Archives de catégorie : Connaissance de soi

D’erreur en erreur

« C’est à travers la falsification de nos suppositions que nous entrons en contact effectif avec la « réalité ». La découverte et l’élimination de nos erreurs sont le seul moyen de constituer cette expérience « positive » que nous retirons de la « réalité ». »

Karl Popper1 

« Errare humanum est »2 

Il a été une période de notre vie dans laquelle nous nous développions intuitivement en répondant à nos besoins et sans jugement sur nous-mêmes. Époque bénie pendant laquelle nous avons évolué à partir de nos ressentis et sans nécessité à qualifier les manières dont nous nous y prenions avec eux.

Nous avons ainsi appris à marcher en nous dressant sur notre séant et en tentant de mettre un pied devant l’autre. Que s’est-il passé alors ? Nous sommes tous tombés. Sans y accorder la moindre importance, parfaitement en paix avec le fait d’être tombés, nous nous sommes remis sur notre séant pour, prenant de nouveau appui sur nous-mêmes, nous mettre debout, risquer quelques nouveaux pas et… tomber encore, et encore.

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Comment trouver la paix avec un père égocentrique ?

Question posée par Urbain :

Après leur séparation, mon père a été très absent et lâche. 0 communication, 0 complicité, 0 soutien. Puis il n’est pas venu à mon mariage. Puis il n’est pas proche de ma vie actuelle. Sauf pour me demander de l’appeler et de venir le voir pour me narrer les lourdes difficultés qui régissent sa vie. Si j’accepte je me soumets, si je lui en parle il s’excuse et recommence, si je l’esquive je culpabilise.

Comment faire pour trouver la paix ?

Mes pistes de réponse :

Si – comme je le pressens à travers votre partage – vous aspirez à un rapprochement avec votre père malgré ce qu’il vous a fait subir, il n’existe pas d’autre moyen pour vous que celui de l’accepter tel qu’il est.
Pour ce faire, il vous faut commencer par comprendre que tant que vous resterez affectivement et émotionnellement dépendant de votre père, il vous sera impossible d’être en paix avec vous-même.

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Comment obtenir de l’autre ce que l’on souhaite ?

Plaidoyer pour le don

« Quand les Tarahumaras descendent dans les villes, ils mendient. (…) Qu’on leur donne ou qu’on ne leur donne pas, ils se retirent toujours au bout du même laps de temps. Si on leur donne, ils ne disent pas merci. Car donner à celui qui n’a rien n’est même pas pour eux un devoir, c’est une loi de réciprocité physique que le Monde Blanc a trahie. Leur attitude semble dire : « En obéissant à la loi, c’est à toi-même que tu fais du bien, je n’ai donc pas à te remercier. » (…) Cette loi de réciprocité physique que nous appelions la charité, les Indiens la pratiquent naturellement, et sans aucune pitié.

Antonin Artaud, Les Tarahumaras, Éditions Gallimard, Tome IX, p. 98, 1971.

« Si vous voulez recevoir quelque chose de quelqu’un, donnez-lui d’abord.
Dès que vous donnez, vous entrez en relation. »

Swami Prajnanpad.

Pour parvenir à obtenir de l’autre ce que l’on voudrait qu’il nous donne alors même qu’il n’y consent pas, il faudrait devenir capable de le changer donc trouver le moyen de lui permettre de consentir.

Or il est intéressant de constater que, le plus souvent, nous faisons preuve d’une pédagogie très inadaptée en accablant l’autre de reproches sous le prétexte qu’il devrait être conforme à notre besoin : « C’est n’importe quoi ce que tu as fait… Tu devrais comprendre que… etc. »

C’est dire que dans la dualité moi / l’autre, nous faisons preuve de maladresse quand nous cherchons à faire valoir à l’autre notre point de vue à nous, sans tenir compte de sa sensibilité à lui.

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Les anges me parlent, qu’en faire ?

