Archives de catégorie : 02 Connaissance de soi

Colère et refoulement dans l’éducation

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« L’amour et la cruauté s’excluent mutuellement. On ne gifle pas par amour, on gifle parce que dans une situation similaire, alors qu’on était sans défense, on a soi-même été giflé et contraint à considérer cela comme un témoignage d’amour.

Alice Miller

L’autre jour, une lectrice m’a écrit que sa fille de 11 ans l’avait frappée et qu’en réaction elle s’était mise violemment en colère. Après coup elle a eu peur d’avoir traumatisé son enfant. Elle en a conclu que l’expression de sa colère n’était certainement pas une bonne chose, en même temps qu’elle s’interrogeait sur sa capacité à être capable de faire autrement.

On définit habituellement la colère comme un violent mécontentement accompagné d’agressivité à la fois physique et psychique. On parle aussi volontiers de colère aveugle, blanche, noire ou bleue mais aussi de colère rentrée, contenue, froide ou même folle et furieuse. C’est dire à quel point on utilise un seul et même mot pour désigner un comportement émotionnel dont l’expression peut considérablement varier quant à son intensité.

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L’énergie de l’ombre

Ou comment notre « ombre » attire notre existence

« L’ombre est l’ensemble des penchants et des pulsions refoulés qui mènent leur sabbat dans l’inconscient. (…) Se délivrer de cet obstacle ne signifie pas seulement résoudre les tensions causées par les forces de l’ombre. Il faut aussi parvenir à leur transmutation et intégrer les énergies qu’elles renferment. (…) Il n’y a pas de devenir valable sans prise de conscience de l’ombre. »

Karlfried Graf Dürckheim, Méditer. Pourquoi et comment, Éditions Le Courrier du Livre, 1991, p. 55, 56.

L’une des manières de voir l’ombre à l’œuvre est d’analyser les angoisses qui lient une personne à une autre.

L’angoisse est une inquiétude intense, née du sentiment d’une menace diffuse et ressentie comme imminente. Elle est donc liée à une situation d’attente, de doute et de solitude, elle fait pressentir des malheurs vis-à-vis desquels on se sent d’autant plus impuissant qu’ils restent impossibles à définir.

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Du conflit à l’art de l’esquive

Pourquoi devrions-nous nous laisser mener par notre agresseur ?  

Puisque le monde dans lequel nous vivons est difficile à vivre et que nous ne pouvons pas pour autant le quitter, la question est de savoir dans quelle mesure nous pouvons le rendre habitable, ne fût-ce que la brève durée de notre vie éphémère.

Sôseki, Oreiller d’Herbe ou le Voyage poétique, Picquier poche, p. 8

Le jeu de la dualité

On appelle dualisme le fait qu’un objet, un concept, ne puisse pas exister sans son contraire, ne puisse pas exister autrement que par la relation qu’il entretient avec ce qui n’est pas lui, (sinon il n’est rien). Le dualisme implique que l’on ne peut donc connaître quoi que ce soit que par opposition : on ne peut par exemple définir le silence que par rapport au bruit, le bien que par rapport au mal, le bonheur par rapport au malheur, le moi que par rapport au non-moi. Les extrêmes se font mutuellement exister.

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Que veut dire : « Vous l’avez attiré » ?

ÉCOUTEZ : Que veut dire : Vous l'avez attiré ?(© RENAUD PERRONNET - Téléchargement du podcast en bas de page)


« Tout ce qui vous arrive, c’est vous qui l’attirez.

Il y a comme un champ magnétique autour de vous1 . »

Swami Prajnanpad

À première vue, cette formule, si elle est adressée à une personne victime d’une agression par exemple, ne peut qu’être maltraitante. Qui pourrait avoir suffisamment d’inconscience, d’indélicatesse et si peu d’empathie pour dire à une personne en souffrance : « Vous avez attiré votre agression », sous-entendant que l’agression a été désirée par la personne qui la subit ?

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Comment ne plus faire le mal qu’on ne veut pas faire ?

(…et parvenir à faire le bien que l’on veut faire ?)

