…et comment aider les parents à sortir de leur toxicité ?
« C’est en vivant avec des adultes épanouis que les enfants deviennent à leur tour des adultes épanouis, pas en se faisant bourrer leur petite tête de principes moraux par des hypocrites bien intentionnés mais inconscients. »
Lee Lozowick.
A la fin de mon article sur les parents aux comportements toxiques* que j’écrivais en mai dernier, je précisais :
« Pour que tous les membres d’une famille apprennent peu à peu à vivre ensemble dans le respect et l’amour, il leur faut ne plus avoir le besoin de se manipuler les uns les autres sous le prétexte qu’il est douloureux de reconnaître ses maladresses. »
Après avoir lu cet article sur la toxicité à l’œuvre chez certains parents, un homme de 50 ans m’a écrit :
« Lorsque mon père me faisait des reproches, me battait ou m’insultait, c’est-à-dire tous les jours, je me taisais, maintenant, je n’accepte plus aucun reproche, justifié ou non, et je m’autorise la colère, sauf que maintenant c’est complètement débile, démesuré et n’a plus lieu d’être, je suis en colère contre moi de n’avoir pas eu la force de réagir mais je fais payer aux autres ce que j’ai subi. »
On sait en effet aujourd’hui que les enfants victimes d’abus courent environ deux fois plus de risques que les autres de souffrir de comportements pathologiques à l’âge adulte.
Je constate régulièrement – dans les diverses formations que j’anime – que les personnes qui n’ont pas été respectées pendant leur enfance peinent à avoir des comportements sains et équilibrés avec les autres. Certaines, parce qu’elles ont été systématiquement rabaissées et humiliées, persistent à se considérer comme inférieures ou « petites » alors qu’elles sont adultes, parvenant, par exemple, très difficilement à oser mettre des limites à un supérieur hiérarchique inquisiteur et dominateur. D’autres partagent volontiers (à condition qu’on les écoute sans jugement a priori), qu’elles se sentent les premières victimes de leur agressivité qui leur « joue des tours malgré elles » dans la mesure où elles ne parviennent pas à s’adresser aux autres sans que le ton de leur voix ou le choix de leurs mots et de leurs comportements ne trahissent la manière dont – il y a parfois bien longtemps – elles-mêmes ont été forcées de prendre l’agressivité et la violence de leurs éducateurs toxiques pour de l’amour.
On sait qu’il existe une plus forte probabilité d’être maltraitant chez les personnes qui ont été maltraitées, même si cette probabilité reste relativement faible (entre 5 et 10 %) selon l’étude du psychologue Jacques Leconte dans son dernier livre « La Bonté humaine. Altruisme, empathie, générosité. » (Editions Odile Jacob, 2012.)
Le mécanisme de la mauvaise foi du parent toxique :
Encore faut-il que nous nous entendions sur le concept de maltraitance. Comment celui qui n’a pas été éduqué au respect de l’autre pourrait-il se reconnaître lui-même comme maltraitant ? Ceux qui estiment a priori qu’une baffe n’a jamais fait de mal à personne ne peuvent pas reconnaitre qu’ils sont maltraitants, de même, en sont incapables ceux qui sont toujours prêts à justifier leurs actes en disant que les autres les ont poussés.
C’est ainsi que les parents aux comportements toxiques ne peuvent que difficilement savoir qu’ils sont toxiques puisqu’ils tiennent le plus souvent un raisonnement imparable qui les empêche de voir la réalité en face : ce sont leurs enfants qui sont responsables de leurs comportements.
Ils valident par là l’éternelle formule justificatrice des violences relationnelles entre individus : « Tu me pousses à bout, si je te frappe, tu l’auras bien cherché ! ». La locution maltraitante « Qui aime bien, châtie bien. » sert à déculpabiliser à bon marché les comportements les plus toxiques de certaines personnes incapables de se regarder en face.
Si cet enfant s’est pris une baffe, c’est de sa faute, et nous n’avons pas à craindre d’affirmer qu’il l’a cherché, comme si un être humain autre qu’un masochiste pouvait désirer la maltraitance. Dans d’autres contextes, certains pensent aussi que si cette fillette s’est fait agresser sexuellement, ce ne pouvait être que de sa faute, qu’elle l’avait certainement cherché elle aussi par son attitude ambiguë.
