Question de Karine :
Je suis maman d’une petite fille de 5 ans et demi, nous avons fait face à un deuil au mois de décembre une arrière grand mère, le jour même de l’annonce j’ai préférée lui dire avec douceur et convictions religieuses, lui expliquant qu’elle était malade et que c’était préférable pour elle, qu’elle ne souffrirait plus. Mais depuis un certain temps elle me pose des questions, est elle vraiment morte ? Je ne veux pas que tu meures maman ? J’ai peur qu’elle est été secouer par ce décès. A part ces questions je ne vois aucun autre trouble, ses dessins sont vivant remplient de couleur. Dois-je m’inquiéter de toutes ces questions ?
Merci pour vos commentaires.
Ma réponse :
Pourquoi devriez-vous vous inquiéter de la découverte de la nature impermanente des êtres et des choses par votre petite fille ?
La seule chose à laquelle vous devez être attentive est la manière dont ceux qui lui parlent (à commencer par vous qui l’aimez) s’adressent à elle en lui faisant percevoir les angoisses qui sont les leurs, notamment à propos de la mort.
Les angoisses et les peurs des adultes sont très communicatives aux enfants qui ressemblent émotionnellement à des éponges.
Vous avez expliqué à votre enfant que son arrière grand-mère était malade et que de mourir était préférable pour elle, soit, il n’en reste pas moins que vous ne lui avez pas expliqué ce qu’était la mort…
En fait, expliquer à un enfant ce qu’est la mort est à proprement parler impossible puisque personne n’en est jamais revenu pour la décrire. Le doute est toujours possible même vis-à-vis de ceux qui prétendent en être revenu. Qui peut être certain que c’est bien de la mort dont il s’agit ?
La seule chose dont nous puissions être certains c’est que nous mourrons, donc que c’est une bonne chose pour nous, de nous familiariser avec elle.
C’est ainsi que vous vous retrouvez devant la belle opportunité de commencer de familiariser votre petite fille avec elle. Remarquez que si votre propre refus émotionnel de la mort de l’autre est plus grand que votre désir de profiter de l’opportunité de familiariser votre enfant, elle le sentira et – comme une éponge – absorbera vos craintes, vos peurs ou votre révolte.
Votre petite fille vous demande si son arrière grand-mère est vraiment morte, mais que se représente-t-elle de la mort dans sa petite tête d’enfant de 5 ans ½ ? Vraisemblablement ce que vous y avez mis. Lui avez-vous dit que son arrière grand-mère était au ciel ? Sans doute essayera-t-elle de regarder le ciel pour l’y retrouver, comme cette femme que j’ai personnellement connue et qui pendant très longtemps, les soirs de nostalgie, apposait une échelle le long du pignon de sa maison pour essayer de voir si – par hasard – la personne aimée ne passerait pas par là…
Pourquoi ne pas lui parler simplement des choses que nous ne connaissons pas ? Ton arrière grand-mère est morte, cela veut dire que nous ne la reverrons plus jamais, de cela nous pouvons être certains. Tout ce que nous pouvons faire c’est de garder son souvenir précieusement dans notre cœur parce que nous l’aimons (et c’est à partir de là que vous oserez évoquer son souvenir sans crainte.)
Tu me demandes si je vais mourir ? Bien sûr, nous allons tous mourir donc partir un jour, toi, comme moi, et je souhaite comme toi que ce soit le plus tard possible. Pouvez-vous lui dire cela avec un doux sourire parce que vous l’aimez et que c’est la vérité ?
Les questions de votre petite fille sont donc parfaitement naturelles et normales, ne confondez pas votre peur (à vous) qu’elle n’ait été secouée par ce décès, avec ses interrogations à elle. Ses dessins sont « vivants et remplis de couleurs » dites-vous, qu’est-ce qu’une maman peut espérer de mieux pour sa petite fille ?
Souvenez-vous juste que de l’aimer n’est pas seulement devoir la protéger, c’est aussi, peu à peu, devoir une seconde fois, la mettre au monde afin que le jour où vous partirez vous aussi, elle puisse se souvenir que c’est la loi de la vie : « tout ce qui vient s’en va » et qu’ainsi elle puisse vivre sa douleur et sa peine, sans risquer d’être détruite.
© 2008 Renaud PERRONNET Tous droits réservés.
Pour aller plus loin, vous pouvez télécharger la fiche pratique de formation :
Moyennant une modeste participation aux frais de ce site, vous pouvez télécharger l’intégralité de cet article au format PDF, en cliquant sur ce bouton :
Compteur de lectures à la date d’aujourd’hui :
4 069 vues
ÉVOLUTE Conseil est un cabinet d’accompagnement psychothérapeutique et un site internet interactif de plus de 8 000 partages avec mes réponses.
Avertissement aux lectrices et aux lecteurs :
Il est possible que les idées émises dans ces articles vous apparaissent osées ou déconcertantes. Le travail de connaissance de soi devant passer par votre propre expérience, je ne vous invite pas à croire ces idées parce qu’elles sont écrites, mais à vérifier par vous-même si ce qui est écrit (et que peut-être vous découvrez) est vrai ou non pour vous, afin de vous permettre d’en tirer vos propres conclusions (et peut-être de vous en servir pour mettre en doute certaines de vos anciennes certitudes.)