L’acceptation qui délivre

Pourquoi préférons-nous nous condamner nous-mêmes ? Parce qu’en nous accusant nous-mêmes, nous nous protégeons de la douleur. Je pense que la douleur la plus vive qu’il nous faille traverser pour devenir honnêtes sur le plan émotionnel, c’est de reconnaître que nous n’avons jamais été aimés quand nous en avions le plus besoin. C’est facile à dire, mais il est très, très difficile de ressentir cette douleur, d’accepter qu’il en soit ainsi et d’arrêter d’attendre qu’un jour nos parents changent et se mettent à nous aimer. (…) La douleur de ne pas avoir été aimé n’est qu’un sentiment ; un sentiment n’est jamais destructeur quand il est dirigé contre la personne qui a causé cette douleur. La haine elle-même n’est pas destructrice non plus, aussi longtemps qu’elle n’est pas aveugle et que la conscience a barre sur elle. Mais la haine peut être très destructrice, et même dangereuse pour soi-même et pour les autres quand elle est refoulée et dirigée contre des boucs émissaires.

Alice Miller, Interview de Borut Petrovic Jesenovec : La cruauté s’apprend dans l’enfance