Quand un être humain n’a pas le courage de se sentir responsable de ses propres comportements (de ses propres erreurs), il culpabilise et tente par un habile tour de passe-passe (pour se protéger) de retourner la relation en affirmant « c’est pas moi, c’est l’autre ! ». Je me souviens de cet intéressant slogan de la Prévention Routière voici quelques années : « Sur la route, pourquoi disons-nous toujours que c’est de la faute des autres ? »
Certains parents au comportement toxique n’hésitent pas à en faire davantage encore. Ils expliquent : « Oui les enfants ont le chic pour énerver les adultes et les mettre à bout, surtout quand les parents sont fatigués »
Incapables de voir que la formulation « les enfants ont le chic » est injuste, car les enfants n’ont le chic de rien, ils sont « comme ils sont » (c’est-à-dire des enfants), et s’il n’y avait pas cette sensibilité particulière à l’énervement, cette fatigue, ce terrain propice à la toxicité chez le parent, ils ne seraient les déclencheurs de rien du tout.
C’est ainsi que certains soutiens aux « pauvres » parents toxiques, sous le prétexte de ne surtout pas vouloir prendre le risque de les culpabiliser, leur expliqueront que leur agressivité est « normale » puisqu’ils sont fatigués ou qu’ils n’en peuvent plus, confondant en un tout mortifère le « normal pour eux » et le « normal pour l’enfant. »
Ces parents, devenus incapables de se regarder suffisamment objectivement pour constater le mal qu’ils font à leurs enfants, s’accommoderont ainsi de leur toxicité en la justifiant à bon marché par leurs soucis incessants, le stress de la vie quotidienne ou tout simplement le temps qu’il fait.
Comme d’habitude, nous sombrons dans l’injustice et la confusion quand nous ne sommes pas lucides avec nous-mêmes et les moyens que nous utilisons pour nous dédouaner, nous déresponsabiliser, vis-à-vis des autres.
C’est pour cela qu’il faut répéter inlassablement que la cause de l’agressivité du parent au comportement toxique se trouve bien à l’intérieur de lui et que tant qu’il n’en aura pas pris conscience, il ne pourra pas sortir de sa toxicité. Comme Alice Miller l’écrivait : « Nous ne pouvons pas nous libérer d’un mal sans l’avoir nommé et jugé comme un mal. » Elle dit « nommé et jugé ». Il y a donc du bien à nommer et juger le mal comme un mal, n’en déplaise à ceux qui en culpabilisent parce qu’ils ont peur de le reconnaître. Pour espérer se débarrasser de sa propre agressivité contre son enfant, un parent doit donc commencer par la reconnaître comme indésirable, donc la juger comme un mal.
En voulant éviter à tout prix la culpabilité aux parents toxiques, sous le prétexte (vrai) qu’elle est un poison, on empêche la prise de conscience de l’erreur qui est le seul point de départ du possible changement de comportement.
Pourquoi devrions-nous culpabiliser de commettre des erreurs ?
Le métier de parent n’est certes pas facile parce qu’il nous met sur la brèche et nous force à nous mettre en cause alors que nous prétendons aimer nos enfants. Mais pourquoi devrions-nous complexer d’avoir des problèmes ? En quoi serait-ce culpabilisant d’en avoir ? Devons-nous nous sentir culpabilisés par notre médecin quand il nous dit que nous sommes malades ? Pourquoi le fait d’avoir un problème relationnel avec notre enfant (comme avec quiconque d’ailleurs) devrait-il être culpabilisant ?
En fait culpabiliser ce n’est pas constater son erreur (parce que constater son erreur est parfaitement sain), c’est se la reprocher en pensant qu’on aurait dû ou pu se comporter différemment et ce sont là deux choses bien différentes*.
La qualité d’être de l’aidant :
Aider, une personne, c’est l’accompagner dans le fait de voir où elle se trompe, de manière à ce qu’elle cesse de se tromper, donc qu’elle agisse conformément à ce qu’elle veut pour elle. Dès lors, aider un parent qui prétend aimer son enfant, c’est l’accompagner afin de lui permettre de voir au grand jour la manière dont il s’y prend pour faire du mal à son enfant tout en prétendant l’aimer. Et cela demande tact et doigté à l’aidant.
