Le cyclone nous terrifie, même si nous avons tous entendu dire que dans son oeil, rien ne bouge. « Etre dans l’œil du cyclone » parle de la possibilité de trouver la paix au cœur de la tourmente quand tout nous pousse à la fuir.
Ainsi il nous faut apprivoiser ce qui nous fait si peur en nous car c’est la reconnaissance de ce que Jung appelle notre « ombre » (les parts de nous refoulées que nous n’aimons pas), qui changera notre relation au monde. Et c’est ce dont parle le poète Rainer Marie Rilke dans sa si belle Lettre à un jeune poète : « Peut-être tous les dragons de notre vie ne sont-ils que des princesses qui attendent de nous voir agir juste une fois avec beauté et courage. Peut-être tout ce qui est terrible est, dans sa plus profonde essence, quelque chose d’impuissant qui a besoin de notre amour. »
C’est en osant plonger au cœur de la tourmente (en allant avec courage là où ça nous fait si peur d’aller), que les aspects de nous-mêmes depuis si longtemps délaissés se remettront à vivre pour notre plus grande harmonie.
La version du conte « La Belle et la Bête », de Madame de Villeneuve, décrit magnifiquement cette véritable réconciliation par l’amour de l’être avec lui-même et avec toutes ses composantes.
D’abord elle parle du courage qu’il a fallu à la Belle pour affronter la Bête : « Le monstre se fit entendre. Un bruit effroyable, causé par le poids énorme de son corps, par le cliquetis terrible de ses écailles et par des hurlements affreux, annonça son arrivée. En voyant approcher la Bête, qu’elle ne put envisager sans frémir en elle-même, la Belle avança d’un pas ferme, et d’un air modeste salua fort respectueusement la Bête. »
Puis elle nous dit que ce courage plut au monstre qui – parce qu’il se sentit reconnu – se retourna vers la Belle en lui disant : « Bonsoir, la Belle. »
Ce fut le début de leur relation. C’est ainsi que peu à peu la Belle apprivoisa la Bête et découvrit – par delà son aversion – un être généreux qui ne demandait qu’à aimer et se faire aimer en retour.
Elle parvint alors à lui avouer : « Vous m’apprîtes à démêler les apparences qui déguisent toutes choses. Je sus que l’image trompe, et nos sens et nos coeurs. Vous m’apprîtes encore à ne point suivre les mouvements de l’esprit et que le monde ne me serait donné qu’en pensant »
C’est à ce moment, qu’ouvrant totalement son coeur à la Bête, elle lui dit : « Oui, chère Bête, je vais t’épouser. »
A cet instant, « Le château se remplit d’un torrent de lumière et de musique. La Bête disparut et à sa place se trouva un prince charmant, qui révéla à la Belle qu’il avait été ensorcelé par une sorcière. Le sortilège devait durer jusqu’à ce qu’une belle jeune fille aime la Bête uniquement pour sa bonté. »
C’est ce qui se passera certainement pour nous le jour où nous parviendrons à accueillir et aimer (au lieu de les rejeter) les parts de nous-mêmes jusqu’à présent délaissées.
© 2014 Renaud & Hélène PERRONNET Tous droits réservés.
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