Apprendre à le reconnaitre en soi pour arrêter de lui obéir
Vous êtes nombreux (plusieurs centaines de personnes par jour), depuis des années, à lire mes deux articles : A propos des parents aux comportements toxiques[1] et Comment parvenir à guérir de son enfance ?[2] , et pour certains d’entre vous (plus de 600 à ce jour), à avoir ressenti le besoin de partager votre propre vécu d’enfant, le plus souvent dramatique.
Nous vivons dans un monde où le sujet de la mère toxique et maltraitante est encore tabou. Une lectrice m’écrivait récemment que quand elle partageait l’histoire douloureuse de son enfance avec ses amies, ces dernières excusaient le plus souvent sa mère (pourtant maltraitante) en justifiant ses actes et en refusant d’admettre que c’était bien elle (et non sa fille) qui était toxique et avait un problème.
Comme si le seul fait d’être parent excusait tout. Comme si le quatrième commandement de la Bible « Tu honoreras ton père et ta mère », nous obligeait – même inconsciemment – à cautionner les dysfonctionnements de nos parents.
Tout récemment, j’ai été touché par la lucidité de Johanne dans son partage à propos de son enfance brisée, et par la manière dont elle expose les répercussions des maltraitances subies dans sa chair jusqu’à aujourd’hui.
Mon intention, dans ma réponse à son témoignage, n’est pas de dire ce qu’il faut faire à des personnes qui se débattent dans leurs souffrances depuis si longtemps, mais de pointer du doigt ce qui m’apparaît comme un préalable au travail de connaissance de soi-même : la remise en cause de sa propre identification à son enfant intérieur[3] (concept développé dans ma réponse).
Après tout, si une personne reconnaît avoir été conditionnée par des parents toxiques, il ne devrait pas lui être si difficile d’admettre – au moins intellectuellement au début – que ses jugements et ses ressentis à propos d’elle-même sont faussés.
Voici donc quelques pistes de réflexion à partir desquels pourront – du moins je l’espère – se développer des prises de conscience. Car je crois que c’est de prise de conscience en prise de conscience qu’un être à l’enfance brisée par des parents toxiques pourra – pas à pas – se reconstruire.
Le témoignage de Johanne :
Il me semble que la colère est le seul moyen que mon être ait trouvé pour survivre au désespoir, au vide.
Le manque, la tristesse, la douleur, la terreur, le sentiment d’abandon, la solitude extrême, ont creusé chaque jour un peu plus le gouffre immense au milieu de ma poitrine.
Sans défenses, comme un radeau jeté au milieu de la mer déchaînée.
Incomprise, pas écoutée, pas entendue, secouée dans ma chair, jusque dans mes os, jusque dans mon âme.
Pleine d’amour et de curiosité et pourtant brutalisée, humiliée, battue.
Brisée l’insouciance, l’émerveillement, la candeur, la joie de vivre.
Restent les rêves, l’imaginaire, les fantasmes… la « non-vie ».
L’espoir d’une existence plus douce.
Et cette question qui me hante, sans cesse: « Pourquoi ? »
« Pourquoi me fais-tu du mal ? »
« Pourquoi veux-tu me faire peur ? »
« Pourquoi ne ressens-tu pas ma souffrance ? »
« Pourquoi n’entends-tu pas mon appel au secours ? »
« Pourquoi ne m’as-tu pas protégée de toutes tes forces ? »
« Pourquoi n’as-tu pas su m’aimer ? M’aimer telle que je suis. »
« Pourquoi m’as-tu toujours fais sentir que j’étais un fardeau et pas un cadeau ? »
Petit à petit l’élan de vie a donné place à l’instinct de survie.
Colère, haine, violence, défiance, méfiance, frustration, destruction, autodestruction, montent en moi comme un relent d’acide.
Et encore aujourd’hui, 35 ans après, la douleur toujours aussi vive, la plaie purulente, béante.
Les images cauchemardesques, les larmes, toujours les larmes, tellement de larmes…
Ces images qui me martèlent, me réveillent la nuit.
Comme des épisodes qui tournent en boucle, pour quoi faire ?
Que cherche à me faire comprendre mon inconscient ?
Au niveau professionnel, comme familial avec mes enfants, je ne fais pas confiance.
Pas confiance en mes jugements, mes intuitions, mon ressenti. Ce qui m’enlève toute réactivité, étant donné que je dois prendre un temps (long) de réflexion pour tout.
