La voie soufie ‘Alawiyya, au cœur de l’islam
« Si la liberté peut se défendre par les armes, l’égalité par les lois, la fraternité, elle, ne peut vivre et croître que dans le cœur de l’homme. »
Cheikh Khaled Bentounès
Qui donc oserait affirmer – dans le monde d’aujourd’hui – que le musulman pouvait se définir comme « celui qui ne fait pas de mal à autrui, ni par l’acte, ni par la parole » ?
Et pourtant le Cheikh Khaled Bentounès, guide spirituel de la confrérie soufie ‘Alawiyya, qui depuis plus de 40 ans parcourt le monde pour promouvoir le dialogue interreligieux, affirme que le prophète Mohammed le définissait ainsi.
Comprendre la peur ressentie par certaines personnes, comprendre même les réactions excessives et disproportionnées de ces mêmes personnes, ne doit pas nous obliger à adhérer à leurs peurs et encore moins à y obéir.
La peur alimente la peur et – à coup sûr – fait vendre dans notre monde marchand. La stigmatisation de l’autre attire notre attention et nourrit avec facilité les boucs émissaires de demain.
Or c’est bien la peur qui doit rester notre ennemie : elle est une émotion, le plus souvent infantile, qui nous empêche de voir les choses telles qu’elles sont.
Si nous restons sur la défensive, c’est toujours à cause d’une confusion. Comme le disait Voltaire dans son Dictionnaire philosophique : « La tolérance est l’apanage de l’humanité. Nous sommes tous pétris de faiblesses et d’erreurs ; pardonnons-nous réciproquement nos sottises, c’est la première loi de la nature. »
Sortir de la confusion, c’est ne pas confondre les nombreux crimes commis au nom de la chrétienté avec le message du Christ, ne pas confondre les nombreux crimes commis au nom de la Révolution Française avec les Droits de l’Homme.
De même il nous faut apprendre à ne pas confondre les crimes commis au nom de l’islam avec l’islam et le Coran.
S’il est vrai que comme le disait Lévi-Strauss, « le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie », il nous faut aussi comprendre que la barbarie est toujours la conséquence d’une réaction d’intolérance à une souffrance.
C’est donc à partir de l’interprétation que les hommes font de ce qui leur arrive que nous nous devons d’expliquer leurs crimes et non pas à partir d’une soi-disant nature humaine innée et corrompue.
La longue interview du Cheikh Khaled Bentounès qui suit parle notamment de la meilleure manière de lire le Coran, et démontre une fois de plus de manière lumineuse que c’est notre interprétation du monde, des comportements des hommes et des livres, qui détermine en retour l’opinion que nous allons avoir sur eux.
C’est dans ce contexte – dans cette intention – que je souhaite offrir à mes lectrices et à mes lecteurs, la compréhension spirituelle et universelle (parce que fraternelle) d’un autre islam, celui du soufisme ‘Alawiyya , afin qu’elles/ils puissent sentir les choses par elles/eux-mêmes pour se faire une opinion.
(Cette interview est parue en langue française, dans le quotidien généraliste algérien El Watan du 28/5/19. Les notes de bas de page sont de moi-même.)
RP
« Nous sommes de la même eau », c’est en ces termes que Cheikh Khaled Bentounès a introduit à l’humanité la Journée mondiale du vivre-ensemble, célébrée le 16 mai de chaque année. Dans cet entretien, ce leader spirituel et 44e guide de la confrérie soufie Alâwiyya-Darqâwiyya-Shâdhiliyya, une chaîne spirituelle ininterrompue remontant au Prophète Muhammad, nous parle longuement sur notre relation avec Dieu et le Coran.
– A travers les idées véhiculées aujourd’hui, l’image de l’islam et de Dieu a été modifiée. Dieu fait peur. Est-ce le but de la religion et du Coran que de vivre dans la peur ?
Absolument pas. La relation que nous devons entretenir avec Dieu doit être basée sur l’adoration et jamais sur la peur. C’est dangereux que de véhiculer ces idées en s’appuyant sur les versets qui parlent de l’enfer. Malheureusement, on mène aujourd’hui les gens par la peur. On leur fait croire que Dieu, dont un de ses noms divins est patient (Essabour), attend la moindre erreur des humains pour les envoyer en enfer. La liste des erreurs et péchés qu’ils citent et véhiculent est interminable. Pourtant dans le Coran, il est bien mentionné que Dieu nous a enjolivé l’amour des choses que nous désirons (verset 14 sourate Al Imran) et il nous a autorisés à manger des bonnes choses qu’il nous a attribuées (verset 81 sourate Ta’ha).