« Personne n’a jamais fait le mal, chacun n’a jamais fait que le bien tel qu’il le comprend. »

Swami Prajnanpad

« Ton travail est de découvrir ton travail puis, de tout ton cœur ; te donner à lui. »

Bouddha, Dhammapada, 62

 

Nous vivons dans un monde régi par la loi de l’impermanence et par la loi de la différence, ce qui signifie que la notion de bien et de mal varie constamment entre les individus et avec les circonstances.

Dans un tel contexte il nous est arrivé à tous de ressentir que nous ne voulons pas le mal – pourtant bien réel pour celui qui le subit – que nous avons fait subir aux autres.

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Qu’est-ce que l’amitié ?

Question de @marie :

Y a-t-il plusieurs niveaux dans l’amitié ?

Je peux être amie de X mais davantage amie de Y même si les deux savent les mêmes choses de moi ?

Peut on avoir beaucoup d’amis et dire qu’ils sont identiquement amis avec moi, au niveau de l’affectif, de l’envie d’être avec, du désir de se voir, passer du temps ensemble. Quand j’étais jeune, j’avais 4 amies proches et l’une d’entre elle était ma « meilleure amie ».

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Qu’est-ce qui est réel ?

« Bien que rien ne se passe, vous avez l’illusion d’un monde :

parce que tout change, il n’y a jamais d’entité. »

 

R. Srinivasan, Entretiens avec Swami Prajnanpad, p. 26.

 

 

Le chemin n’est jamais rectiligne, il serpente, imprévu et mystérieux, au cœur de nos destinées.

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Comment s’y prendre pour changer sa vieille mère ?

Question posée par Simon :

Ma mère veut tout contrôler. Son mari, l’intendance, sa famille, l’argent… Elle a toujours raison et sait tout sur tout. Elle est hypocondriaque, souvent malade et fait régulièrement des analyses médicales. La seule fois où elle a réellement été confrontée à elle-même en psychothérapie, elle a changé de thérapeute. Je l’aime mais elle est difficile à vivre. Elle a 78 ans.

Comment l’aider à évoluer ?

Mes pistes de réponse1 :

Je vous invite à investiguer l’hypothèse que si votre vieille mère vous épuise, ce n’est pas parce qu’elle veut tout contrôler, mais plutôt parce que vous lui résistez en pensant que si vous ne lui résistez pas vous allez vous faire dévorer par elle.

Que ce sont donc vos propres craintes, et vos besoins d’avoir raison face à elle qui vous font gaspiller beaucoup d’énergie et sont à l’origine de votre façon de la trouver difficile à vivre..

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Pourquoi le mépris de soi-même ou des autres ?

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Question posée par Béatrice :

Je me demande quelles sont les racines psy du mépris que l’on peut éprouver pour les autres. Du mépris de soi-même ? Mais encore ?

Mes pistes de réponse :

Personne ne naît en éprouvant le besoin de mépriser les autres ou soi-même. Le besoin de mépris est donc la conséquence d’un apprentissage.

Dans l’enfance, plutôt que d’apprendre à nous respecter tels que nous étions, la plupart d’entre nous avons appris à devoir discerner entre ce que nos éducateurs nous ont présenté comme étant le bien et le mal et plus particulièrement à devoir aimer ce qu’ils appelaient nos qualités et à devoir rejeter ce qu’ils nommaient nos défauts.

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L’ombre travaille au service de la lumière

Question posée par Josette :

Que signifie « l’ombre travaille au service de la lumière », ou nous faire mal pour notre bien ?!

Mes pistes de réponse :

L’ombre et la lumière sont les deux aspects antagonistes, donc complémentaires, d’une même réalité. Il ne peut pas y avoir de lumière sans ombre, ni d’ombre sans lumière. Comme l’a écrit Héraclite : « La route qui monte et qui descend est une ; c’est la même. »

Il en est de même pour le désir et la souffrance : c’est le désir qui créé la souffrance de celui qui ne peut pas réaliser son désir…

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Comment aimer l’effort à 50 ans ?

Question posée par Ladydo :

Manque de persévérance. A 50 ans ça me tape sur les nerfs. Comment faire pour être constante, régulière et garder la motivation. Et surtout aimer l‘effort. Mille mercis !

