Question posée par Urbain :
Après leur séparation, mon père a été très absent et lâche. 0 communication, 0 complicité, 0 soutien. Puis il n’est pas venu à mon mariage. Puis il n’est pas proche de ma vie actuelle. Sauf pour me demander de l’appeler et de venir le voir pour me narrer les lourdes difficultés qui régissent sa vie. Si j’accepte je me soumets, si je lui en parle il s’excuse et recommence, si je l’esquive je culpabilise.
Comment faire pour trouver la paix ?
Mes pistes de réponse :
Si – comme je le pressens à travers votre partage – vous aspirez à un rapprochement avec votre père malgré ce qu’il vous a fait subir, il n’existe pas d’autre moyen pour vous que celui de l’accepter tel qu’il est.
Pour ce faire, il vous faut commencer par comprendre que tant que vous resterez affectivement et émotionnellement dépendant de votre père, il vous sera impossible d’être en paix avec vous-même.
Regardons les choses de plus près :
Tant que vous êtes dans le ressentiment vis-à-vis de votre père vous ne pouvez que ressentir de l’hostilité vis-à-vis de lui. Et c’est cette hostilité qui vous oblige à croire que si vous acceptez votre père tel qu’il est, vous vous soumettez à lui.
En vérité, accepter votre père tel qu’il est avec ses manques, sa lâcheté et ses travers est le seul moyen à votre disposition pour vous donner la possibilité de ne plus avoir besoin de lui, donc de vous en rendre libre.
Vous en rendre libre c’est parvenir à ne plus le voir exclusivement à travers vos besoins inassouvis d’enfant.
Votre père tel que vous le désirez n’est que votre fantasme d’enfant, votre fantasme n’a et n’aura jamais aucune réalité puisqu’il est un fantasme. Je vous invite donc à apprendre à voir votre père comme un tiers lucide le verrait, donc à découvrir qu’il est comme il est : un homme qui parce qu’il est en souffrance se comporte de manière narcissique et infantile. Ce qui signifie qu’il est devenu incapable de s’intéresser à son fils autrement qu’à travers un égocentrisme prégnant.
Comprenez que tant que vous subordonnez votre paix intérieure à votre besoin de reconnaissance par l’autre donc ici à un comportement généreux d’un père qu’il ne peut pas avoir et qui ne dépend pas de vous, vous vous condamnerez à souffrir en restant dans l’expectative.
Dans un tel contexte, votre culpabilité n’est que l’expression immature de la part de vous qui l’aime et qui s’en veut inconsciemment de ne pas parvenir à calmer son ressentiment contre lui. Osez sortir de votre culpabilité en affrontant votre mauvaise conscience, votre père ne peut pas être autrement que ce qu’il est. Et en même temps laissez-le avoir les comportements qui sont les siens. Que pouvez-vous faire d’autre ?
À vouloir changer un être que vous ne pouvez pas changer, vous vous condamnez à la dépendance.
À accepter votre père tel qu’il est donc à ne plus rien attendre de lui, il vous deviendra sans doute possible de recevoir le peu qu’il vous donne et de vous en satisfaire.
Tant que vos manques vous gouvernent, vous vous condamnez à souffrir, et c’est le but d’un travail thérapeutique que de ne plus être l’esclave de ses manques.
Illustration :
Portrait d’un homme narcissique, par Katie Pfeiffer
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Avertissement aux lectrices et aux lecteurs :
Ma formation première est celle d’un philosophe. Il est possible que les idées émises dans ces articles vous apparaissent osées ou déconcertantes. Le travail de connaissance de soi devant passer par votre propre expérience, je ne vous invite pas à croire ces idées parce qu’elles sont écrites, mais à vérifier par vous-même si ce qui est écrit (et que peut-être vous découvrez) est vrai ou non pour vous, afin de vous permettre d’en tirer vos propres conclusions (et peut-être de vous en servir pour mettre en doute certaines de vos anciennes certitudes.)