Comment aider ma fille sans redevenir victime de son père ?

Question de @jeanne :

Le père de ma fille m’a inlassablement dénigrée auprès d’elle, interdisant notre affection et lui imposant d’exiger de moi des pensions pour lui et pour elle. Les juges s’opposaient au père et ma fille a longtemps résisté. Mais à 14 ans, face aux violences physiques et verbales, elle a mimé son comportement. À sa majorité, j’ai pris des distances pour me protéger, étant handicapée.

A 20 ans, elle m’appelle à l’aide.

J’ai peur d’eux.

Que dois-je faire ?

Mes pistes de réponse :

La première chose à sentir et à accepter est qu’il est parfaitement légitime de votre part (et encore davantage compte tenu de votre handicap) d’avoir pris des distances avec votre fille à sa majorité, compte tenu de votre besoin de vous protéger d’elle et de son père.
Cela doit être très clair pour vous car si vous deviez en culpabiliser ne serait-ce qu’un peu, ce serait un obstacle à votre capacité à faire du neuf dans votre relation à votre fille aujourd’hui.
Vous en avez la preuve aujourd’hui (même si vous n’en aviez pas conscience hier), les dénigrements de votre mari à votre égard auprès de votre fille n’ont pas définitivement interdit votre affection mutuelle puisqu’elle vous appelle aujourd’hui à l’aide et que vous aspirez à répondre à sa demande, votre question le montre.

Pour parvenir à répondre à son besoin d’aide, donc pour parvenir à répondre présent à votre rôle de mère, vous avez besoin de commencer par faire en vous la part entre la femme maltraitée par son ex compagnon manipulateur de sa propre fille, et la mère à qui des circonstances adverses ont empêchées l’expression de son affection pour sa fille.
C’est la femme maltraitée qui a peur « d’eux ». Je présume que la mère qui m’écrit – elle – aspire à s’ouvrir à ce qui lui a été pendant si longtemps interdit.
Si votre fille vous appelle à l’aide, n’est-ce pas parce qu’elle s’est enfin désolidarisée de ce « eux » qui vous a terrorisé pendant si longtemps ? N’est-ce pas parce qu’elle a enfin ouvert les yeux sur les comportements manipulateurs de son père ?
Si ses yeux sont ouverts, que devriez-vous craindre aujourd’hui ? Pour répondre à cette situation, il vous faudrait préalablement et à l’occasion d’une investigation avec un thérapeute, définir à qui – dans votre profondeur – vous souhaitez obéir ?
Même si vous doutez, vous semblez solide puisque vous avez été capable de vous protéger en restant distante de comportements mortifères.
Alors que devriez-vous craindre de vous-même ? Quelle peur intime et cachée devrait vous faire douter de votre capacité à aimer votre fille en accueillant sa demande ?

Pour aller plus loin vous pouvez lire : Pourquoi mon ado défend-t-il les agissements de son père ?

  • Christine dit :

    Il y a trop peu de renseignements permettant d approuver votre réponse à cette mère. À sa place je me méfierais de la fille et de son appel à l aide. Rien ne dit qu il y a de l affection de sa part ou s il y en a, la manipulation laissant des traces, avant de s engager dans une hypothétique relation affectueuse avec sa fille, que la mère prenne du recul et soit vigilante. Pour ma part avec le peu d éléments contenus dans cet article, je ne suis pas partisane de renouer des liens aussi rapidement. La mère est en manque de sa fille et de relations saines avec elle. La fille a été manipulée par un pervers, elle en gardera des traces toute sa vie.

    • J’ai le sentiment que – dans ma réponse – vous entendez davantage ce que vous avez peur d’entendre que ce que je dis.
      Poser la question : « Quelle peur intime et cachée devrait vous faire douter de votre capacité à aimer votre fille en accueillant sa demande ? » c’est s’interroger sur soi-même et non pas répondre en disant : « Vous devez accueillir votre fille. »
      Commencer par investiguer sur ses propres peurs est le seul moyen de parvenir à les dépasser un jour.
      Votre remarque pose la question de la justesse pour nous et les autres de nous laisser éternellement mener par nos parts traumatisées. Le but du travail thérapeutique que je recommande dans ce contexte, est donc de commencer par se poser des questions douloureuses pour soi-même parce qu’elles risquent de réveiller des blessures anciennes et jamais soignées.
      Un être qui redoute d’être manipulé par un pervers est vraisemblablement un être qui a appris dans son enfance – alors qu’il était sans défense – à ne pas se protéger des autres. Pire, à devoir consentir à devenir la victime de ses bourreaux.
      Je présume donc, qu’à l’occasion de la demande de sa fille, il est une opportunité pour Jeanne de découvrir, en les mettant enfin au grand jour, les causes réelles qui ont fait qu’elle a eu beaucoup de mal à ne pas devoir céder à la manipulation du père de sa fille, sous le faux prétexte de l’amour.
      Car c’est à ce prix qu’elle parviendra un jour à entrer en relation avec sa fille sans courir le risque de se laisser manipuler par ses blessures non encore soignées.

  • Christine dit :

    Je ne comprends pas votre réponse et notamment «  Un être qui redoute d être manipulé par un pervers……. à devoir consentir à devenir victime de ses bourreaux ». Cette mère est consciente de la perversite du père de sa fille. Elle est consciente que sa fille a été manipulée. Elle a peur. Elle l exprime. Je comprends que si elle a encore peur c est qu elle n a pas guéri quelque chose en elle qui attirait un pervers. Elle est encore dans une relation dysfonctionnelle. Tant qu elle n aura pas compris/guéri en elle ce qui provoque sa peur vis à vis des relations perverses, et pour lesquelles elle ne peux que fuir, ne devrait elle pas ne pas rencontrer sa fille même si cette dernière demande à la revoir ?