« Ce qui est important, ce ne sont pas seulement les expériences extraordinaires dont l’ego est friand mais la transformation de l’être. Une personne donnée peut passer par diverses expériences exceptionnelles et ensuite les raconter. Mais en quoi ces expériences ont-elles vraiment changé cette personne ? L’essentiel c’est ce qui émane d’un être humain, la manière dont un homme ou une femme vit et rayonne dans le monde au milieu de ses semblables. »

Arnaud Desjardins, Regards sages sur un monde fou, Éditions La Table Ronde, 1997, p. 230.

Aujourd’hui, il m’arrive de plus en plus fréquemment d’être en contact, à travers mon site internet, avec des personnes qui, sous le prétexte qu’elles ont eu l’impression d’avoir vécu une expérience transcendante, et alors même qu’elles vivent parallèlement des émotions tout à fait ordinaires, sont persuadées avoir eu un « éveil spirituel » définitif.

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Pourquoi le reproche est vain et nuisible ?

ÉCOUTEZ : Pourquoi le reproche est vain et nuisible ?(© RENAUD PERRONNET - Téléchargement du podcast en bas de page)


« La morale imposée du dehors, et qui n’est pas l’expression de notre niveau d’être, nous maintient dans la dualité et le conflit avec nous-même, dans l’aveuglement et le mensonge. »

Arnaud Desjardins, Les Chemins de la sagesse. Tome 2, p. 201

C’est bien souvent parce que nous nous sentons déconcertés par l’attitude d’un autre que nous pensons qu’il aurait dû avoir une attitude différente de celle qu’il a eue. C’est alors que nous lui adressons un reproche, en lui expliquant ce que – selon nous – il aurait dû être, ou faire.

À moins que notre reproche ne soit qu’une pure compulsion personnelle, il y a là une naïveté extrême, un égocentrisme déconcertant, que de croire qu’il nous suffit d’adresser un reproche à l’autre pour qu’il devienne ce que nous voudrions qu’il soit, qu’il agisse comme nous voudrions qu’il agisse.

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Esclavage et liberté

Apprendre à nager avec le courant (pour moins souffrir)

« Dans l’homme existent un amour, une douleur, une inquiétude, un appel, de sorte que s’il possédait les cent mille univers, il ne pourrait trouver le calme et le repos. »

Djalāl ad-Dīn Rûmî

Nous faisons tous – en permanence – l’expérience que nous n’avons pas la possibilité de décider de ce qui nous arrive.

En même temps nous faisons tous aussi l’expérience que le refus de ce qui nous arrive nous empêche de nous y adapter, en même temps que ça nous condamne à en souffrir.

A contrario nous pouvons tous découvrir que c’est notre capacité à accepter ce qui nous arrive qui nous permet de nous y adapter.

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Colère et refoulement dans l’éducation

ÉCOUTEZ : Colère et refoulement dans l'éducation(© RENAUD PERRONNET - Téléchargement du podcast en bas de page)


« L’amour et la cruauté s’excluent mutuellement. On ne gifle pas par amour, on gifle parce que dans une situation similaire, alors qu’on était sans défense, on a soi-même été giflé et contraint à considérer cela comme un témoignage d’amour. »

Alice Miller

L’autre jour, une lectrice m’a écrit que sa fille de 11 ans l’avait frappée et qu’en réaction elle s’était mise violemment en colère. Après coup elle a eu peur d’avoir traumatisé son enfant. Elle en a conclu que l’expression de sa colère n’était certainement pas une bonne chose, en même temps qu’elle s’interrogeait sur sa capacité à être capable de faire autrement.

On définit habituellement la colère comme un violent mécontentement accompagné d’agressivité à la fois physique et psychique. On parle aussi volontiers de colère aveugle, blanche, noire ou bleue mais aussi de colère rentrée, contenue, froide ou même folle et furieuse. C’est dire à quel point on utilise un seul et même mot pour désigner un comportement émotionnel dont l’expression peut considérablement varier quant à son intensité.

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L’énergie de l’ombre

Ou comment notre « ombre » attire notre existence

« L’ombre est l’ensemble des penchants et des pulsions refoulés qui mènent leur sabbat dans l’inconscient. (…) Se délivrer de cet obstacle ne signifie pas seulement résoudre les tensions causées par les forces de l’ombre. Il faut aussi parvenir à leur transmutation et intégrer les énergies qu’elles renferment. (…) Il n’y a pas de devenir valable sans prise de conscience de l’ombre. »

Karlfried Graf Dürckheim, Méditer. Pourquoi et comment, Éditions Le Courrier du Livre, 1991, p. 55, 56.

