Etymologiquement, le mot compassion vient du latin cumpassio et signifie « souffrance avec ».
On peut donc légitimement s’interroger sur le sens de la compassion en tant que simple disposition émotionnelle à la perception de la souffrance d’autrui.
Dans ce sens, ce n’est qu’une contagion affective, un « vain redoublement de la souffrance » comme disait Nietzsche, qui multiplie la souffrance au lieu de la guérir en augmentant la détresse du monde.
Mais alors qu’est-ce que la « vraie » compassion ?
Le Dalaï-Lama précise : « La compassion ne dépend ni de la beauté ni de la gentillesse de quelqu’un. Elle se fonde sur le savoir que l’autre est fondamentalement identique à soi. Elle se fonde sur la raison et non sur une simple émotion. »
La compassion se fonde sur le discernement : c’est parce que nous sommes tous « frères » qu’il est important que je fasse attention aux autres car y faire attention revient à prendre soin de moi-même. Je me laisse donc toucher par la souffrance de l’autre, non pas pour en souffrir égoïstement moi-même, mais pour arriver à sentir et à reconnaître que nous partageons tous une même condition humaine.
En fait la pratique de la compassion – nous explique Pema Chödrön – exige de nous une certaine audace pour vivre son impuissance en ne nous précipitant pas pour consoler et rassurer l’autre lorsque nous sentons qu’il souffre : « Il faut apprendre à se détendre et à se laisser entrer doucement dans ce qui nous effraie. L’astuce ici consiste à laisser être la détresse affective sans la durcir jusqu’à l’aversion ; laisser la peur nous adoucir au lieu de nous durcir pour résister. »
La compassion ouvre à une conscience solidaire qui nous permet de sentir que nous ne sommes pas des entités autonomes et séparées des autres et que notre bonheur ne peut se construire qu’avec les autres.
Elle devient alors une opportunité d’attendrir notre cœur qui, parce qu’il ne craint pas de se laisser silencieusement toucher, pourra s’ouvrir à l’altruisme.
Martin Luther King ne disait-il pas : « Il nous faut apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons périr ensemble comme des imbéciles. »
© 2014 Renaud & Hélène PERRONNET Tous droits réservés.
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