Il y a une façon de penser rigide et automatique qui nous éloigne de nous-même c’est celle qui nous oblige à fusionner avec des règles morales en leur obéissant aveuglément, celle qui nous oblige au devoir comme à un esclavage.
Un être humain qui aspire à être libre ne fait pas les choses parce qu’il le faut mais parce qu’il ressent le besoin de les faire, parce qu’il désire les faire.
Faut-il qu’il se soit rencontré lui-même, qu’il ait préalablement accueilli ses désirs, qu’il ait pris préalablement le temps de s’interroger sur ce qu’il sent.
Swami Prajnanpad recommandait – préalablement à toute action – de se poser les questions : « Quoi ? Pourquoi ? Comment ? Dans quel but ? »
De quoi s’agit-il ? Pourquoi ai-je l’intention d’agir de cette manière ? Est-il, par exemple, juste que je me défende par un courrier, un coup de téléphone ? Ou est-il préférable que je laisse tomber ? Pourquoi ? Ou que j’attende d’avoir toutes les informations sur ce qui s’est réellement passé ? En agissant comme je me propose d’agir, est-ce que je cherche à me comporter comme le faisaient mes parents ? Quel est l’enjeu de la situation ? Comment vais-je m’y prendre pour y répondre ? Quelle est mon intention à long terme ? Qu’est-ce que je veux obtenir ? Quel est mon but ? Etc.
Ce préalable à l’action donne sa dignité à une être humain qui – lucide et conscient – parvient à savoir pourquoi il agit comme il agit. De plus, agir en sachant pourquoi on agit favorise incontestablement la confiance et la détente.
Parfois, notre mental nous berne en nous faisant croire que nous devrions être gentils et faire des choses que nous n’avons pas à faire, comme par exemple d’aider des personnes que nous n’avons pas à aider parce qu’elles sont en train d’apprendre par elles-mêmes et qu’elles ne nous ont rien demandé. J’ai le souvenir d’un aveugle, qu’enfant je voulais faire traverser, que j’avais autoritairement pris par le bras et qui s’était dégagé vivement de mon emprise, en me disant qu’il n’avait besoin de personne. À l’époque, je croyais avoir vécu une simple injustice, ce n’est que beaucoup plus tard, ayant découvert que l’autre est un autre, que j’ai pu comprendre ma maladresse (et ma violence) et le sens profond de ce qui s’était passé, que j’avais cherché à forcer l’autre en pensant agir pour son bien.
S’arrêter un instant pour se demander à la fois pourquoi et comment nous allons faire ce que nous nous proposons de faire, c’est découvrir que nous avons toujours le choix entre, d’une part, agir à partir d’une forme d’esclavage qui est une obéissance mécanique à des règles morales qu’on nous a inculquées dans l’enfance, et d’autre part, agir à partir de la conscience de soi éclairée par la fidélité à ce qu’on sent, conscience qui s’exprime à travers ce qu’il convient de faire compte tenu de la situation.
Le critère important de l’action est celui de notre consentement personnel et intime à agir comme nous agissons, quitte à découvrir que parfois, ce que nous sentons de faire dans notre relation à l’autre s’impose tellement que nous sommes prêts, pour le faire, à être d’accord pour en payer le prix fort, en énergie et en inconfort par exemple.
Un effort consenti n’est plus un effort, cela signifie que quand nous nous sentons portés par notre consentement à agir comme nous nous proposons d’agir, les choses adviennent avec facilité.
Il n’y a par exemple aucune question à se poser pour celui qui voyant une personne âgée tomber dans la rue, se précipite pour l’aider à se relever.
Notre liberté passe donc toujours par notre consentement intime, préalable à toute action ; sans cette relation saine à nous-même, nous ne sommes que les esclaves d’une morale extérieure à nous qui nous manipule.
© 2024 Renaud Perronnet. Tous droits réservés
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