Archives de catégorie : 02 Connaissance de soi

Mon psy ne me respecte pas, est-ce grave ?

Question de Manu :

Mon psy me parle régulièrement de ses autres patients et de sa famille.

Nous vivons dans un coin de campagne peu densément peuplé. Je n’aime pas qu’elle le fasse : je le ressens comme une perte de temps, comme une digression et j’ai peur qu’elle me parle de quelqu’un que je connais. Jusque-là je me racontais qu’elle savait ce qu’elle faisait. Lors de notre dernière séance elle a parlé d’un jeune que j’ai reconnu en quelques mots parce que sa situation est très particulière. J’ai commencé par faire ce que je fais d’habitude : regarder ailleurs et attendre qu’elle change de sujet. Mais elle a commencé à répéter des choses qu’il lui a dite en séance. Alors je lui ai demandé d’arrêter parce que je savais de qui elle parlait. Elle a fait mine de me gronder et elle a continué.

C’est grave, non ?

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Pour qui je me prends ?

Exercice à pratiquer avec soi-même

« L’esprit étroit, c’est notre mode de fonctionnement lorsque nous percevons les autres et le monde à travers le prisme de nos préférences, de nos aversions, de nos préjugés, de nos désirs, de nos opinions. »

Kōdō Sawaki1 , maître zen, 1880 – 1965

« Lorsqu’on demande ton opinion sur quelque chose ou quelqu’un, ne dis que ses qualités. »

G.I. Gurdjieff2 

Vous rencontrez un de vos amis :

  • Bonjour comment vas-tu ce matin ?
  • Je me sens énervé et d’humeur maussade.
  • Que t’arrive-t-il, je t’écoute ?
  • Hé bien figure-toi que je trouve que c’est n’importe quoi…
  • Oui, je t’écoute…
  • Je trouve que c’est n’importe quoi que le ciel soit bleu, il serait tellement plus beau s’il était de couleur violette.

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Comment accepter ce que l’on a subi ?

Question de Fatiha :

J’ai 50 ans. Comment accepter ce que l’on a vécu… subi… ma mère est restée avec mon père et nous devions mon frère et moi subir sa tyrannie… pas de bruit… ne pas se faire remarquer et parfois quelques violences physiques et verbales… nous avions à cœur mon frère et moi de protéger ma mère.

Mes pistes de réponse :

Il est vain – pour un être – de s’obliger à penser qu’il « devrait accepter ce qu’il a vécu et subi. »

S’obliger à accepter est un non-sens parce que cela reviendrait à se faire un devoir d’agir à propos de quelque chose qui n’est pas en notre pouvoir.

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Faut-il se pardonner ?

Question de Whiteporpoise :

J’ai aujourd’hui 40 ans, je commence à vivre et à être heureuse. J’ai coupé les liens familiaux et progresse pas à pas seule bien plus qu’en 24 ans de thérapie.

J’apprends à habiter la personne que je suis devenue, à la comprendre et à l’interroger. Certaines périodes sont plus empreintes de nostalgie. Mais il y en a aussi des splendides.

Un point m’effraie néanmoins : à une période je suis revenue temporairement vivre dans ma famille. Tous me rejetaient par leur comportement (critique, mépris, jalousie). Je refoulais totalement la personne que j’étais. J’étais odieuse et en même temps je cherchais entièrement leur reconnaissance, amour, regard. Au final je leur offrais fleurs, cadeaux pour me faire pardonner.

Comment me pardonner ?

Mes pistes de réponse :

Il n’y a, en effet, rien de plus précieux pour un être que de sentir qu’il peut enfin vivre et parvenir à être heureux, même si le prix à payer en est de devoir s’éloigner – ne serait-ce que temporairement – de sa famille. (Je précise « temporairement » parce que le test de la paix intérieure est bien de ne ressentir le besoin de s’éloigner de personne.)

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Le travail d’acceptation

Pour apprendre à vivre avec les choses telles qu’elles sont

« Vivre, ce n’est pas attendre que l’orage passe.

Vivre, c’est apprendre à danser sous la pluie. »

Sénèque

De quoi s’agit-il ?