L’une des manières de voir l’ombre à l’œuvre est d’analyser les angoisses qui lient une personne à une autre.

L’angoisse est une inquiétude intense, née du sentiment d’une menace diffuse et ressentie comme imminente. Elle est donc liée à une situation d’attente, de doute et de solitude, elle fait pressentir des malheurs vis-à-vis desquels on se sent d’autant plus impuissant qu’ils restent impossibles à définir.

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Du conflit à l’art de l’esquive

Pourquoi devrions-nous nous laisser mener par notre agresseur ?  

Puisque le monde dans lequel nous vivons est difficile à vivre et que nous ne pouvons pas pour autant le quitter, la question est de savoir dans quelle mesure nous pouvons le rendre habitable, ne fût-ce que la brève durée de notre vie éphémère.

Sôseki, Oreiller d’Herbe ou le Voyage poétique, Picquier poche, p. 8

Le jeu de la dualité

On appelle dualisme le fait qu’un objet, un concept, ne puisse pas exister sans son contraire, ne puisse pas exister autrement que par la relation qu’il entretient avec ce qui n’est pas lui, (sinon il n’est rien). Le dualisme implique que l’on ne peut donc connaître quoi que ce soit que par opposition : on ne peut par exemple définir le silence que par rapport au bruit, le bien que par rapport au mal, le bonheur par rapport au malheur, le moi que par rapport au non-moi. Les extrêmes se font mutuellement exister.

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Que veut dire : « Vous l’avez attiré » ?

ÉCOUTEZ : Que veut dire : Vous l'avez attiré ?(© RENAUD PERRONNET - Téléchargement du podcast en bas de page)


« Tout ce qui vous arrive, c’est vous qui l’attirez.

Il y a comme un champ magnétique autour de vous1 . »

Swami Prajnanpad

À première vue, cette formule, si elle est adressée à une personne victime d’une agression par exemple, ne peut qu’être maltraitante. Qui pourrait avoir suffisamment d’inconscience, d’indélicatesse et si peu d’empathie pour dire à une personne en souffrance : « Vous avez attiré votre agression », sous-entendant que l’agression a été désirée par la personne qui la subit ?

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Comment ne plus faire le mal qu’on ne veut pas faire ?

(…et parvenir à faire le bien que l’on veut faire ?)

« Personne n’a jamais fait le mal, chacun n’a jamais fait que le bien tel qu’il le comprend. »

Swami Prajnanpad

« Ton travail est de découvrir ton travail puis, de tout ton cœur ; te donner à lui. »

Bouddha, Dhammapada, 62

 

Nous vivons dans un monde régi par la loi de l’impermanence et par la loi de la différence, ce qui signifie que la notion de bien et de mal varie constamment entre les individus et avec les circonstances.

Dans un tel contexte il nous est arrivé à tous de ressentir que nous ne voulons pas le mal – pourtant bien réel pour celui qui le subit – que nous avons fait subir aux autres.

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Qu’est-ce que l’amitié ?

Question de @marie :

Y a-t-il plusieurs niveaux dans l’amitié ?

Je peux être amie de X mais davantage amie de Y même si les deux savent les mêmes choses de moi ?

Peut on avoir beaucoup d’amis et dire qu’ils sont identiquement amis avec moi, au niveau de l’affectif, de l’envie d’être avec, du désir de se voir, passer du temps ensemble. Quand j’étais jeune, j’avais 4 amies proches et l’une d’entre elle était ma « meilleure amie ».

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Qu’est-ce qui est réel ?

« Bien que rien ne se passe, vous avez l’illusion d’un monde :

parce que tout change, il n’y a jamais d’entité. »

 

R. Srinivasan, Entretiens avec Swami Prajnanpad, p. 26.

 

 

Le chemin n’est jamais rectiligne, il serpente, imprévu et mystérieux, au cœur de nos destinées.

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