Exigence énorme, je dois être parfaite et tout doit être comme je le conçois. Et comme ce n’est pas possible (et qu’une part de moi-même résiste à cette exigence), en découlent des angoisses terribles et de la frustration et donc de la colère.
Je ne me sens pas capable de faire beaucoup de choses et donc je me limite beaucoup sur les voies possibles.
J’ai peur d’explorer.
Anesthésiée pendant 10 ans aux antidépresseurs, j’ai mis un couvercle sur la marmite brûlant, mais là le sevrage est rude mais libérateur à la fois.
Non, je suis loin d’avoir digéré mon enfance.
Elle me révolte, me dégoûte.
Commence le deuil de l’enfance que je n’aurai jamais.
Ma réponse :
Un enfant a besoin d’amour et de respect pour se développer harmonieusement. Quand il n’a pas pu grandir dans ce terreau propice à son épanouissement, il court le risque, une fois devenu adulte, de rester bloqué sur ce qu’il n’a pas reçu, de rester bloqué sur la maltraitance dont il a été la victime. Tel un automate qui répète automatiquement le même geste, il se focalise sur ses blessures et ses manques et, hagard, il les rejette.
Beaucoup de personnes ont peur de se mettre à l’eau sans avoir préalablement appris à nager, inconscientes que leur conception des choses les condamne à ne jamais pouvoir apprendre. De même, tant que les personnes victimes de maltraitance pensent qu’elles auraient eu besoin d’une enfance heureuse pour pouvoir commencer à exister, elles se condamnent à l’immobilisme.
Pourquoi ? Parce que tant que nous sommes persuadés d’avoir besoin de ce que nous n’avons pas eu pour avancer, nous ne pouvons que rester sur place. Il nous faut donc faire attention à ne pas tomber dans le piège qui consiste à mettre ce que nous ne sommes pas pour le moment comme préalable nécessaire à notre évolution.
Pour pouvoir apprendre à nager, il faut nécessairement se mettre à l’eau ; de même, pour pouvoir être heureux, il faut oser se respecter et ne pas se bloquer indéfiniment dans la croyance qu’il nous aurait fallu une enfance différente pour pouvoir y prétendre.
Car c’est en croyant pouvoir être heureux que nous y parviendrons et non en ressassant interminablement nos bonnes raisons de ne jamais pouvoir l’être.
Cela revient à sentir et comprendre que notre drame ici maintenant est davantage notre identification à notre passé que ce qui nous est réellement arrivé de tragique dans ce passé. C’est cette identification (à un manque) qui est le véritable obstacle à la détente et à la paix. Car une personne qui pense que – pour se sentir capable d’agir en se respectant – elle aurait eu besoin d’avoir été aimée, se laisse définir par son manque en s’identifiant à lui.
Un enfant qui n’a pas reçu amour et respect ne se développera pas harmonieusement, il aura de fortes chances de devenir un adulte dysfonctionnel à la fois douloureux et bancal, mais il existe un moyen de ne pas rester éternellement identifié à son enfant désemparé.
Le plus souvent nous n’avons pas conscience que la manière dont nous travaillons à correctement nous situer par rapport à nous-même tel que nous sommes aujourd’hui plutôt que par rapport à nos blessures d’hier est très importante, et c’est le premier point.
Je répondais récemment à une personne que le jour où elle se prendrait pour la femme adulte qu’elle est en réalité, un être humain qui ne peut pas recevoir de l’amour de son parent parce que ce dernier ne peut pas lui en donner, elle en chercherait là où il y en a.
Les questionnements tragiques qui hantent Johanne parlent de la douleur et de l’injustice que la part d’elle-même à laquelle elle s’identifie (sans en avoir conscience) ressent.
Cette part, c’est l’enfant, la petite fille en elle – qui lui interdit de prendre du recul comme de mettre du sens sur son vécu puisque (par définition) un enfant ne peut être qu’en demande.
En réalité, je dis bien en réalité , il n’y a pas de réponse à cette question du « pourquoi ? » De même qu’il n’y a pas de réponse au fait qu’un enfant meure. (Vous pouvez lire à ce propos mon article : La vie n’est pas injuste mais elle est cruelle[4]). Des parents dont le rôle est de protéger leurs enfants les maltraitent, et même si – socialement – il est évidemment juste de tout mettre en œuvre pour que cela ne se produise ou reproduise pas, cela se produira encore, c’est ainsi. La vie est cruelle, indéniablement, ce qui revient à dire que nous ne pouvons pas échapper à son côté sombre.
