La présence d’immigrés est un révélateur du degré de compassion des sociétés. (…) L’immigration est un test pour l’engagement d’une société dans le sens de la véritable égalité des êtres humains, au-delà de leurs différences apparentes. Elle oblige à penser aux implications éthiques de l’interdépendance et de l’égalité. Que ferez-vous quand des étrangers, qui ont quitté leurs pays parce qu’ils souffraient, viendront s’installer dans votre quartier en quête de bonheur ? Prétexterez-vous de leur ethnie ou de leur nationalité pour ériger des barrières entre eux et vous, alors qu’ils espèrent un témoignage de bonté et de compassion de votre part ? (…) Les immigrés occupent les échelons inférieurs de la société, certes, mais ils participent au maintien des bases matérielles de la société en fournissant des services utiles et nécessaires aux citoyens. C’est grâce à leur travail que les prix de nombreux produits et services demeurent abordables, permettant à l’économie nationale de rester compétitive sur le plan international. Que les immigrés soient en situation régulière ou irrégulière, on ne peut pas nier qu’ils font partie intégrante du corps social et y apportent une énorme contribution. Ceux qui arrivent ainsi en terre étrangère sont entièrement à la merci de la société. Que l’on ait ou non des obligations légales envers eux, il est clair et sans équivoque que, par humanité, on a le devoir de s’occuper d’eux.
Je pense que les questions soulevées par l’immigration vont bien au-delà du traitement qu’un pays doit réserver aux migrants. Elles évoquent de plus vastes interrogations : comment reconnaître nos égaux en ceux qui nous servent ? Comment réagir face à ceux que leurs malheurs contraignent à travailler pour des salaires que nous ne daignerions jamais accepter ? Comment pouvons-nous ne serait-ce que commencer à payer notre dette à l’égard de ceux qui souffrent pour que nous jouissons d’un style de vie facile et abordable ?
Ogyen Trinley Dorje, 17ème Karmapa, Le cœur de l’homme est noble