En fait la question est moins « Comment l’aidant doit-il s’y prendre ? que « Quel doit être son niveau d’être ? »
Si Carl Rogers* nous enjoint de nous poser honnêtement la question « Puis-je arriver à être d’une façon qui puisse être perçue par l’autre comme étant digne de confiance, comme sûre et conséquente au sens le plus profond ? », il en est une autre plus redoutable pour l’aidant, qu’il énonce de la sorte : « Ma sécurité interne est-elle assez forte pour permettre à l’autre d’être ce qu’il est (sincère ou hypocrite, infantile ou adulte, désespéré ou présomptueux) ? » autrement dit dans le contexte qui nous préoccupe : suis-je moi-même en tant que parent et aidant, suffisamment lucide dans ma relation à mes propres enfants, pour pouvoir accueillir le parent au comportement toxique avec sa culpabilité ? Ou ma propre culpabilité, ma propre colère et/ou mon propre énervement vont-ils me contraindre à m’ériger en aidant qui excuse plutôt qu’en aidant qui comprend et accueille ? Dans quelle mesure mes émotions personnelles risquent-elles d’interférer dans la relation, par exemple à travers ma crainte personnelle que le parent au comportement toxique que j’accompagne culpabilise de ses maladresses ?
Quand des parents sont amenés à avoir le désir de comprendre la motivation de leurs actes vis-à-vis de leurs enfants, c’est bien parce que – confusément – ils ne les sentent pas justes. Dès lors leur culpabilité est bien la manière floue et toxique pour eux dont s’exprime leur confusion. Cette culpabilité n’a donc pas à être niée (par le soi-disant pouvoir de l’aidant à qui ils en font part), mais au contraire à être simplement accueillie avec empathie par celui où celle en qui ils ont mis leur confiance.
Il est essentiel que le travail de déculpabilisation soit fait par celui qui culpabilise plutôt que par celui qui l’écoute. Et s’il est fait par celui qui l’écoute, cela parle – en fait – de son besoin personnel de se protéger devant une émotion qu’il est incapable d’accueillir parce qu’il en est encombré. Pour accompagner l’autre dans sa délivrance, il faut s’être préalablement délivré soi-même. Si accompagner un parent toxique, c’est lui permettre de rencontrer ses pires difficultés, il n’est pas possible de l’accompagner si l’on craint quelque chose pour lui.
C’est pour cela qu’Alice Miller constate que beaucoup de thérapeutes bloquent (sans en avoir conscience) leurs clients en les empêchant d’accéder à leur vérité sous le prétexte de les aider, et qu’elle nous encourage à trouver un « véritable thérapeute » c’est-à-dire une personne qui aura déjà réussi à faire avec elle-même ce qu’elle se propose de faire avec les autres.
Fuir ses monstres c’est leur obéir, s’y confronter c’est se donner la possibilité de découvrir qu’ils sont en papier. Il est impossible d’accompagner l’autre, c’est-à-dire d’être avec lui, au moment où il se confrontera à ses propres monstres, sans s’être préalablement et personnellement confronté aux siens et c’est ce travail préalable qui permet la qualité d’être d’un aidant.
L’accompagnement c’est la reconnaissance de « ce qui est » :
Accompagner n’est pas une petite affaire qui se limiterait à mettre l’autre en garde de ne pas culpabiliser (ou à dire à l’autre qu’il a fait ce qu’il a pu et que ce n’est pas bien grave). Accompagner un parent c’est être là avec lui pour le meilleur comme pour le pire et sans éviter le pire. L’acceptation inconditionnelle du parent aux comportements toxiques passe par le fait d’évaluer avec lui objectivement ce qu’il fait. Il ne s’agit pas de lui faire les gros yeux mais de lui parler avec respect et compréhension et sans aucune compromission, sans aucun laxisme : oui, regardons ensemble, là, cette attitude (l’attitude qui est la vôtre), est bien source de souffrance pour votre enfant. Oui, parents, vous avez des problèmes dans votre relation à vos enfants, et ce qui est grave c’est que vous ne le savez pas et que plus de 80 % d’entre vous battent encore leurs enfants.
Sur un forum qui a pour thème « J’ai frappé mon enfant », un père partage : « Ce soir il est chez sa maman. Il devrait quand même venir passer un moment chez moi, car je souhaite discuter à froid de ce qui s’est passé ce matin avec lui et m’excuser tout en expliquant que la colère est un incendie qu’il a lui même allumé. » Comment cet enfant pourra-t-il entendre les excuses de son père tant que ce dernier continuera de lui dire qu’il pense que c’est lui qui a allumé l’incendie ?!