La naissance est le début de l’aventure1 : parce que l’autre existe, je ne suis pas seul, il y a deux et s’il y a deux, deux sont différents, remarquait-on dans l’Inde ancienne.
C’est la dualité du moi et du non-moi.
Or le moi (par nature égocentrique2 et possessif), pense que le monde (l’autre, le non-moi), doit lui obéir et satisfaire ses désirs. Si, par exemple, le moi souhaite obtenir quelque chose que
le non-moi refuse, il y aura nécessairement opposition et conflit.

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Peut-on se libérer des pensées ?

(Déterminisme ou liberté ?)

« Celui qui est maître de ses pensées, est plus grand que celui qui est maître du monde. »

Le Bouddha

« Tant que vous vous inquiétez, vous ne voyez pas clair. Votre perception est inévitablement déformée. Vous ne souffrez jamais que d’une émotion cruelle et de pensées douloureuses provoquées par une situation que vous ne voyez pas telle qu’elle est, justement parce qu’elle est déformée par votre condamnation, par le jugement ou la peur, en un mot la qualification. »

Arnaud Desjardins, La Paix toujours présente, p. 105.

Il apparaît comme une évidence, à la plupart d’entre nous, que nous sommes libres, c’est-à-dire que nous sommes les maîtres de nos pensées comme de nos actions.

Nous pouvons même affirmer que lorsque nous nous proposons de poser une action, nous pourrions tout aussi bien ne pas la poser, ce qui reviendrait à affirmer que notre liberté n’a pas besoin d’être prouvée et cela serait parfaitement arbitraire.

Il s’agit là d’une croyance, non démontrée par les faits qui – comme nous allons le voir – est à l’origine de nombreuses confusions et difficultés.

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Sommes-nous légitimes à vivre ?

(Je n’ai pas été désiré par mes parents !)

Question de Marc :

Je suis le dernier des 4 enfants et non désiré. J’ai perdu mon père a 12 ans. J’ai 2 sœurs et 1 frère. Je n’ai jamais compris pourquoi ma mère ne me regardait jamais et me refusait tout au profit de mon frère dont elle était fière.
Je ne vais plus la voir depuis 4 ans, j’aimerais comprendre.

Mes pistes de réponse :

Votre besoin de comprendre l’injustice que vous vous sentez subir est légitime.
En même temps vous semblez ressasser depuis des années la même insoluble question, incapable d’y répondre, elle finit par se retourner contre vous et vous enferme dans votre souffrance.

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Pourquoi je me sens la poubelle émotionnelle des autres ?

Question de Lucie :

Professionnelle du droit, je me sens la poubelle émotionnelle des autres et cela m’atteint dans mes propres blessures.

Comment gérer ces situations et nos colères respectives ?

Mes pistes de réponse :

Professionnelle du droit, votre métier vous oblige à recevoir et à accueillir les émotions des personnes que vous vous proposez d’aider en les défendant.

Tant que vous n’avez pas réglé – en vous-même – ce qui fait écho aux émotions des autres, vous vous condamnez à devenir la victime des émotions des autres. Il ne peut pas en être autrement.

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Comment enlever toute trace de méchanceté dans mon cœur ?

À propos de la dualité, de l’ombre et de la lumière

Question (anonyme) :

Comment enlever toute trace de méchanceté dans mon cœur ?

Mes pistes de réponse :

Votre question est à la fois touchante et naïve dans la mesure où elle laisse croire que le respect des autres passe par l’éradication de sa propre méchanceté.
Vision sacrificielle et manichéenne de l’existence qui amène à croire que dans un monde duel dans lequel le bien est relatif au mal, le mal relatif au bien, il serait possible et souhaitable d’effacer le mal au profit du bien.

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Je me sens transparente en public, déconnectée, invisible, pourquoi ?

(Qui suis-je ?)

Question (anonyme) :

Je me sens transparente en public, déconnectée, invisible, pourquoi ?

Mes pistes de réponse :

Si – par exemple – un être humain se trouve beau ou laid, c’est parce qu’en contemplant son image, il l’a interprétée à travers les critères esthétiques de la société dans laquelle il vit. Il s’est appliqué ces critères à lui-même et a conclu : « je suis beau ou laid », exprimant par là même ce que l’on nomme communément son goût.
Le goût d’un être humain est, le plus souvent (dans la dépendance ou la contre-dépendance), celui de sa mère, de son père, de sa famille, de sa culture, celui des personnes avec lesquelles il a été mis en contact au début de sa vie.
Nous avons tous commencé notre vie en admettant à propos de nous-mêmes et des autres (sans preuve ni vérification), des critères « extérieurs » à nous-mêmes, nous avons tous été – plus ou moins – (mais plutôt plus que moins), modelés par les critères de notre entourage.