C’est l’enfant en nous qui se sent condamné à ne jamais être aimé, et tant que nous le laissons faire la loi en nous, nous resterons sa victime. Victime d’un enfant que nous ne sommes plus.
Ne plus le laisser faire la loi demande un constant travail de discrimination. Il s’agit d’investiguer ses pensées inlassablement en se posant la question : « qui en moi pense cela ? » afin de peu à peu obtenir une distinction claire entre l’adulte et l’enfant.
A travers les questions qui hantent sans cesse Johanne et qu’elle adresse à ses géniteurs, il y a le désespoir fou d’un adulte devenu incapable d’affronter la cruauté de la vie (parce qu’il s’identifie à l’enfant qu’il a été) et qui répète inlassablement à sa mère (ou à son père) : tu aurais dû m’aimer, me comprendre et ressentir ma souffrance parce que j’étais et même je suis toujours ton enfant.
Et nous sommes d’accord que si les parents incapables d’aimer n’existaient pas, les parents toxiques n’existeraient pas non plus. Toute personne ayant été confrontée à des parents toxiques doit un jour voir en face que ses parents ont été incapables de se remettre en cause pour elle, incapables de l’aimer telle qu’elle était, afin de pouvoir un jour parvenir à faire le deuil de son désir d’avoir eu des parents adéquats.
La plupart du temps les personnes identifiées à leur enfant intérieur ont peur de réaliser que leur parent toxique (même devenu vieux) ne changera pas (le changement demeurant vraiment exceptionnel), elles espèrent toujours un changement contre toute évidence et se perdent en continuant à se situer en enfant de 30, 40 ou 50 ans par rapport à eux.
C’est l’enfant qui continue de frapper désespérément à la même porte en espérant vainement qu’elle s’ouvrira. L’adulte – lui – cherche et trouve une (autre) porte qui – elle – a plus de chances de s’ouvrir.
Aussi douloureux que ça ait été pour la personne, aussi douloureux que ça le soit encore aujourd’hui, c’est ainsi.
Il ne faut pas prêter allégeance à la croyance fausse qu’on doit absolument être aimé et compris par ses parents et que ce sera certainement possible si nous réussissons à bien nous y prendre avec eux. Car cela ne fait que nous bloquer dans le passé.
La condition pour qu’une personne qui a été maltraitée revive est de lui permettre d’accéder à sa vie « après la maltraitance ».
Digérer son passé, ce n’est pas l’oublier ou lui être infidèle – un passé de maltraitances ne s’oublie pas – mais c’est arriver à l’intégrer parce qu’il a été tel, ce qui est inéluctable. C’est, pour Johanne, parvenir à convenir que non seulement elle n’a pas eu les parents dont elle aurait eu tant besoin mais aussi qu’elle ne les aura jamais.
Le second point est donc pour elle de travailler, jour après jour, à commencer à intégrer ce qui ne dépend pas d’elle.
Ayant intégré ce qui ne dépend pas de nous, il nous deviendra possible de nous ouvrir à ce qui dépend de nous, ce qui revient à découvrir – pas à pas – que la toxicité des comportements de nos parents ne prouve en rien que nous en soyons la cause et plus encore, découvrir qu’elle ne nous définit en rien.
Regardons les choses de plus près : s’il est vrai que la maltraitance est cruelle, il nous faut considérer avec bonne foi qu’elle ne parle en rien de nous, qu’elle s’est manifestée contre nous mais qu’elle ne nous concerne pas, qu’elle est la conséquence de la toxicité de nos parents et non pas d’une faute que nous aurions commise. Johanne n’a en effet pas « mérité » que ses géniteurs lui fassent du mal, qu’ils lui fassent peur, qu’ils soient restés insensibles à sa souffrance et à ses appels au secours, qu’ils n’aient pas su la protéger, en un mot qu’ils n’aient pas su l’aimer telle qu’elle était. De cela Johanne n’a rien voulu, elle en est complètement innocente.
Cette innocence est contredite le plus souvent par la petite fille en elle qui – parce qu’elle est la proie de ses besoins affectifs insatiables – se demande (à tort) ce qu’elle a bien pu faire pour avoir été si mal aimée.
