Comment aider mon mari qui m’agresse ?

Question posée par Moscou :

Je cherche le professionnel qui pourra aider mon conjoint à gérer son agressivité (jusqu’aux violences conjugales) qu’il justifie par son diabète type 1.

A qui nous adresser ?

Comment faire ?

Mes pistes de réponse :

Il est vrai que des études ont mis en évidence que – dans certains contextes psychologiques – le diabète peut être la cause de problèmes émotionnels qui mènent à l’anxiété, à l’irritabilité et même à la dépression.

Une maladie, quelle qu’elle soit, oblige toujours un être à faire le deuil d’un aspect de lui-même. Ce deuil peut s’accompagner de résistances et de refus d’autant plus possiblement dangereux pour l’entourage, qu’ils surprennent en les accablant, ceux qui ne parviennent pas à les vivre en les acceptant, les rendant par là-même souvent agressifs, parfois même violents.

Le diabète peut donc être la cause de changements d’humeur chez votre mari qui peut devenir, suivant les moments, agressif ou apathique et cela de façon temporaire ou durable. Une apathie que l’on espère temporaire peut aussi mener à un trouble dépressif majeur.

L’anxiété, quant à elle, est souvent liée à la peur de l’hypoglycémie et de ses complications. Ainsi une expérience d’hypoglycémie peut entraîner beaucoup d’inquiétude, en particulier dans le cas de l’hypoglycémie nocturne qu’il faut apprendre à diagnostiquer pour l’anticiper.

Comme pour n’importe quelle perte ou bouleversement, votre mari a certainement besoin de parler à une personne neutre en qui il aura mis sa confiance – un(e) psychologue qu’il pourra consulter dans un cabinet privé ou un Centre Médico Psychologique (CMP) – de manière à pouvoir petit à petit parvenir à accepter sa maladie et ses contraintes, sans que vous en fassiez les frais – vous son épouse – à travers son humeur et ses comportements.

En même temps, je veux attirer votre attention sur le fait qu’il peut y avoir quelque chose de paradoxal dans votre besoin de chercher à aider votre mari qui vous agresse : il ne faudrait pas que son diabète devienne une justification à des violences conjugales exercées contre vous.

Vous devez donc préserver votre sens du discernement, votre sens de la limite. Il ne faudrait pas que sachant actuellement ce que vous ressentez et vivez grâce à votre capacité à l’identifier, vous vous laissiez manipuler par votre conjoint (processus d’emprise) donc que vous deveniez sa victime, sous le mauvais prétexte de sa maladie.

Il faut savoir que l’emprise est aujourd’hui reconnue par les juges comme la conséquence d’un schéma spécifique de violence (un processus de colonisation psychique), dans lequel l’un des partenaires soumet l’autre à sa domination et lui retire son libre-arbitre.

Avez-vous testé la bonne volonté de votre mari à se faire soigner ? Autrement dit ce désir de l’aider qui est le vôtre est-il son besoin à lui ? Si oui, tout est bien, il vous reste à aller de l’avant en l’accompagnant, en l’encourageant dans son désir de consulter ; si non, il faut vous mettre en alerte en cherchant à vous protéger de lui.

Vous conviendrez que la démarche n’est pas du tout la même.

Comprenez que quelle que soit la souffrance qu’un être endure, sa maladie ne peut ni ne doit jamais être un prétexte à faire vivre des violences à un autre.

Sachez que la loi française de février 2023 a créé une aide universelle d’urgence pour les victimes de violences conjugales, vous en saurez plus en cliquant sur ce lien.

Vous pourriez donc – puisque votre partage montre que vous pourriez en avoir besoin – commencer par déposer une main courante auprès des services de police ou de gendarmerie pour déclarer les violences que vous avez subies, et ceci sans nécessairement pour autant porter plainte contre lui, si vous ne souhaitez pas le faire pour le moment.

Un simple signalement pour violences est parfois très utile pour permettre à un conjoint violent de réaliser qu’il a dépassé les bornes du respect qu’il doit impérativement à l’autre. Il peut donc être nécessaire de rappeler à votre conjoint qu’en 2023, les violences conjugales sont réprimées par la loi, et que s’il enfreint la loi, vous êtes déterminée à utiliser la loi pour vous défendre.

Vous pouvez aussi trouver conseil en vous rapprochant d’une association qui lutte contre les violences conjugales, vous en trouverez la liste sur cette page.

L’important est certainement que vous parveniez à trouver un équilibre lucide entre votre besoin de vous protéger de votre conjoint et votre désir de l’aider.

© 2023 Renaud Perronnet. Tous droits réservés.

Pour aller plus loin, je vous invite à lire :


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2 Commentaires
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Marco

La tendance générale, depuis un certain temps, est de considérer les coupables en victimes, et donc les victimes en coupables. Cette confusion des sentiments a tellement imprégné le public qu’on en arrive à des aberrations telles que celles qui sert de titre à cet article. La vraie question est : comment me protéger et protéger mes enfants de mon mari violent ?
La question telle qu’elle est posée (comment aider mon mari violent ? ) en amène une autre : pourquoi est-ce que je reste avec un mari violent ?

Martine

Bonjour, Ce n est pas facile à vivre , mon mari malade a des moments aussi d agressivité , je l aime et je voudrais tellement l aider dans sa maladie. Nous avons 38 ans de vie commune. 38 années que l on vit ensemble , cela ne s oublie pas comme ça. Je suis épuisée . Me sentant lasse, savez-vous ce que mon mari a fait ! Il a fait venir le notaire à la maison , pour éventuellement vendre la maison et nous installer en maison de Retraite !! J ai 67 ans et je me vois mal… Lire la suite »