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J’ai peur de la mort, elle a pris quelque chose de moi

Question de Claudette :

C’est au sujet de la mort et du deuil, il est difficile pour moi d’aller au service de quelqu’un (frère, belle-sœur), ma réaction est très forte, ce n’est pas à cause de mon frère, je me sens prisonnière de la mort, la mort a pris quelque chose de moi.

La mort me fait vivre des expériences qui ne sont pas à moi.

Merci pour votre beau travail.

Mes pistes de réponse :

La première maltraitance contre soi-même c’est de considérer que l’on devrait être capable de faire ce que l’on ne peut pas faire.

Tout être humain a ses limites qu’il se doit de respecter. Personne n’a le droit de vous imposer de faire ce que vous même sentez que vous ne pouvez pas faire parce que c’est au-dessus de vos forces.

La paix intérieure vous sera donnée par le respect de vos limites et non par l’obéissance obligée à l’autre, sous le prétexte qu’il faudrait être à son service.

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J’ai l’impression que le travail thérapeutique ne fait que remuer le couteau dans la plaie, que se passe-t-il ?

Question posée par Anouch :

J’ai lu et relu l’article sur le pourquoi du travail thérapeutique1 et je me reconnais bien dans tous ces dires. Je comprends l’intérêt de ce travail avec quelques bémols. J’ai pris quelques rendez-vous l’an dernier à la même époque pour entreprendre cette thérapie. Au bout de quelques séances, je me suis sentie mal à farfouiller au plus profond de mon enfance, mettant à la lumière du jour les souffrances issues des violences que j’ai subies, remuant pour ainsi dire le couteau dans la plaie. Pourquoi ? Parce que j’ai pris conscience du fait que mon attitude parfois inappropriée face à des situations de crises est la conséquence de ces souffrances anciennes et le fait d’en réaliser l’impact ne m’aide pas vraiment à éviter mon comportement inapproprié car c’est plus fort que moi, sans compter que de le savoir m’angoisse de plus belle.

Tout ceci pour dire que j’ai le profond sentiment que beaucoup de personnes sont dans la même situation que moi et je me demande comment m’en sortir sans en souffrir à remuer le passé et surtout combien de temps le travail thérapeutique doit durer pour être guéri ?

Mes pistes de réponses :

Je trouve votre témoignage intéressant parce qu’il pose clairement la question : n’est-il pas préférable de ne pas aller voir ses démons puisque d’aller les voir les dérange et nous met à mal ?

Présentée ainsi, la réponse me semble claire : il est certainement préférable de ne pas chercher à les rencontrer, donc de ne pas « remuer le passé », ne serait-ce que parce que ce n’est pas de le remuer qui lui permettra de changer pour ne plus nous coller à la peau. Je vous suis parfaitement là-dessus, ce qui est fait est fait, et le passé est le passé.

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Pourquoi je ne parviens pas à choisir ?

Question posée par Lily :

J’aimerais travailler à nouveau mais d’un autre coté je suis comme paralysée, je n’ai que le bac et je n’arrive pas à mettre à la cantine ma petite de 4 ans (pour les grandes, 12 ans et 9 ans, c’est bon.)

Qu’est ce qui ne va pas chez moi ? 

Mes pistes de réponse :

Pour vous comprendre vous-même, pour comprendre pourquoi vous vous sentez paralysée (donc incapable d’agir quand vous y aspirez), vous avez besoin de savoir que vous êtes « ambivalente » : d’un côté  vos scrupules de mère vous font hésiter à mettre votre petite fille de 4 ans à la cantine parce que vous la trouvez encore jeune (d’autant plus que je présume qu’elle n’en a pas elle-même le désir, sinon il n’y aurait plus de problème), vous aimeriez agir sur la base de ses besoins à elle en ne la brusquant pas. Et de l’autre, vous aimeriez « travailler de nouveau » (peut-être vous remettre aux études puisque vous précisez que vous n’avez que le BAC ?), gagner de l’argent dans la vie active, en tout cas ne plus vous consacrer exclusivement à votre rôle de mère.

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