Se connaître ?

« Connais-toi toi-même » veut-il dire « se connaître soi-même ? ». Oui, c’est un aspect. Mais ce « vous-même » est une conscience limitée. Vous êtes donc relié à ce qui est extérieur. Ainsi ce sont l’extérieur et l’intérieur, tous les deux que vous devez connaître. Et non pas que vous devez uniquement vous connaître vous-même. »

Swami Prajnanpad

Pourquoi la connaissance de soi-même ?

« Gnothi Seauton »

« Connais-toi toi-même »

Formule inscrite sur le fronton du temple d’Apollon à Delphes, et reprise par Socrate, (470 à 399 av.J.C.)

Je pose la question à chacun et chacune d’entre vous :

Quelle est la personne que nous connaissons le moins alors que nous la côtoyons depuis notre naissance ?

Réponse : Nous-même.

Ne croyez-vous pas que pour ressentir que la vie vaut la peine d’être vécue, il est important de chercher à l’approfondir ?

Pourquoi devrions-nous perdre espoir sous prétexte que nous souffrons ?

Savez-vous qu’on appelle « immature » une personne qui ne se pose aucune question sur elle-même ?

« Pour découvrir les différentes facettes conscientes et inconscientes qui nous constituent, il faut se mettre à l’écoute de soi-même ; regarder ce que l’on fait et se demander qui agit. On s’aperçoit alors qu’une large partie de ce qu’il y a véritablement à connaître consiste en ces couches de mémoires et d’expériences qui se sont cristallisées et sont devenues, à la longue, des façons automatiques de faire, de sentir et de penser. »

Guy Corneau, psychanalyste.

La souffrance psychologique pour quoi faire ?

Personne n’aime être malade or, d’un certain point de vue, parce que la maladie (comme la souffrance) est le signal que quelque chose ne va pas pour nous, elle nous rend service en nous alertant.

De la même manière que le signal de la maladie offre à la personne la possibilité de se soigner, la souffrance psychologique offre à la personne l’opportunité de comprendre que quelque chose ne va pas dans sa relation à elle-même et/ou aux autres.

Malheureusement la plupart du temps, la personne ne le perçoit pas ainsi, elle se dit victime du destin, et s’enfonce dans le mal-être et la plainte.

Il m’est donc possible de faire « bon usage » de ma maladie comme de ma souffrance psychologique.

Que faire lorsque quelque chose ne va pas ?

D’abord oser le constater honnêtement sans en avoir peur ni culpabiliser, ne pas se voiler la face. Puis prendre conscience que si nous n’allons pas bien (stress, dépression, angoisse, colère rentrée), c’est moins nous-mêmes qu’il faut remettre en question que notre manière de nous y prendre pour percevoir la réalité.

Nous sommes des êtres uniques, c’est-à-dire fondamentalement différents les uns des autres. Notre façon subjective d’interpréter la réalité influence la manière dont nous allons la ressentir… et ce que nous ressentons conditionne en retour notre manière de voir la réalité.

Par exemple, si les cris m’insupportent et que des enfants crient, je suis excédé par eux ; à l’inverse, si ces cris m’apparaissent comme une manifestation positive de la vie, je les vis paisiblement sans en souffrir. En réalité, des enfants crient, c’est tout : la réalité est neutre, pas ce que nous en faisons.

D’autre part rien n’est irréductible, les mécanismes durent si nous les laissons durer, car nous avons la possibilité d’agir sur nous-mêmes pour changer notre perception.

Ma perception est à l’origine de ma souffrance car, tout ce sur quoi je porte mon attention prend de l’importance à mes yeux. J’ai la possibilité d’agir sur mes mécanismes pour ne pas les faire durer.

Comment nous y prenons-nous pour souffrir ?

En fait, dans nos relations aux autres, nous passons le plus clair de notre temps à interpréter la réalité en y projetant nos attentes, ce qui génère déception et souffrance quand (et c’est le plus souvent le cas) la réalité diffère de notre attente.

De même, dans notre relation à nous-même, nous interprétons le plus souvent nos actes en fonction des valeurs que les autres nous ont mis dans la tête plutôt qu’en fonction de valeurs auxquelles nous aurions nous-même librement consenti.

Ma perception du monde étant liée à la manière dont j’ai appris à le percevoir, c’est à partir de l’étude de la manière dont j’ai appris à percevoir le monde que je pourrai changer. (Car tant que nous croyons que la cause de notre problème réside dans une force extérieure à nous, nous ne pourrons pas changer.)

Comment devenir soi-même ?

Devenir « soi-même », c’est commencer à réaliser qui nous sommes, en travaillant dans une dynamique de remise en question de notre façon d’interpréter le monde, car c’est parce que nous devenons conscients de la manière dont nous nous y prenons pour « créer » nos souffrances et nos peurs que nous pourrons cesser de les créer.

C’est aussi découvrir peu à peu comment nos « éducateurs » nous ont conditionnés en nous imposant une grille d’interprétation préétablie de la réalité.

Ainsi nous allons petit à petit réajuster notre perception, devenir de plus en plus bienveillants avec nous-mêmes, en découvrant sans honte que nous avons des besoins qui nous sont propres et en comprenant – dans la détente – les causes de nos comportements émotionnels et de nos attitudes mentales.

Plus nous comprendrons notre réalité intérieure, plus nous pourrons faire grandir notre confiance en nous parce que nous deviendrons capables de nous dire à nous-mêmes comme à un ami : « Tiens, comme c’est intéressant ! Voilà donc la cause du comportement que je ne désire plus chez moi. »

Chercher à mieux se connaître est le fondement de toute évolution positive cela nous permet de devenir qui nous sommes vraiment.

Qui peut m’aider ?

Choisir d’être accompagné dans cette évolution procède de la motivation active de celui qui, voulant que les choses changent, s’en donne les moyens.

Le thérapeute est un spécialiste de l’accompagnement des personnes dans la connaissance qu’elles ont d’elles-mêmes. Il a dû, pour le devenir, entreprendre lui-même un travail de connaissance de soi.

Il nous accompagne sur la base de notre motivation à résoudre nos problèmes et à cesser d’en créer.

Le thérapeute a également une fonction rééducative car il nous apporte l’attention, la disponibilité et la bienveillance dont nous avons souvent été privés dans notre enfance.

Le thérapeute ne guérit pas des malades, mais aide – en les accompagnant dans leur recherche personnelle – des personnes à mieux se connaître afin qu’elles vivent mieux.

Car – en fait – se connaître est un choix qui ne peut dépendre que de soi !

Pour illustrer notre propos…

Une histoire soufie

A vingt ans, je n’avais qu’une seule prière : « Mon Dieu, aide-moi à changer le monde, ce monde insoutenable, invivable, d’une telle cruauté, d’une telle injustice. » Et je me suis battu comme un lion. Au bout de vingt ans, peu de choses avaient changé.

Quand j’ai eu quarante ans, je n’avais qu’une prière : « Mon Dieu, aide-moi à changer ma femme et mes enfants et ma famille. » Et je me suis battu comme un lion pendant vingt ans, sans résultat.

Maintenant je suis un vieil homme et je n’ai qu’une prière : « Mon Dieu, aide-moi à me changer. » Et voilà que le monde change autour de moi.

© 2002 Renaud PERRONNET Tous droits réservés.

Pour aller plus loin, je vous invite à lire :

Et à télécharger la fiche pratique :


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