Mes pistes de réponse :

Sans doute vous faut-il éviter de vous faire peur avec les mots qu’on a utilisé contre vous dans votre enfance ? À vous lire j’ai le sentiment d’entendre un parent impatient critiquer son enfant, ou un prof énervé mettre une appréciation négative sur un élève.

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Je n’ai pas accompli ce que je voulais vraiment

Question posée par Marie-France :

Depuis que je suis en retraite j’ai une multitude de projets de vie inaccomplis : déménager, commencer des études universitaires que je n’ai jamais pu faire, m’installer comme thérapeute artiste, publier un livre, créer, voyager, mais cela est-il le résultat de mes frustrations de vie où je n’ai pas accompli ce que je voulais vraiment ? Et comment faire ? Aurai-je le temps, la santé ?

Mes pistes de réponse :

La tradition spirituelle de l’Inde ancienne parle de 4 stades distincts dans la vie d’un être humain :

  1. Bramacharya : période de l’éducation.
  2. Grihastha : période de la vie à la fois active et mondaine.
  3. Vanaprastha : période de méditation et de retraite dans la nature.
  4. Samnyasa : période de renoncement et de détachement complet vis-à-vis du monde qui permet d’atteindre la libération avant la mort.

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Ressentiment ou responsabilité

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En chemin vers la liberté

« Tous nous serions transformés si nous avions le courage d’être ce que nous sommes. »

Marguerite Yourcenar

« Si une femme vous attire, cette femme n’en est pas coupable, c’est vous qui l’êtes, n’est-ce pas ? De là vous en arrivez à la première condition de la vie spirituelle : « Vous êtes seul responsable de toute réaction émotionnelle qui se produit en vous. Il n’y a qu’un seul responsable. Rien d’extérieur. »

Swami Prajnanpad

Question de Lisa :

J’ai besoin de votre aide dans la mesure où je ne comprends pas ce qu’est l’inconscient, ni les notions de responsabilité et culpabilité qui peuvent lui être liés.
Ayant vécu une enfance violente, chaotique et abusive, m’ayant amené à l’âge adulte à subir des viols, je reprends un travail thérapeutique. J’ai encore beaucoup de culpabilité, de honte et de détresse en moi, je trouve, et, ce d’autant que j’ai coupé les ponts avec ma famille proche et éloignée pour m’en protéger. Je ne comprends pas toujours mes réactions mais j’aimerais savoir et comprendre si je suis responsable et/ou coupable quand je ne pose pas des limites. J’ai encore du travail à faire pour soigner mon incapacité à dire non, ou à dire ce que je ressens de peur d’être rejetée, plus aimée, abandonnée, qu’on me crie ou hurle dessus, qu’on m’agresse, que la personne en face ne se contrôle plus. Mon compagnon en fait les frais : j’accepte des choses puis le lendemain, je suis agressive.
Un-e être humain-e est-il coupable et/ou responsable de ce dont il n’a pas conscience et/ou fait de manière automatique ?
Quelle est la manière la plus juste d’y faire face et d’y voir plus clair, selon vous ?
Je vous remercie chaleureusement pour votre réponse.

Mes pistes de réponse :

L’inconscient et ses déclencheurs

La première chose à comprendre c’est que votre inconscient est ce qui en vous vous pousse à agir.
Dire que nous sommes menés par notre inconscient c’est admettre que tout notre être est mémoire et que les drames que nous avons vécus dans notre passé nous obligent à certains comportements dans le présent. Nous sommes en permanence, ici maintenant, les conséquences vivantes de ce que nous avons vécu auparavant.
Swami Prajnanpad expliquait que l’inconscient est « une action non terminée dans le passé qui s’introduit de force dans le présent.1 » Prenons un exemple : un enfant s’est senti abandonné par sa mère ; devenu adulte, il ne supporte pas que sa compagne arrive en retard à un rendez-vous. Il pourra tenter de rationaliser en se disant que sa compagne est simplement en retard et que ce n’est pas grave, mais si cette blessure créée par l’abandon de sa mère est active en lui, elle s’exprimera en lui comme une déflagration lui rendant le retard de sa compagne insupportable. N’ayant pas pu – enfant – exprimer sa souffrance, il sera contraint, malgré lui, d’exprimer sa souffrance sous la forme d’une remarque négative et cinglante à sa compagne.

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