Tant que les parents toxiques ne veulent pas prendre l’entière responsabilité de leurs actes et de leurs comportements, ils ne pourront pas guérir les blessures de leurs enfants. Une parole d’un parent responsable est donc la parole d’un parent qui prend la responsabilité de ses actes en totalité : si je t’ai frappé, ce n’est pas parce que tu as fait quelque chose de mal (comment le mal pourrait-il soigner le mal ?) mais bien parce qu’il y a de la violence en moi, et je ferai – à partir de maintenant – tout ce qui est en mon pouvoir pour que cela ne se reproduise pas. Si cette parole est réparatrice pour l’enfant, c’est à la fois parce qu’elle est vraie et parce qu’elle est totalement déculpabilisante pour lui.
Certains parents aux comportements toxiques expliquent qu’il ne leur est pas toujours possible d’aller contre ce que qu’ils sont et ce qu’ils ressentent. Dans la confusion qui est la leur, ils confondent la maîtrise de soi-même avec le refoulement de ce qu’ils pensent et sont. Dans leur impuissance et leur solitude, ils croient que de se nier peut être une solution à leurs difficultés.
Il n’est jamais juste d’expliquer à son enfant que si on s’est énervé ce n’est pas de notre faute. Etre un parent aimant c’est prendre toute la responsabilité de ses actes parce qu’aimer son enfant c’est être moins sensible à sa propre culpabilité qu’aux souffrances de celui-ci, et je sais que cela peut être difficile à entendre.
Certains parents ou accompagnants au comportement toxique prétexteront une « sainte et légitime colère », sous le prétexte, par exemple, que la colère est une émotion utile et qu’elle est à l’origine de beaucoup de révolutions. Dans leur confusion, ils ne voient pas que si la colère est une émotion utile et nécessaire pour se défendre, c’est leur toxicité qui leur fait confondre se défendre et attaquer. La colère est aussi à l’origine de beaucoup d’horreurs, principalement quand elle attaque sous le prétexte de se défendre et se transforme ainsi en violence. N’avons-nous pas plus besoin de ponts que de murs dans notre relation à nos enfants ?
Trop souvent le parent toxique, contraint par ses propres démons, ne parvient pas à ce discernement, à cette clarté bienfaisante pour l’enfant, comme ce parent qui explique sur un autre forum : « J’ai toujours expliqué à mes enfants que la famille était un petit Etat qui pouvait être « policé » ou « policier » selon que les membres de la famille étaient respectueux des règles ou bien se mettaient en dehors de celles-ci en permanence créant un climat de défiance propre à la mise en place de contrôles et de sanctions policières et parentales. Une évidence qui échappe à la logique des ados. »
Il est facile de manipuler un adolescent en lui faisant croire dans un moment de tranquillité que nous avons le choix entre être policé ou policier. Or la nature aimante de la relation parent enfant se révèle au moment même où le parent, ayant justement le pouvoir de se conduire en policier, renonce à ce pouvoir (à ce rapport de force) pour lui préférer le respect et la compréhension.
L’indien Yaqui Don Juan Mathus enseigne ainsi à Carlos Castaneda : « Ceux qui t’entourent ne sont pas en tort parce qu’ils ne peuvent s’empêcher de se conduire comme ils le font. Tout est en fait de ta faute, parce que toi, qui peux t’en empêcher, tu préfères au fond les juger. »
Qui d’autre que le parent – dans la relation parent enfant – peut renoncer à ses jugements et à ses comportements dominateurs par amour pour l’autre ?
Les dernières recherches menées depuis une trentaine d’années nous montrent que l’enfant est par nature un être en développement qui dès son plus jeune âge manifeste des comportements d’entraide et de reconnaissance sans les avoir appris des adultes. Il convient donc d’accepter l’idée que l’enfant devenu sournois et menteur est un enfant qui a été contraint de le devenir sous la coupe d’un parent toxique. Dès lors, toute la dignité du parent réside dans le fait qu’il reconnaisse enfin sa maladresse, son erreur ou sa toxicité. Pourquoi préférons-nous juger nos enfants plutôt que de simplement reconnaître qu’ils sont des enfants et que nous nous laissons souvent bien trop facilement aller à l’agressivité à leur égard – parce que nous rentrons fatigués, que nous n’avons pas envie de jouer avec eux, que leurs cris et leur enthousiasme nous hérissent, en un mot qu’ils ne se comportent pas comme nous aimerions qu’ils se comportent : sagement, posément, attendant patiemment que nous soyons disponibles à eux (des comportements d’adultes responsables !) ? Sommes-nous à ce point las de vivre avec eux que nous ne pouvons que les manipuler plutôt que de nous assumer devant eux avec amour ?
