Question de Dominique :
Commercial à Neuilly-sur-seine, France.
Je suis un homme de 48 ans divorcé ; chaque fois que j’ai ma mère au téléphone, elle a le « don » de pointer du doigt ce qui ne va pas, ou ce que je n’ai pas fait ou bien fait, ma négligence vis-à-vis de mes enfants, mon laisser aller…
Bref elle me fait culpabiliser et cela me perturbe énormément à un point tel que je manque d’estime de moi et donc me sens en permanence en infériorité.
Comment sortir de ce piège qui me détruit ?
Ma réponse :
Le rôle d’une mère est de développer pour ses enfants, adultes ou non, un amour tel qu’ils se sentent aimés « tels qu’ils sont »… car c’est ainsi qu’ils pourront – notamment dans les inévitables moments de crise et de remise en cause qu’ils vivront – continuer de développer leur confiance en eux.
Une mère qui téléphone régulièrement à son fils de 48 ans pour lui faire des reproches sur la manière dont il mène sa vie n’est pas une mère qui le respecte mais une mère qui (peut-être sans le savoir donc inconsciemment) projette son énergie mortifère sur lui ?
Si vous n’avez jamais – au cours de votre vie – osé remettre en cause le jugement de votre propre mère sur vous-même, vous ne pouvez qu’en être la victime. Peut-être vous dites-vous depuis toujours qu’aimer votre mère, c’est croire que ce qu’elle dit de vous est vrai ? Si tel est le cas, vous êtes dans la confusion car penser que de ne pas écouter et croire ses jugements sur vous c’est la désaimer ou lui manquer de respect, vous contraint de souffrir de ses projections négatives, sans jamais pouvoir les remettre en cause.
Nous avons tous été bombardés – dès le premier jour de notre naissance – par des suggestions négatives de nos parents et éducateurs qui nous limitent, et vous semblez l’avoir été fortement par votre propre mère.
La première idée que vous vous êtes faite de vous-même provient des personnes qui vous ont mis sous leur influence et ces personnes s’appellent principalement vos parents. Si des liens affectifs solides et positifs se sont créés avec eux (et en particulier avec votre mère) et que ceux-ci vous ont respectés, une saine estime de vous-même pourra s’élaborer. Si ce n’est pas le cas, le sentiment que vous aurez de vous-même sera à la fois négatif et déficient.
C’est parce que l’idée que vous vous faites de vous-même – aujourd’hui encore – est déficiente que vous vous retrouvez sans défense face aux projections négatives de votre vieille mère tentaculaire, vous êtes condamné à la croire donc à vous culpabiliser quand elle vous culpabilise.
Dépendant que vous étiez (enfant) de votre besoin de lui plaire (n’oubliez pas qu’elle détenait, à cette époque, votre survie), vous n’avez jamais songé à remettre en cause son autorité sur vous… et ceci semble perdurer jusqu’à aujourd’hui où, quand elle se permet de déverser ses critiques et jugements négatifs à votre égard et ceci dans vos propres oreilles, vous ne pensez même pas possible de mettre une limite à ses exactions, pire vous devenez « sa chose », vous êtes « en son pouvoir » : c’est ainsi que parce qu’elle n’a pas d’estime de vous, vous perdez votre propre estime de vous, et que parce qu’elle vous juge « inférieur » ou incapable, vous vous pensez « inférieur » ou incapable.
Peut-être ce temps est-il aujourd’hui révolu pour vous, homme de 48 ans, qui prend conscience, qu’il est depuis si longtemps dans « un piège qui le détruit », pour reprendre votre très juste expression.
Être dans un piège, c’est aussi se laisser piéger et voir qu’on se laisse piéger c’est le commencement du respect dû à soi-même.
Oui, regardez les choses en face : votre propre mère exerce son pouvoir contre vous. Allez-vous la laisser faire ? Allez-vous vous confiner dans ce rôle de victime pourtant si douloureux pour vous ? Croyez-vous que c’est en vous laissant culpabiliser de vos négligences, en pactisant avec celle qui ne vous veut pas du bien, avec celle qui veut vous faire croire que vous n’êtes jamais à la hauteur des situations qu’il vous est donné de vivre, que vous vous aiderez vous-même à les surmonter ?
Un être humain n’accepte d’être culpabilisé ou persécuté par un autre que parce qu’il donne intérieurement son assentiment à ce que pense de lui cet autre. C’est parce que vous vous pensez misérable que vous vous laisserez culpabiliser par ceux qui vous jugeront misérables.
Il vous reste donc – puisque vous avez commencé à remettre en cause la véracité du jugement de votre mère – à découvrir comment elle s’y est prise, depuis si longtemps, pour vous piéger. Cela vous demandera du courage et de la résolution mais c’est à ce prix que peu à peu vous pourrez vaincre les démons qu’elle projette sur vous.
© 2009 Renaud PERRONNET Tous droits réservés.
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Ma formation première est celle d’un philosophe. Il est possible que les idées émises dans ces articles vous apparaissent osées ou déconcertantes. Le travail de connaissance de soi devant passer par votre propre expérience, je ne vous invite pas à croire ces idées parce qu’elles sont écrites, mais à vérifier par vous-même si ce qui est écrit (et que peut-être vous découvrez) est vrai ou non pour vous, afin de vous permettre d’en tirer vos propres conclusions (et peut-être de vous en servir pour mettre en doute certaines de vos anciennes certitudes.)