Nous ne sommes pas tous égaux face au travail de connaissance de nous-mêmes que nous entreprenons. Il faut dire que le premier obstacle à ce travail c’est qu’il nous demande de partir de « là où nous sommes », quelles que soient les insuffisances, les manques ou les faiblesses que nous pouvons constater en nous. Or une personne convaincue de ses insuffisances en culpabilise le plus souvent et, inhibée par sa mauvaise conscience, ne peut pas se voir objectivement à l’œuvre et continuera indéfiniment de se raconter des histoires sur elle-même.
Or il n’y a pas à tergiverser, le travail de connaissance de soi exige la lucidité. Notre mauvaise foi comme notre propre lâcheté – tant qu’elles ne sont pas mises à jour – ne peuvent que nous égarer. La lucidité ne s’accommode pas de l’hypocrisie.
Les personnes, conditionnées à vivre dans le déni de leurs propres responsabilités, sont incapables de réussir à « voir les choses telles qu’elles sont. »
Vous avez sûrement remarqué que la plupart d’entre nous, quand nous rencontrons un obstacle ou une difficulté dans nos existences, convenons avec beaucoup de facilité que c’est le plus souvent (pour ne pas dire toujours) de la faute « des autres ».
- d’accord, j’ai brûlé un stop, n’empêche que si cet imbécile n’était pas arrivé à cette vitesse, je n’aurais pas eu d’accident !
- il est vrai que je ne fais jamais de sauvegarde de mes données informatiques mais que je puisse perdre mon travail d’une semaine vous ne réussirez pas à me faire croire que c’est normal !
- si je ne retrouve pas mon pull-over là où je crois l’avoir laissé, c’est certainement parce que ma femme est intervenue.
Il est tellement plus confortable et facile de s’enfermer dans sa mauvaise foi, de ne pas se remettre en question, en pensant trouver la cause de ce qui nous fait souffrir à l’extérieur de nous plutôt qu’en nous.
Or les effets du travail thérapeutique ne sont révélés qu’à ceux qui ont vérifié par eux-mêmes que c’est leur manière de voir le monde et les choses qui détermine l’expérience qu’ils en ont.
C’est par exemple parce que je m’attends à être trahi que je cours le risque de l’être ; parce que je veux à tout prix être aimé que mes relations amoureuses seront maladroites.
C’est bien notre être qui détermine notre existence et non l’inverse.
Pour pouvoir infléchir certains de ses comportements, il faut donc commencer par apprendre à s’accueillir tel que l’on est et cela demande de la lucidité.
Swâmi Prajnânpad avait une manière très explicite de donner sens à la lucidité : « Il ne s’agit pas seulement de voir les choses comme elles sont, mais de vous voir en même temps, avec les réactions qui ont lieu en vous. »
C’est donc bien l’étude des réactions que nous avons aux choses telles qu’elles sont qui nous permettra de voir comment nous nous y prenons pour ne pas les accueillir telles qu’elles sont – parce que nous les interprétons et les mettons « à notre sauce ».
Il interrogeait certains de ses élèves qui souhaitaient s’entraîner à la lucidité, de cette façon : « Tous les soirs avant de vous coucher pratiquez-vous un auto-examen pour voir les idées qui vous ont traversé l’esprit pendant la journée ? Quel a été votre comportement dans certaines situations ? [Vous demandez-vous] si vous avez agi délibérément et consciemment ou si vous n’avez rien fait d’autre qu’être emporté par vos impulsions et vos réactions émotionnelles ? »
© 2015 Renaud & Hélène PERRONNET Tous droits réservés.
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Avertissement aux lectrices et aux lecteurs :
Il est possible que les idées émises dans ces articles vous apparaissent osées ou déconcertantes. Le travail de connaissance de soi devant passer par votre propre expérience, je ne vous invite pas à croire ces idées parce qu’elles sont écrites, mais à vérifier par vous-même si ce qui est écrit (et que peut-être vous découvrez) est vrai ou non pour vous, afin de vous permettre d’en tirer vos propres conclusions (et peut-être de vous en servir pour mettre en doute certaines de vos anciennes certitudes.)