En fait, un véritable adulte (qui n’obéit plus à son enfant intérieur) ne s’occupe que très peu des raisons pour lesquelles son parent continue d’avoir un comportement abusif et toxique vis-à-vis de lui, il songe essentiellement à s’en protéger, au besoin en lui imposant des limites. Mais les enfants en sont le plus souvent incapables parce qu’ils pensent généralement (et s’ils le pensent c’est parce qu’on le leur répète) que s’ils ont été punis ou maltraités c’est parce qu’ils ont fait quelque chose de mal.
Un enfant qui aurait le choix entre penser qu’il est mauvais ou que son parent est mauvais, préfèrerait la plupart du temps penser que c’est lui qui est mauvais parce que convenir que celui qui détient sa survie est mauvais lui est intolérable.
Dans une relation à des parents toxiques nous croyons facilement avoir perdu notre innocence, autrement dit que nous sommes mauvais, donc coupables. Or ce ne sont pas tant les maltraitances qui traumatisent, mais bien l’interdiction de les considérer comme telles. Nous nous sentons coupables parce que nous pensons que ce serait être mauvais que de les reconnaitre. Retrouver son innocence c’est pouvoir reconnaître le mal comme un mal, condition sine qua non pour en guérir. Il va donc nous falloir réhabiliter patiemment cette innocence, et ceci est le troisième point.
Si Johanne fait ce travail avec rigueur – malgré la souffrance qu’elle a endurée – elle va découvrir qu’elle n’est pas mauvaise, qu’elle a le droit et la légitimité (aujourd’hui d’autant plus qu’elle n’en a pas eu le droit hier), de cesser de croire en sa culpabilité. En même temps, elle conviendra intérieurement qu’elle peut cesser de porter le poids de ce lourd héritage passé, elle se désidentifiera de la petite fille coupable en elle qu’elle ne sera plus.
Ce cheminement n’est pas une petite affaire, il n’est rendu possible qu’à celui ou à celle qui a traversé sa souffrance, c’est-à-dire celui ou celle qui ose ne pas en rester l’otage. En rester l’otage c’est continuer, de manière égocentrique, d’entretenir en soi l’idée fausse que ce qui nous est arrivé est injuste et que ça n’aurait pas dû nous arriver[5].
Gérer son égocentrisme c’est comprendre que ce que nous trouvons injuste est en réalité cruel, à des degrés divers, que cela existe partout et ne nous concerne pas exclusivement.
En réalité, arrêter de se croire spécial(e) est intéressant parce que cela permet de sortir de ses croyances mortifères à propos de soi-même en osant faire peu à peu confiance à ses intuitions et ressentis. Arrêter de s’en méfier sous le prétexte qu’on ne serait pas fiable parce qu’on ne nous a pas cru quand nous étions enfant.
Plus encore c’est découvrir qu’en ne se faisant pas confiance et en croyant devoir être parfait(e), on se comporte – ici maintenant – comme si on était encore en train d’obéir à ses géniteurs toxiques.
Cette prise de conscience est un formidable encouragement pour une personne déterminée à réformer ses croyances sur elle-même et c’est notre quatrième point.
Quand Johanne partage : « Je ne me sens pas capable et j’ai peur d’explorer », sa sensation d’incapacité comme sa peur sont complètement légitimes. Ayant été pendant si longtemps bridée et convaincue de sa nullité, comment pourrait-elle trouver en elle une facilité à entreprendre ? Il est normal (et la reconnaissance de cette normalité est à la mesure de sa propre bienveillance vis-à-vis d’elle-même) que l’exploration de sa propre enfance douloureuse lui demande énormément de force et de courage. Normal qu’elle se donne des temps de ressourcement et veille à faire à son rythme ce chemin vers la connaissance d’elle-même.
Il y a une vraie différence entre une personne qui refuse d’affronter ses peurs et une personne qui s’octroie un temps de répit dans les moments les plus douloureux.
De cela aussi, et ce sera notre cinquième point, il lui faut tenir compte en étant à l’écoute patiente d’elle-même sans céder au découragement.
Quand Johanne s’interroge à propos de ces images de maltraitance qui la « martèlent » en la réveillant la nuit, elle se demande quel message son inconscient cherche à lui délivrer. Et c’est la bonne question à se poser. Si ces images la hantent, la harcèlent, c’est parce qu’elles n’ont pas encore été assez explorées et qu’elles gardent leur pouvoir fascinateur. Elles mobilisent donc son inconscient qui lui ne vit que dans le présent, et qui les lui ressert à travers ses cauchemars.