Le sens de manger ici est bien plus vaste que son sens littéral. La chose qui est interdite est l’excès. Dieu a mis en nous toutes les possibilités et connaissances et nous y a responsabilisé afin de vivre dans l’équilibre. Celui qui véhicule aujourd’hui une image ténébreuse de Dieu et de l’islam a un problème psychologique avec lui-même. Il est dans l’extrême. S’il était dans l’équilibre, il serait assuré et confiant. La notion d’amour n’est pas un péché. L’argent également. Pourquoi avoir peur de Dieu alors qu’il est notre créateur. Dieu nous a donné toutes les libertés à utiliser dans cette vie, mais tout réside dans la balance, dans la notion d’équité perpétuelle et d’équilibre.
– Il est répandu aujourd’hui que les générations actuelles n’ont pas la capacité d’interpréter le Coran. Donc, autant rester sur les efforts des oulémas des siècles d’avant. Qu’en dites-vous ?
Mais pourquoi ? Cela est un véritable handicap que de restreindre l’interprétation et la compréhension du Coran aux anciennes générations. Comment dire que l’homme d’aujourd’hui est incapable de comprendre les messages du Coran et de les utiliser dans le bien pour sa vie et sa spiritualité, alors qu’il a pu aller sur la lune ? Qu’est-ce que les générations d’antan avaient de plus que nous ? Avaient-ils deux cerveaux ? De plus, aucun de ces oulémas et imams n’a prétendu détenir la vérité à eux seuls. Le texte coranique est éternel, pas son interprétation.
On le tuera si on le restreignait aux efforts d’interprétation de X ou Y. Les efforts de ces personnes sont les mêmes que les nôtres. Ils se sont posé des questions. Nous aussi. Ils ont essayé de trouver des réponses. Leurs réponses ne sont pas du Coran. Les consulter, c’est bien, et même recommandé, mais avec un œil critique qui prend en considération le contexte actuel des choses. Si nous n’utilisons pas notre esprit d’analyse, à quoi sert d’aller à l’école puis à l’université ? Si ces imams et oulémas ont trouvé les réponses irréprochables à ne pas toucher, il est inutile de chercher à apprendre à lire et à écrire et se contenter de reproduire à la lettre ce qu’ils ont dit.
– Sacralisé presque au même titre que le Livre Saint, avons-nous le droit de critiquer cet héritage et d’apporter notre propre vision et interprétation du Coran ?
Absolument ! Nous sommes au 21e siècle et plus on s’éloigne dans le temps plus cette sacralité devient la règle. Plus on se rapproche de la source, plus on aperçoit l’esprit d’ouverture qu’avaient les interprètes du Coran et les premières générations ayant suivi le Prophète (tabi’ine1).
Ces derniers ont fait une investigation sur le Coran que nous sommes aujourd’hui incapables de faire. Il y a certes des exceptions mais qui restent marginalisées. Nous avons perdu notre sens critique et nous nous sommes convertis en de simples reproducteurs des pensées d’autrui. Un autrui qui peut être des personnes étrangères à la religion, mais qui font des efforts dans la compréhension ou bien des littéralistes qui sont contre tout changement, même positif. Accepter ce dernier courant est juste inconcevable. C’est nier presque notre raison humaine. Sinon pourquoi Dieu nous a donné la fonctionnalité de réfléchir.
– Quel rapport devons-nous avoir avec le Livre Saint ?
Il y a deux façons de voir le Coran. Soit c’est un texte qui date du 7ème siècle, s’adresse aux personnes de cette période et devient ainsi un texte historique qui visait la génération de cette époque. Soit c’est un texte divin éternel qui s’adresse à toutes les générations de tous les temps. C’est à nous de choisir la manière de comment considérer le livre saint. Soit on le sacralise au point de ne pas s’en approcher et de ce fait l’éloigner. Ou bien au contraire, on le rapproche de nous et on le considère comme un dialogue et un appel éternel et continuel qui nous vient directement de Dieu.
Dieu est vivant et sa parole et son message également. Le Coran est une lumière dont le but essentiel est de nous éclairer et nous être un support pour distinguer entre le bien et le mal. D’ailleurs parmi ses noms nous retrouvons « El forqane2 ». Le Coran nous pousse toujours à nous interroger sur nous-même et sur la création. Dans le Coran, Dieu nous parle et fait parler beaucoup de créations telles que la terre, les oiseaux, le ciel, la fourmi. Tous les acteurs qu’on trouve dans le livre saint parlent même ceux qui naturellement ne le font pas.