En conclusion :
La pleine reconnaissance des erreurs et maladresses est toujours libératrice parce qu’elle réconcilie avec soi-même, qu’elle rééquilibre. C’est au contraire la pitié de soi-même issue de la peur d’assumer ses actes comme ses paroles qui enferme les êtres dans une culpabilité mortifère – destructrice pour eux-mêmes et pour la relation.
S’intéresser de très près au mécanisme de sa propre toxicité est juste et nécessaire. Toute personne ayant des comportements toxiques a sa propre raison de les avoir, mais tant qu’elle n’a pas reconnu et assumé sa toxicité, elle ne peut pas en devenir responsable, le changement lui devient donc interdit et pendant ce temps-là… les enfants trinquent d’autant plus qu’on leur fait croire qu’ils sont responsables du comportement de l’adulte.
S’il est possible, pour un ex enfant maltraité de devenir un parent aimant, ce ne peut être que parce qu’il aura préalablement objectivement reconnu l’aberration de ses comportements agressifs pour l’enfant.
Il est donc capital pour un parent d’oser se confronter à ses comportements toxiques non pas pour en culpabiliser, mais pour en devenir responsable puisque la reconnaissance de sa responsabilité est à l’origine du changement possible de ses comportements. Cette lucidité, cette propension à « oser voir en face les choses telles qu’elles sont », est en effet le point de départ d’un changement réel pour le parent qui veut briser la malédiction des générations précédentes. Le reste n’est que du bricolage qui conforte et justifie l’ego totalitaire et tentaculaire du parent toxique en le légitimant dans ses émotions et ses comportements les moins adaptés : l’agressivité et la violence.
De même qu’il existe des parents qui pensent que leurs enfants « cherchent » des claques, il existe des parents qui pensent éduquer leurs enfants quand ils les battent systématiquement. Eve Ricard dans son ouvrage La Dame des mots (Editions NiL, 2012), raconte : « Ils donnaient à leurs enfants des baffes à leur dévisser la tête, et quand on leur a dit : « Vous ne devriez pas frapper vos enfants », le père a répondu : « Mais je ne les frappe pas… je n’ai pas de bâton ! »
Tant que les parents n’oseront pas reconnaître leur toxicité en face, nous continuerons de vivre dans un monde suffisamment flou pour que l’humiliation, l’agressivité et la violence continuent d’être présentés comme des moyens éducatifs.
Il existait des cultures traditionnelles pour qui le simple fait de toucher un enfant représentait un interdit infranchissable. Il se trouve que la nôtre (en tous cas en France) a perdu cette dignité-là et que l’ayant perdue, ses membres se retrouvent à tenter de justifier des actes qui ne peuvent pas l’être. Bien sûr que si ces actes ne peuvent pas l’être, ce n’est pas pour autant que ceux qui les commettent ne peuvent pas être compris.
Parents toxiques, nerveux ou fatigués, plus votre égocentrisme sera prégnant, plus votre morale vis-à-vis de votre enfant sera relâchée. Ne culpabilisez pas de votre toxicité, osez plutôt regarder en face les regards apeurés de vos enfants, puis osez vous ouvrir à ce que cela vous fait. C’est en osant pleinement le ressentir que vous trouverez une réponse alternative à votre toxicité, une réponse aimante, gouvernée par la finesse de votre ressenti et de votre amour.
Notes :
- * Voir mon article « à propos des parents aux comportements toxiques » :
- * Voir à ce sujet mon article « Culpabilité et amour de soi » :
- * Carl Rogers « Le développement de la personne. » Editions Dunod.
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Pour en savoir plus à propos de la culpabilité, vous pouvez aussi lire sur ce site :
- Comment sortir de sa toxicité de parent ?
- Comment gérer celui qui dit du mal de nous ? Sommes-nous volontairement méchants ?
- Pourquoi un travail thérapeutique ?
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