D’ailleurs elle convient elle-même qu’elle a peur d’explorer. Et c’est pourtant à cela qu’elle est conviée. Pour se désensibiliser des images de maltraitance qui nous assaillent, il faut investiguer très précisément ses souvenirs (même les plus douloureux, surtout ceux-là) afin que peu à peu ils perdent de leur charge émotionnelle. On pourrait comparer ce travail à un déminage[6]. Une fois le souvenir traumatique (la mine) revenu à la clarté de la conscience, il est « déchargé ».
Ce travail de déminage est très difficile à accomplir seul(e), il se fait avec un « allié », un thérapeute avec lequel il sera possible de comprendre et de légitimer ses émotions, ses sensations comme ses réactions.[7]
Ce travail est une véritable remise en ordre (en cohérence) de ce qui a été subi afin que les comportements destructeurs du parent toxique soient enfin vus pour ce qu’ils sont, des abus et des maltraitances, et cela constitue notre sixième point.
C’est en travaillant sur ces six points que nous prendrons conscience, petit à petit, que nous ne sommes plus aujourd’hui, ici et maintenant, cet enfant auquel il peut nous arriver de nous identifier encore par moments et que – nous libérant peu à peu de lui – nous devenons la femme ou l’homme que nous sommes en réalité.
Aujourd’hui – prenant la complète mesure de ce qu’elle a vécu – Johanne convient qu’elle est au stade de la colère, un stade extrêmement précieux dont il n’est pas possible de faire l’économie. Attention à ne pas se tromper de cible en déplaçant la saine colère[8] contre ses géniteurs (qui libère les souvenirs enfermés dans l’inconscient par le refoulement), en colère contre soi-même. Il s’agit de faire un bon usage de sa colère de femme qui remet ses émotions à leur juste place et qui en même temps sait que sa vie à elle est ailleurs (que dans la relation à ses parents.)
Et, comme Johanne le pressent si judicieusement, pour pouvoir un jour digérer son enfance, il lui faut commencer par faire le deuil de l’enfance qu’elle n’aura jamais , l’enjeu du travail thérapeutique de connaissance de soi-même commence par cela et c’est à ce prix qu’elle accédera à son vrai soi.
En résumé, les 6 points pour apprendre à se désidentifier de son enfant intérieur :
- Se situer par rapport à soi-même aujourd’hui plutôt que par rapport à ses blessures d’hier car nos blessures ne nous définissent pas.
- Intégrer ce qui ne dépend pas de soi : si mon parent a eu un comportement toxique, c’est ainsi, je ne pourrai pas le changer.
- S’ouvrir à son innocence originelle, c’est convenir que les maltraitances parlent de ceux qui les pratiquent et apprendre à reconnaître le mal comme un mal.
- Se faire confiance en sortant de son identification à la victime maltraitée qu’on a été.
- Se souvenir d’être bienveillant avec soi-même, c’est-à-dire ne pas céder au découragement ni à l’impatience, donc apprendre à les voir à l’œuvre en soi.
- Remettre ses souvenirs en cohérence en se faisant accompagner par un thérapeute compétent et bienveillant.
Notes :
[1] Lire mon article : À propos des parents aux comportements toxiques
[2] Lire mon article : Comment parvenir à guérir de son enfance ?
[3] Lire sur Wikipédia l’histoire du concept : Enfant intérieur
[4] [5] Lire mon article : La vie n’est pas injuste mais elle est cruelle
[6] Métaphore utilisée par Murielle Salmona dans son ouvrage Le Livre noir des violences sexuelles
[7] Lire mon article : Pourquoi un travail thérapeutique ? De quoi s’agit-il ?
[8] Lire mon article : Oser la colère, oser être vrai avec soi-même
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Ma formation première est celle d’un philosophe. Il est possible que les idées émises dans ces articles vous apparaissent osées ou déconcertantes. Le travail de connaissance de soi devant passer par votre propre expérience, je ne vous invite pas à croire ces idées parce qu’elles sont écrites, mais à vérifier par vous-même si ce qui est écrit (et que peut-être vous découvrez) est vrai ou non pour vous, afin de vous permettre d’en tirer vos propres conclusions (et peut-être de vous en servir pour mettre en doute certaines de vos anciennes certitudes.)