Le Coran n’a pas besoin de nous, mais c’est plutôt nous qui en avons besoin comme source de lumière. Une lumière de l’esprit, de l’intelligence, de la raison. Le Coran n’est pas un livre dédié seulement aux rites et rituels religieux. Sur les 6236 versets qu’il contient, il n’y a que 350 versets qui sont consacrés à cette partie de la religion. Rendons-nous compte de la bêtise qu’on fait. Si l’on renferme tout le Coran dans une seule partie qui n’a pas atteint son 1/10, que fait-on alors du reste ? Le Coran n’est pas un livre d’histoire. Il ne donne pas de dates et rarement des noms. Cela veut dire qu’il donne juste l’exemple.
L’histoire des gens de la grotte (Ahl El Kahf3), est loin d’être une simple histoire. Elle parle de la résurrection oui mais aussi d’une autre chose bien plus profonde : c’est justement lorsqu’on détient la vérité, on accepte de vivre avec même isolé des siens, même enfermé jusqu’au jour où cette vérité redevient reconnue par tous. Ces personnes-là n’ont pas de noms et il y a également du doute sur leur nombre. Pourquoi ? Parce que ces détails ne sont pas importants mais plutôt le message derrière l’histoire et pas l’histoire en elle-même.
C’est le même cas pour les autres histoires citées dans le Coran tels que celles des prophètes et messagers. Dans la sourate Youcef, les prénoms des frères du prophète Youcef n’étaient pas mentionnés. Il n’y a pas véritablement de lieu précis où ils vivaient. Le Coran ne s’intéresse pas au lieu. Ces détails que nous avons aujourd’hui sur cette histoire nous viennent d’ailleurs et pas du Coran. Le Coran s’intéresse à l’essence des choses. Déjà le mot Aya (verset) signifie exemple. A travers le livre saint Dieu nous appelle à tirer l’essence de ce que nous lisons pour l’intégrer à notre vie.
– Au final, de quoi a-t-on besoin pour pouvoir comprendre le Coran ?
Avant tout, nous avons besoin d’une raison qui raisonne et non pas d’une raison qui déraisonne et qui nous emmène vers une fausse route. Après, il faut comprendre le contexte historique dans lequel est venu le Coran. Une fois que cela est fait, arrivent 3 façons d’approcher le Livre Saint.
La première est de la sacraliser au point de le lire de la meilleure manière qui soit mais sans pour autant chercher à en comprendre les messages. La 2e : je suis aussi croyant que celui qui lit le Coran sans le comprendre. Toutefois, je le considère comme une source infinie qui nourrit ma conscience et m’est un support dans mon cheminement et ma progression au quotidien. Dans cette méthode, je ne lis pas le Coran dans le passé mais dans le présent comme s’il était adressé à moi. Il devient un livre personnel qui s’adresse à son lecteur. Il devient comme l’eau et la nourriture pour le corps, le Coran représente une autre faim et soif pour l’esprit. Un esprit qui a besoin de se nourrir d’une source sainte qui abreuve la foi. La 3e façon concerne les personnes qui ont embrassé le savoir de leur temps.
Leur vision du Coran est autre chose et prend en considération le savoir acquis. Lorsqu’elles le lisent elles revoient l’histoire de l’humanité avec des scénarios qui tracent les étapes de constitution de la conscience humaine. Moïse, Pharaon et tous les autres acteurs retracent l’historicité d’une partie de l’humanité.
Ce type de lecteur fait ressortir du Coran autre chose que les deux autres profils de lecteurs. Nous respectons les 3 profils Mais en aucun cas il n’est toléré que le 1er profil empêche les autres de considérer le Coran comme une source de lumière à leur esprit. Le Coran est une révélation divine. Il faut la considérer comme telle, certes, mais qui est là pour nous et au quotidien. Mohammed (QSSSL4 ) n’est que le messager de cette révélation mais le destinataire est chacun de nous. Il est un dialogue continu entre le créateur et sa créature.
– Si le Coran est une source de lumière, comment expliquez-vous l’obscurantisme des extrémistes ?
L’unique raison est l’interprétation littérale. Comme dire que Dieu n’aime pas les joyeux. Chose totalement fausse. Dans le Coran, il y a beaucoup de mots et de versets qui incitent le lecteur à aller chercher à l’intérieur de son sens figuré. Rester dans l’interprétation littérale c’est ne pas bouger de la première étape de lecture du Coran qui considère ce livre comme sacré, au point où il est pris tel qu’il est sans prendre la peine de le comprendre.
