Qu’est-ce que l’émotion ?
Le mot émotion vient du latin emovere : mettre en mouvement.
Le Petit Robert nous parle d’un « état de conscience complexe, généralement brusque et momentané, accompagné de troubles physiologiques (pâleur ou rougissement, accélération du pouls, palpitations, sensation de malaise, tremblements, incapacité de bouger ou agitation). »
L’émotion est donc ce qui nous « meut », ce qui (venu de l’intérieur de nous) nous fait bouger et nous déstabilise.
Peut-on contrôler l’émotion ?
L’émotion est totalitaire et envahissante, elle se moque de la volonté comme de la raison ; plus on en a peur, plus on lui donne du pouvoir, ce n’est donc pas en la réprimant, en la niant, en la refoulant (masque, carapace) ou en en culpabilisant qu’on peut la contrôler. On risque juste de la remplacer par une autre (par exemple, la colère refoulée peut devenir de l’abattement).
Comment s’y prendre avec elle ?
Il nous faut commencer par apprendre patiemment à y être attentif, à la repérer, à la reconnaître, et – pour ce faire – à la nommer. La simple capacité à la nommer créera peu à peu la distanciation nécessaire qui nous empêchera de nous laisser emporter par elle.
La reconnaître est donc le premier pas qui nous aidera à l’accepter (puisqu’elle est là) pour ensuite pouvoir intervenir sur son mécanisme.
Comprendre le mécanisme de l’émotion :
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En conséquence :
Nous savons maintenant que – contrairement à ce que nous pensons généralement – la cause de l’émotion n’est pas l’événement mais la manière dont nous le percevons, autrement dit la manière dont nous jugeons cet événement au moyen de notre pensée – qui précède toujours l’émotion.
Notre travail principal – si nous ne voulons plus être perturbé par les émotions qui sont les nôtres – est de remettre en cause les pensées qui sont à l’origine de nos émotions. En effet si nous n’avons pas du tout le contrôle des idées des autres, nous en avons un – pour autant que nous nous y exerçons – sur nos pensées (qui donnent naissance à nos émotions).
À la fin de sa vie, Arnaud Desjardins résumait les choses ainsi : « Toute notre existence consiste à marcher le long d’une rue à deux trottoirs : l’un est le ciel, l’autre l’enfer. Nous traversons mécaniquement du premier au second et consciemment du second au premier. »
Cette parole, sibylline pour celui ou celle qui l’entend pour la première fois, résume en peu de mots la manière dont nous pouvons apprendre à nous situer dans notre existence et plus particulièrement dans notre relation à nos émotions.
Allons-nous fonctionner mécaniquement, dupés par les émotions qui nous emportent, ou consciemment, comme un être humain lucide qui sait que la nature de ses pensées détermine ses émotions ?
Pour illustrer mon propos :
Je partage avec vous le passage d’un trottoir à un autre (de l’enfer au ciel) à travers la manière dont j’ai vécu une expérience simple de la vie de tous les jours. Le passage du trottoir de la victime émotionnelle de la situation qu’elle refuse, à l’autre, celui de l’adhésion à la situation acceptée qui ouvre les portes du ciel.
Content d’un moment de disponibilité dans une période de travail, je me décide à entreprendre un petit bricolage que je croyais facile sur un mur fraîchement repeint.
Je commence par réfléchir à la manière dont je vais procéder puis je grimpe en haut d’une échelle, la perceuse à la main, pour pitonner mon mur. L’outil dérape, la peinture est abimée, il y a un gros trou désormais à l’endroit précis où je voulais installer mon piton.
Je lâche un merde retentissant et me retrouve la proie de mon émotion. Grimaçant, je sens mon corps se contracter et les pensées jaillissent aussitôt : « C’est foutu, je ne vais pas pouvoir suspendre le tableau à cet endroit ». L’accablement m’envahit : « Je n’y arriverai jamais, c’est toujours la même chose quand je me lance dans le bricolage, je ne fais que des conneries, je m’y suis encore pris comme un manche ».
« L’émotion suscite les pensées, les pensées excitent l’émotion, c’est un cercle vicieux. » Je me sens penaud, découragé, une force bloquée en moi a des envies de détruire, de donner un coup de pied dans ma boîte à outils.
A ce moment – parce que je me sens si mal – je me souviens…
Je me souviens que mon émotion est certainement déclenchée par une pensée mais je suis encore dans la confusion entre le fait de refuser la situation telle qu’elle est en pensant que la cause de mon échec est « ce foutu mur » qui ne devrait pas être comme il est, et le fait de « voir » que l’outil avait simplement ripé sur une pierre dure cachée derrière une fine couche de plâtre et qu’il n’avait pas pu ne pas riper, compte tenu de la manière dont je m’y étais pris.
J’observe donc de très près mon mental destructeur qui – comme d’habitude – me propose un refus, autre chose que « la réalité telle qu’elle est ». En même temps, je réalise que c’est bien parce que je n’accepte pas que ma perceuse ait ripé sur la pierre que je m’accable et culpabilise. Le fait de m’y ouvrir, donc de considérer l’évidence que je ne savais pas qu’il y avait une pierre dure qui ne pouvait pas se laisser entamer par mon foret à cet endroit, m’aide à accepter.
En un instant, je retrouve mon équilibre ; ce qui était si confus s’éclaircit. Je retrouve mon sang-froid, souris intérieurement (les choses ne peuvent être que comme elles sont et je l’avais oublié une fois de plus), et m’apaise.
Là – ma sérénité retrouvée – je suis ravi de découvrir qu’il me suffit de déplacer l’attache de quelques centimètres et de faire un autre trou dans le mur à côté. Je m’exécute et mon premier trou malencontreux est définitivement caché par le tableau que j’accroche au mur.
Note :
Si vous cela vous intéresse de connaître la méthodologie qui vous permettra de confronter systématiquement vos émotions à la réalité (donc de comprendre la nécessité du travail sur les pensées), lisez mon article :
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Il est possible que les idées émises dans ces articles vous apparaissent osées ou déconcertantes. Le travail de connaissance de soi devant passer par votre propre expérience, je ne vous invite pas à croire ces idées parce qu’elles sont écrites, mais à vérifier par vous-même si ce qui est écrit (et que peut-être vous découvrez) est vrai ou non pour vous, afin de vous permettre d’en tirer vos propres conclusions (et peut-être de vous en servir pour mettre en doute certaines de vos anciennes certitudes.)