Je suis dubitatif quant au contenu de tous ces manuels qui abreuvent les parents de conseils pour « bien éduquer » leurs enfants, et de tous ces blogs et émissions qui – sur internet ou à la télévision – prétendent connaître des solutions pour mieux élever les enfants.
Ces démarches – qui présentent les gestes éducatifs comme des recettes de cuisine – accordent la primauté à la technique sur la qualité d’être. Comme on utilise la fiche technique de certains meubles pour les monter, elles font croire qu’il suffit d’appliquer un « mode d’emploi » pour obtenir des enfants « bien éduqués ». Quand la pédagogie rime avec prêt-à-porter, elle se résume à un savoir-faire qui ressemble à une tentative de dressage.
Dire aux parents de quelles manières ils doivent s’y prendre avec leurs enfants, c’est forcément les mettre en porte-à-faux en leur demandant de s’imposer des règles qui ne leur correspondent pas, comme s’ils devaient entrer dans un vêtement trop étroit qui un jour où l’autre ne pourra que craquer.
Prenons l’exemple d’un parent qui a l’habitude de crier parce que, lorsqu’il était enfant, on l’a fait obéir en hurlant les ordres. Il lit sur un blog ou dans un livre qu’il ne faut pas crier sur ses enfants et s’efforce alors de retenir ses cris en refoulant sa colère, jusqu’au jour où il explose et frappe son enfant !
S’il existe bien ce qu’Alice Miller a surnommé une « pédagogie noire », je crois qu’il ne peut pas y avoir de « pédagogie blanche » ; en énoncer une reviendrait à vouloir se donner bonne conscience plutôt que de travailler patiemment à observer, comprendre et remettre en cause ses propres maladresses.
Comme l’exprime Daniel Pennac, « y’a pas de pédagogie, y’a que des pédagogues. » Etre pédagogue, c’est se donner les moyens de différencier ce qui est approprié de ce qui ne l’est pas dans des contextes relationnels à chaque fois différents parce que dans la vie, tout est toujours nouveau.
Cette capacité n’est possible que pour celui qui a « l’être d’un parent » c’est-à-dire pour celui qui aime, sent, comprend et accepte l’enfant « tel qu’il est », sans lui imposer l’image de ce qu’il pense qu’il devrait être.
© 2014 Renaud & Hélène PERRONNET Tous droits réservés.
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Ma formation première est celle d’un philosophe. Il est possible que les idées émises dans ces articles vous apparaissent osées ou déconcertantes. Le travail de connaissance de soi devant passer par votre propre expérience, je ne vous invite pas à croire ces idées parce qu’elles sont écrites, mais à vérifier par vous-même si ce qui est écrit (et que peut-être vous découvrez) est vrai ou non pour vous, afin de vous permettre d’en tirer vos propres conclusions (et peut-être de vous en servir pour mettre en doute certaines de vos anciennes certitudes.)