Qu’est-ce qui est réel ?

« Bien que rien ne se passe, vous avez l’illusion d’un monde :

parce que tout change, il n’y a jamais d’entité. »

 

R. Srinivasan, Entretiens avec Swami Prajnanpad, p. 26.

 

 

Le chemin n’est jamais rectiligne, il serpente, imprévu et mystérieux, au cœur de nos destinées.

Il nous faut pénétrer dans les impasses pour découvrir qu’elles sont des impasses, buter sur les pierres pour apprendre à mettre notre pied à la bonne hauteur, nous blesser pour découvrir que notre sang coule.

 

Pourquoi nous en vouloir des impasses ?

Les choses sont telles qu’elles sont, par-delà nos imaginations fantasmées.

Les choses sont telles qu’elles sont, par-delà notre toute-puissance illusoire.

 

D’erreurs en erreurs, avancer seul, le regard serein, dans la nuit splendide.

Essayer et échouer, toujours davantage.

 

Pourquoi nous désespérer de la nature de la vie ?

Tout se fait tout seul.

Le bonheur est le fruit de l’arbre de l’abandon.

 

Ne t’inquiète pas, il n’y a rien à faire.

 

Rien d’autre à faire que de célébrer la totalité :

Le soleil avec le nuage.

L’enfant qui joue sur l’herbe et tombe.

Le parfum des fleurs avec les sanglots.

 

Nous n’avons besoin d’aucun commerce pour célébrer la vie, juste être.

 

Apprendre à se célébrer vivant, c’est se laisser inspirer par son propre chant de création.

Fleurir, c’est laisser jaillir ce chant, prendre le risque de la poésie brûlante de son cœur.

 

Pourquoi croire devoir mourir puisque nous sommes nés vivants ?

 

Quelque chose suit son cours, l’être se déploie sans but, la chair de l’homme s’éparpille en étincelles vivantes dans la beauté du monde.

Ô vie, flux mouvant qui passe.

 

La vision me dit : « Il n’y a pas de rivière, il y a juste un écoulement. »

 

D’où les fantômes de nos apparences peuvent-ils bien surgir ?

Prodigieuses rencontres, ciels innombrables, lueurs magiques, y a-t-il quelque chose qui ne change pas dans ces apparitions ?

Qu’y a-t-il de réel et de permanent dans tout cela ?

 

La sagesse éternelle se révèle et m’instruit :

« C’est l’arrière-plan sur lequel se produisent ces changements qui est réel. »1 

 

Le vrai se trouve, pour chacun de nous, juste après la détente, à portée de conscience.

De toute éternité, l’arrière-plan est là ; derrière le flux impermanent des choses, l’être s’offre.

 

Ne plus chercher, ne plus refuser, ne plus être dérangé par rien en particulier.

 

Nous sommes le cycle de la vie présente, éternité fugace de nos âmes éblouies.

 

Présence indicible, rien à chercher, contempler pour être.

Corps audacieux et vivants face au mystère.

 

© 2022 Renaud Perronnet. Tous droits réservés.

Il y a juste un écoulement…


Notes : 

1. R. Srinivasan, Entretiens avec Swami Prajnanpad, p. 26, Éditions Accarias L’Originel, 1986.

 
Illustration, photos/vidéos personnelles :
  • Chemin dans la forêt d’Aubure en automne
  • La mer de Libye : Il y a juste un écoulement…
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marylene

je l’ai lu, une fois deux fois trois fois et plus (pas le même jour) et chaque fois c’est un bain de fraicheur, le sentiment que la vie est là, juste là derrière ce que nous croyons être moi et en même temps englobant ce petit moi de tous les jours. cela me fait penser aux plus beaux textes non duels. merci Renaud

Hélène

Magnifique texte, merci.

Emma

Porter son regard sur l’essentiel, accepter ce qui est… et toutes ces interrogations qui permettent de prendre du recul. Sages conseils que vous nous donnez là. Merci de nous rappeler que l’essentiel, c’est peut être aussi l’ici et maintenant.