    • Oui en effet, c’est là la logique de la peur : attendre d’être guéri(e) pour agir. Et en même temps il faut comprendre que celui ou celle qui se laisse exclusivement déterminer par la peur se condamne à ne pas pouvoir évoluer… Il faut apprendre à tenir compte du fait que tout change constamment plutôt que de rester rivé à l’immobilité de ses peurs.
      Celle ou celui qui est dans la crainte pense : « je ne me mettrai à l’eau que quand je saurai nager », elle ne voit pas que pour apprendre à nager, il lui faut commencer par se mettre à l’eau. Et c’est ce que je propose à Jeanne : affronter ses peurs en se faisant accompagner par un thérapeute compétent, en même temps que de chercher à satisfaire la part d’elle-même qui aime sa fille et aspire à entendre ses besoins.
      Cela revient à ne pas rester seul(e) en même temps que d’avancer pas à pas lucidement pour apprendre à être prêt à tout. Cet apprentissage de la lucidité est particulièrement précieux dans la vie, puisqu’il dit qu’il faut garder les yeux ouverts en toutes circonstances.
      Guéri(e) ou pas guéri(e) un être doit garder les yeux ouverts dans sa relation aux autres, pas par paranoïa mais parce qu’ils ne sont pas lui.

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    4 réflexions au sujet de « Comment aider ma fille sans redevenir victime de son père ? »

    1. Christine

      Je ne comprends pas votre réponse et notamment «  Un être qui redoute d être manipulé par un pervers……. à devoir consentir à devenir victime de ses bourreaux ». Cette mère est consciente de la perversite du père de sa fille. Elle est consciente que sa fille a été manipulée. Elle a peur. Elle l exprime. Je comprends que si elle a encore peur c est qu elle n a pas guéri quelque chose en elle qui attirait un pervers. Elle est encore dans une relation dysfonctionnelle. Tant qu elle n aura pas compris/guéri en elle ce qui provoque sa peur vis à vis des relations perverses, et pour lesquelles elle ne peux que fuir, ne devrait elle pas ne pas rencontrer sa fille même si cette dernière demande à la revoir ?

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      1. Renaud Perronnet Auteur de l’article

        Oui en effet, c’est là la logique de la peur : attendre d’être guéri(e) pour agir. Et en même temps il faut comprendre que celui ou celle qui se laisse exclusivement déterminer par la peur se condamne à ne pas pouvoir évoluer… Il faut apprendre à tenir compte du fait que tout change constamment plutôt que de rester rivé à l’immobilité de ses peurs.
        Celle ou celui qui est dans la crainte pense : « je ne me mettrai à l’eau que quand je saurai nager », elle ne voit pas que pour apprendre à nager, il lui faut commencer par se mettre à l’eau. Et c’est ce que je propose à Jeanne : affronter ses peurs en se faisant accompagner par un thérapeute compétent, en même temps que de chercher à satisfaire la part d’elle-même qui aime sa fille et aspire à entendre ses besoins.
        Cela revient à ne pas rester seul(e) en même temps que d’avancer pas à pas lucidement pour apprendre à être prêt à tout. Cet apprentissage de la lucidité est particulièrement précieux dans la vie, puisqu’il dit qu’il faut garder les yeux ouverts en toutes circonstances.
        Guéri(e) ou pas guéri(e) un être doit garder les yeux ouverts dans sa relation aux autres, pas par paranoïa mais parce qu’ils ne sont pas lui.

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    2. Christine

      Il y a trop peu de renseignements permettant d approuver votre réponse à cette mère. À sa place je me méfierais de la fille et de son appel à l aide. Rien ne dit qu il y a de l affection de sa part ou s il y en a, la manipulation laissant des traces, avant de s engager dans une hypothétique relation affectueuse avec sa fille, que la mère prenne du recul et soit vigilante. Pour ma part avec le peu d éléments contenus dans cet article, je ne suis pas partisane de renouer des liens aussi rapidement. La mère est en manque de sa fille et de relations saines avec elle. La fille a été manipulée par un pervers, elle en gardera des traces toute sa vie.

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      1. Renaud Perronnet Auteur de l’article

        J’ai le sentiment que – dans ma réponse – vous entendez davantage ce que vous avez peur d’entendre que ce que je dis.
        Poser la question : « Quelle peur intime et cachée devrait vous faire douter de votre capacité à aimer votre fille en accueillant sa demande ? » c’est s’interroger sur soi-même et non pas répondre en disant : « Vous devez accueillir votre fille. »
        Commencer par investiguer sur ses propres peurs est le seul moyen de parvenir à les dépasser un jour.
        Votre remarque pose la question de la justesse pour nous et les autres de nous laisser éternellement mener par nos parts traumatisées. Le but du travail thérapeutique que je recommande dans ce contexte, est donc de commencer par se poser des questions douloureuses pour soi-même parce qu’elles risquent de réveiller des blessures anciennes et jamais soignées.
        Un être qui redoute d’être manipulé par un pervers est vraisemblablement un être qui a appris dans son enfance – alors qu’il était sans défense – à ne pas se protéger des autres. Pire, à devoir consentir à devenir la victime de ses bourreaux.
        Je présume donc, qu’à l’occasion de la demande de sa fille, il est une opportunité pour Jeanne de découvrir, en les mettant enfin au grand jour, les causes réelles qui ont fait qu’elle a eu beaucoup de mal à ne pas devoir céder à la manipulation du père de sa fille, sous le faux prétexte de l’amour.
        Car c’est à ce prix qu’elle parviendra un jour à entrer en relation avec sa fille sans courir le risque de se laisser manipuler par ses blessures non encore soignées.

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