Le compagnon du Prophète, Ali Ibnou Abi Taleb, disait que sourate El Fatiha seulement pouvait avoir une interprétation à écrire dans des livres pour la charge de 40 chameaux. Les littéralistes et les extrémistes ont toujours existé. Il faut prendre ces personnes comme un point positif et les considérer comme un motif qui nous pousse à aller contrairement à leur pensée. Il faut les considérer comme une alerte d’un chemin à ne pas emprunter.
– Dernièrement, un des « dits-religieux » est arrivé, sur un plateau télé, jusqu’à interdire l’utilisation des nouvelles technologies, notamment Youtube et les réseaux sociaux pour les jeunes. Pour lui, le Prophète Mohamed (QSSSL) l’aurait interdit s’il était parmi nous. Qu’en dites-vous ?
Par le temps du Prophète, n’y avait-il pas des petits billets que les musulmans pouvaient se passer ? Pour moi, ce genre de personnes sont dans la négation d’eux-mêmes et souffrent d’un sérieux problème. Parler au nom du Prophète est juste une folie. Qu’en sait-il si Mohamed (QSSSL) aurait utilisé ces nouvelles technologies ou pas ? Pourquoi s’immiscer dans une pareille affaire ?
Le prophète utilisait les moyens qu’il avait à l’époque. Il portait les vêtements de cette période et mangeait ce qu’il y avait également. Il en est de même pour les soins. Tout est en relation avec son époque. Dans la loi de l’horizontalité, nous sommes restreints à notre ère et à notre moment avec tout ce qu’il offre comme possibilités. Mais la question principale n’est pas là.
Notre principal objectif est d’aller et rester dans la verticalité et préserver les valeurs que le Coran est venu nous apporter. Le Livre Saint tel qu’il est aujourd’hui est différent de ce qu’il était il y a 14 siècles. Mais le message est le même : c’est rapprocher l’Homme de Dieu et de ce fait rapprocher l’Homme de l’Homme. Aller vers la tolérance, l’acceptation de l’autre et répandre le bien sur toute l’humanité sont le message essentiel du Coran.
– Qu’en est-il de ce verset qui dit que Dieu n’aime pas les joyeux ?
En lisant le Coran il faut voir qui a parlé. Si c’est Dieu ou un des acteurs cités dans le livre. Sinon Dieu aime nous voir heureux. Toutefois, il faut toujours rester en lien avec Lui dans tous nos moments. Ce lien vertical avec notre créateur nous amène vers la mesure dans tous nos sentiments et à ne pas verser dans l’excès. Il nous offre une stabilité et une relativité qui nous permet de franchir toutes les étapes de la vie bonnes ou mauvaises.
C’est cette maîtrise des évènements que le Coran est venu nous inculquer. Il est pour moi un grand tort d’aller chercher des preuves scientifiques dans le Coran. Pour moi, ce n’est pas utile d’aller chercher des miracles à l’intérieur du Coran étant donné qu’il est un miracle en lui-même. Toute tentative d’aller chercher des miracles pour prouver que c’est un livre sacré et divin sous-entend que nous avions des doutes que nous voulons dissiper.
Par contre, l’utile est de faire une projection des histoires citées dans le Coran sur notre époque. J’en citerai à titre d’exemple celle de la fourmi et l’armée de Salomon5. Ce dernier a arrêté et changé la direction de toute son armée juste pour une fourmi. Qu’en tirer comme essence ? La préservation des droits même des tous petits et même en état de guerre.
Tout le monde a le droit de parler, d’être écouté et d’être protégé. Il suffit de bien lire pour découvrir des messages surprenants. Interdire aux gens de comprendre et de tirer leurs propres conclusions et propres lectures du livre saint signifie couper les liens entre Dieu et nous et nous restreindre aux messages qu’ont compris les générations d’antan. Ces personnes, telles que le célèbre Ibnou Kathir6, sont redevables mais leurs efforts ne peuvent être l’unique référence. Ils sont une référence parmi des milliers, y compris la mienne. Dieu nous a donné ces oulémas et savants pour qu’il y ait une relation d’échange et non pas celle de suivant et suivi.
– En sacralisant les livres de nos ancêtres au point d’avoir peur de l’idée de les remettre en question, ne sommes-nous pas tombés dans une sorte de polythéisme ?
Malheureusement si. Le Coran nous appelle à nous ouvrir sur le monde à travers ces versets et ses histoires de l’humanité. Il n’a jamais été question de nous enfermer dans les dires et les pensées des oulémas et imams des siècles passés. Même ces derniers n’ont jamais dit que leurs efforts étaient sacrés.
