On entend souvent les gens se plaindre de ce que les personnes qui commettent des erreurs ne s’excusent généralement pas, qu’elles sont « mauvaises » ou mal éduquées.
Si nous en voulons à une personne de ne pas s’excuser de ce qu’elle a fait ou dit, c’est simplement parce que nous estimons qu’elle aurait dû avoir une attitude autre que celle qu’elle a eue.
À exprimer notre réprobation à une personne qui ne s’excuse pas, nous lui montrons que nous la jugeons de n’avoir pas été comme nous aurions aimé qu’elle soit, ce qui est un bon moyen de nous exposer à notre tour à son jugement à travers un possible ressentiment mutuel et sans fin.
À en vouloir à cet autre je lui montre mon incompréhension totale par rapport au comportement qui a été le sien, en privilégiant mon point de vue sur le sien.
Or il y a plusieurs causes possibles au fait qu’une personne ne s’excuse pas :
Elle peut – par exemple – ne pas avoir eu conscience que son comportement était maladroit. Auquel cas lui en vouloir revient à créer une injustice pour elle. En vouloir à une personne de son inconscience montre notre prétention à vouloir régir le monde en cherchant à nous voir partout dans un monde dans lequel chacun est différent.
Une autre ne s’excuse pas parce que c’est trop difficile et compliqué pour elle de s’excuser. On nous apprend dès l’enfance que c’est mal de faire des erreurs. C’est pourquoi nous cherchons à les dissimuler plutôt que d’en convenir avec simplicité, afin de les réparer.
Il nous arrive même de chercher à dissimuler nos erreurs à nos propres yeux en y trouvant des prétextes, des excuses et des justifications. Nous cherchons souvent à nous duper nous-mêmes en nous mentant d’autant plus que nous avons appris à culpabiliser de nos comportements.
Oubliant que personne ne fait des erreurs volontairement, oubliant que celui qui fait une erreur la fait toujours par inadvertance, nous en arrivons à l’absurdité de nous juger nous-même de ce que nous n’avons pas pu ne pas faire.
Logiquement, celui qui a honte de lui-même, car il se sent mal à l’aise avec ce qu’il a fait en même temps qu’il pense qu’il n’aurait pas dû le faire, ne peut que se sentir mal et culpabiliser. Incapable de s’assumer, il est donc incapable de s’excuser.
Seul peut s’excuser celui qui assume ce qui a été, ce qu’il a dit ou fait en même temps qu’il sait que c’est très humain de se tromper et de faire des erreurs. C’est même par les erreurs (corrigées) que se font tous les apprentissages.
À y regarder de plus près, si les gens ne s’excusent pas ce n’est donc pas parce qu’ils sont « mauvais » ou prétentieux mais tout simplement parce que c’est trop difficile pour eux d’assumer leurs maladresses parce qu’ils ne l’ont pas appris.
Ils ont été en effet mal éduqués à croire qu’ils n’auraient pas dû faire d’erreur puisque l’erreur est humaine.
Pour résumer : quand – dans l’enfance – on nous a clairement montré en nous punissant que de faire des erreurs était mal, on nous a définitivement appris à avoir peur de nous excuser. On nous a appris l’inhibition de l’action sur fond de culpabilité et de châtiment.
Se souvenir de cela quand quelqu’un est maladroit avec nous et ne s’excuse pas, c’est se donner le moyen d’appréhender cette personne avec compréhension et même compassion.
Notre regard bienveillant et tolérant sur la personne qui commet une erreur sera donc le meilleur moyen de lui permettre – si elle l’ose – de s’excuser.
© 2024 Renaud Perronnet. Tous droits réservés
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