Question de D. F. :
Etudiant.
J’irai tout droit à ce qui me préoccupe :
Il y a 3 ans j’ai connu une fille qui n’était qu’une simple connaissance ou une camarade de classe. Mais au fur et à mesure que nous nous rapprochions, nous nous connaissions davantage, nous nous intéressions, elle me dit tous ses secrets, même les plus intimes en me demandant conseil. Elle s’intéresse à ma vie à mes relations et elle m’a même convaincu de laisser ma petite amie, en me conseillant qu’elle était mauvaise.
Et j’en suis arrivé à conclure qu’elle est amoureuse de moi, car moi, plus je la vois, plus je l’entends, plus je me rends compte que je suis amoureux d’elle.
Mais moi je ne sais pas si elle éprouve effectivement de l’amour à mon égard ou si elle me prend comme son ami tout court.
L’erreur que je ne voudrais pas faire c’est de détruire notre relation en la draguant. Je l’estime trop.
QUE ME CONSEILLEZ-VOUS DE FAIRE ?
QUELLE DEMARCHE ENTREPRENDRE ?
Ma réponse :
Vous rencontrez une femme qui s’intéresse suffisamment à vous pour vous demander conseil. Elle vous montre donc qu’elle n’est pas indifférente à votre avis, d’un certain point de vue elle vous flatte. Là, elle semble vous avoir conquis puisqu’elle prend un certain pouvoir sur vous, au point que vous dites qu’elle parvient à vous convaincre de laisser tomber votre petite amie.
Je comprends aussi que cette femme s’est prouvé à elle-même (en y mettant le paquet) qu’elle avait du pouvoir sur vous, puisqu’elle a réussi à vous faire croire que votre petite amie était « mauvaise ». Pourquoi a-t-elle fait cela ? Interrogez-vous ? Pourquoi aurions-nous besoin de dire à nos amis que leurs relations sont mauvaises ?
Vous vous laissez faire, sans doute séduit par son pouvoir de persuasion, ce qui vous montre au passage que vous ne teniez pas beaucoup à la précédente (mais – par contre – que vous tenez beaucoup plus à l’image que cette seconde femme vous renvoie de vous.)
Vous concluez donc qu’elle est amoureuse de vous parce que le pouvoir qu’elle a sur vous vous séduit. En fait peut-être souhaite-t-elle simplement avoir de l’ascendant sur vous (ce en quoi elle semble y parvenir), peut-être a-t-elle du plaisir à vous mettre dans sa poche ?
Ne confondez-vous pas amour et fascination ? Réfléchissez, quel est votre besoin à vous ?
Sans doute serait-il utile pour vous de ne pas aller trop vite, de prendre votre temps, de laisser venir les choses afin de découvrir ce qu’elles recèlent vraiment…
Finalement vous semblez penser (et confondre) que vous êtes « amoureux d’elle » parce qu’elle vous apparait amoureuse de vous ?
« Aimer » est différent de « désirer être aimé ». L’un est beaucoup plus solide que l’autre qui ne peut que varier, au gré des obstacles et des rencontres… de la « dernière » rencontre…
Que vous racontez-vous à vous-même quand vous vous dites qu’elle vous prend peut-être comme « son ami tout court » ?
Cette femme semble vous impressionner au point que vous craignez de commettre une erreur tactique à son égard… c’est un peu comme si elle était « inespérée pour vous ». Et pourquoi cela ? Pourquoi devriez-vous être contraint de penser qu’un être humain serait « trop beau pour vous » ? N’avez-vous pas la même valeur qu’un autre ?
Pensez-vous que l’amour a besoin de tactique pour exister ? Que cherchez-vous au juste ? Une fois encore quel est votre besoin ?
Si vous songez « tactique » n’est-ce pas justement parce que vous avez senti qu’elle était dans la séduction et que l’ayant senti, vous avez peur de la perdre ? En ce cas, peut-on dire qu’il y a amour ou plutôt fascination ? Que risquez-vous de perdre ? Est-ce de l’amour ?
Vous ne voudriez surtout pas détruire cette relation en la « draguant », dites-vous. Votre raisonnement me fait penser à ces hommes qui ont une petite amie (précieuse et qu’ils estiment) avec qui ils ne font « surtout pas l’amour », et qui – en conséquence – « baisent », en dehors avec des filles (qu’évidemment) ils n’estiment pas.
Demandez-vous pourquoi vous devriez ainsi séparer le sexe de la relation amoureuse ? Et comment vous auriez été amené à penser qu’il existerait deux sortes de femmes (la vôtre et les autres, qui ne seraient que des « salopes ») ?
Ne croyez-vous pas plutôt que l’amour est un tout. Dans ce cas de quoi auriez-vous peur en l’aimant ? De quoi aurait-elle peur en se sentant aimée par vous ?
Peut-être avez-vous peur d’être déçu parce que vous auriez perçu que plus que de vous aimer (pour vous) elle semble avoir un certain pouvoir (sur vous) et cela ne vous mettrait pas très à l’aise ?
Dans ce cas, réfléchissez bien avant d’aller de l’avant et souvenez-vous que vous êtes (comme tout être humain) digne de recevoir de l’amour comme d’en donner.
C’est vrai qu’aimer n’est pas dominer mais nous ne le savons pas toujours ou plutôt nous n’en avons pas toujours conscience tant que nous sommes dans la confusion. Entretenir cette confusion nous fait parfois rêver que nous aimons alors que nous dominons ; que nous sommes aimés, alors que nous sommes dominés.
C’est si difficile pour nous de nous dire à nous-mêmes nos propres besoins donc de ne pas nous mentir… à nous-mêmes.
© 2006 Renaud PERRONNET Tous droits réservés.
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Ma formation première est celle d’un philosophe. Il est possible que les idées émises dans ces articles vous apparaissent osées ou déconcertantes. Le travail de connaissance de soi devant passer par votre propre expérience, je ne vous invite pas à croire ces idées parce qu’elles sont écrites, mais à vérifier par vous-même si ce qui est écrit (et que peut-être vous découvrez) est vrai ou non pour vous, afin de vous permettre d’en tirer vos propres conclusions (et peut-être de vous en servir pour mettre en doute certaines de vos anciennes certitudes.)