Au contraire. Les générations passées avaient ce sens de critique et de recherches. Justement dans ce sens, nous avons trouvé dans la ville de Tlemcen des manuscrits écrits au 13ème siècle qui disent qu’il était enseigné dans la vieille mosquée de la ville les enseignements de 17 madh’hab (doctrines) dont un des madhahib est féminin. 17 doctrines enseignées alors qu’il n’est répandu aujourd’hui que 4 seulement et qui ne sont même pas réellement enseignées. Cela signifie que l’esprit critique n’a disparu que de nos jours seulement. Je ne parle pas sur la base d’histoires racontées mais plutôt des preuves. Ce sont des manuscrits qui sont là et qui parlent de l’éveil des générations qui nous ont précédées.
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Pour vous permettre de vous faire une idée plus complète de la pensée du Cheikh Bentounès, il est à mon sens important de compléter cette interview en citant ce passage, extrait de son livre La Fraternité en héritage, histoire d’une confrérie soufie, paru en 2009 aux Éditions Albin Michel, dans lequel il parle de son espoir par rapport à la femme dans l’islam d’aujourd’hui (p. 173, 174) :
Il écrit : « Le problème de la femme est l’un des plus urgents à prendre en considération et il n’est pas seulement le fait des sociétés musulmanes mais de toutes les sociétés, y compris occidentales. (…) L’avenir de l’islam est notamment entre les mains de la femme musulmane. C’est elle qui peut faire évoluer la société autant que causer sa décadence. Je l’invite à demander les droits que Dieu et le Prophète lui ont donnés et qui lui ont été volés par une société musulmane rétrograde. Je l’encourage à connaître, par elle-même, l’histoire du statut de la femme au travers des textes sans attendre que ce soit l’homme qui la lui enseigne. Le temps est révolu de traiter les femmes de façon inégale, et de leur demander de porter le plus lourd fardeau au sein des sociétés aussi bien orientales qu’occidentales. Si l’on bâtit une mosquée en y omettant la place de la femme, ce n’est pas une véritable mosquée. »
Dans la conclusion de son livre il écrit (p. 177, 178) :
« Je ne ferai pas l’apologie du soufisme. Il n’en a pas besoin. Mais je voudrais cependant rappeler à quelle voie du juste milieu il convoque. (…) Personne ne détient la vérité, qu’il soit religieux, mystique, théologien ou scientifique… Nous ne sommes que des fragments de vérité et la voie du soufisme n’est qu’une quête permanente pour la revivifier. »
Puis il cite :
« Nous avons fait de vous une communauté du juste milieu. »
(Coran : 2, 143)
Notes :
1. Les Tābi’ine sont les « successeurs », ils sont la génération de musulmans qui viennent après les compagnons de Mahomet. Ils ont donc connu certains des compagnons de Mahomet mais pas Mahomet lui-même.
2. El forqane signifie « Le discernement », c’est le nom traditionnellement donné à la 25e sourate du Coran.
3. Al kahf veut dire la caverne en français, elle est mentionnée dans le Coran dans la Sourate al Kahf (18).
4. Traditionnellement, la mention de Dieu ou du prophète est suivie d’une formule d’eulogie, c’est-à-dire d’une phrase de louange et de bénédiction. Ici QSSSL signifie : « Que le Salut Soit Sur Lui. »
5. Une histoire magnifique qui parle de la force de l’amour : au cours d’un voyage dans le désert, le roi Salomon s’arrête auprès d’une fourmilière, toutes les fourmis viennent le saluer, mais à l’écart, une fourmi solitaire est occupée à déplacer une dune de sable pour retrouver sa bien-aimée. Le dialogue s’engage…
6. Ibnou Kathir est un juriste et historien du XIVème siècle qui a vécu à Damas où il est enterré. Son commentaire du Coran est particulièrement apprécié des milieux salafistes.
Pour aller plus loin et découvrir le site officiel du Cheikh Bentounès, cliquez sur l’image :
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Ma formation première est celle d’un philosophe. Il est possible que les idées émises dans ces articles vous apparaissent osées ou déconcertantes. Le travail de connaissance de soi devant passer par votre propre expérience, je ne vous invite pas à croire ces idées parce qu’elles sont écrites, mais à vérifier par vous-même si ce qui est écrit (et que peut-être vous découvrez) est vrai ou non pour vous, afin de vous permettre d’en tirer vos propres conclusions (et peut-être de vous en servir pour mettre en doute certaines de vos anciennes certitudes.)