la philothérapie* ?

Parce que nous sommes doués de conscience et de raison et que la philosophie est étymologiquement une voie de travail sur soi et de croissance, une voie qui nous permet de devenir disciples de la vie.

Parce que la psychologie n’aborde pas les questions existentielles, que se sentir perdu ou mal dans sa peau n’est pas nécessairement une maladie et que le désir de donner du sens à ce qui nous arrive comme d’être plus sage et équilibré est légitime.

La relation d’accompagnement que je propose est une manière de procéder qui a pour but de permettre à l’accompagné de prendre confiance en lui-même, afin – grâce à un meilleur discernement – de progresser vers plus de conscience et d’autonomie, c’est-à-dire de prendre des décisions et d’opérer des changements en accord avec ce qu’il veut au plus profond de son être, afin de vivre mieux.

L’accompagnement se déroule sous la forme de partages, centrés sur les expériences de vie concrètes de l’accompagné.

Pour cela, l’objectif est de permettre à la personne de découvrir la réalité de ce qu’elle vit et la manière dont elle s’y prend pour le vivre – en dehors de toute interprétation subjective – de telle façon qu’elle puisse parvenir par elle-même à se forger sa propre opinion sur ce qu’elle vit et à décider de ce qu’elle veut en faire.

Ayant tiré ses propres conclusions sur elle-même, elle pourra agir sur la base et avec la conviction de quelqu’un qui a fait sa propre expérience.

Il s’agit donc de permettre à l’accompagné de s’observer lui-même afin qu’il puisse élaborer ses propres réponses à ses difficultés, plutôt que de lui apporter des solutions toutes faites ou de l’amener à reproduire des modèles qui ne seraient pas issus de son expérience.

Dans ce contexte, la manière bienveillante dont l’accompagnant se situe vis-à-vis de l’accompagné est primordiale parce qu’elle induit le potentiel de confiance en soi qui lui est nécessaire pour parvenir à ce qu’il veut.

*Philos, en grec, signifie “aimer”, et therapeuein, “prendre soin de”. Le philo-thérapeute est donc littéralement une personne qui prend soin de l’autre par la bienveillance.

“Ne marche pas devant moi, je ne suivrai peut-être pas. Ne marche pas derrière moi, je ne te guiderai peut-être pas. Marche à coté de moi et sois mon ami.”

Albert Camus, Les Justes.

La progressivité de mon approche thérapeutique comprendra 5 étapes pour permettre à l’accompagné de :

1) Se sentir entendu et approuvé dans ce qu’il est (quelque soit ce qu’il est.)

Parce que nous ne pouvons évoluer que sur la base de ce que nous sommes, le premier écueil de notre relation à nous-même est bien le refus de ce que nous sommes. (Conditionnés que nous avons été par le jugement des autres sur nous, nous ne pouvons pas nous empêcher de l’exercer sur nous-même.)

L’attitude première du thérapeute est donc, par son effacement, d’être “un avec” l’aidé, donc de l’accueillir “tel qu’il est.”

2) Apprendre peu à peu à “voir ce qui est”, en étant conscient de ses représentations (attitude du Témoin.)

Chacun d’entre nous voyons la réalité à travers les filtres de nos propres représentations mentales, liées à notre histoire (goûts et dégoûts, attirances et répulsions.) Se connaître soi-même, c’est vouloir voir (être le témoin de) son fonctionnement et en comprendre les lois, sans en être victime, (c’est-à-dire obligatoirement en avoir peur ou culpabiliser.) Parce que nous ne pouvons évoluer que sur la base de ce que nous avons vu, pour mettre de l’ordre, il faut commencer par regarder le désordre. Ainsi aider l’aidé à accéder à la vérité de ce qu’il est, c’est lui permettre de faire – peu à peu – le deuil de ce qu’il n’est pas.

L’attitude seconde du thérapeute est donc – à travers une attitude bienveillante – de montrer des faits et de ne s’étonner de rien.

3) Savoir dans quel domaine il a l’intention de faire porter ses efforts (le meilleur moyen de ne pas atteindre notre objectif étant de ne pas le connaître.)

Certaines personnes savent ce qu’elles recherchent, d’autres – moins conscientes d’elles-mêmes – savent davantage ce qu’elles ne veulent plus. Parce que nous ne pourrons jamais atteindre un but que nous ignorons, il est crucial que peu à peu, apparaisse pour nous, avec évidence, ce que nous voulons changer.

L’attitude troisième du thérapeute est donc de faciliter la prise de conscience de ce que veut l’aidé, par son écoute et son questionnement.

4) Sentir ses ressources adéquates pour faire face à ses difficultés d’adaptation.

Changer ne peut en aucun cas être un devoir, c’est le résultat de la libre détermination de l’accompagné. Cette détermination, pour être “libre”, ne doit pas venir de l’appréciation raisonnable de la “tête” qui évalue et juge, mais du fond de l’être qui sent et désire. Parvenir à contacter ce fond de soi même, c’est se donner la possibilité de ne plus se décourager, c’est être motivé.

L’attitude quatrième du thérapeute est donc à la fois celle de la confiance et de l’accompagnement à la descente dans la profondeur.

5) Agir par lui-même afin qu’il devienne l’acteur de l’élargissement de ses propres comportements.

L’action délibérée est par nature transformatrice , elle seule est libératrice tandis que son inhibition provoque les pires troubles. C’est en agissant que l’on apprend à être et à vivre, c’est en agissant qu’on commence à changer.

L’attitude cinquième du thérapeute est donc de permettre à l’aidé d’agir délibérément sur la base de ce qu’il a compris, c’est-à-dire d’expérimenter.

© 1995 Renaud Perronnet Tous droits réservés.

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