Schéma

Dans le travail de connaissance de soi, on est amené à appeler l’entrelacs de pensées et d’émotions négatives qui trouvent leur sens dans notre passé un « schéma ».

C’est au moment où nous nous apercevons que nos schémas structurent l’ensemble de nos comportements que nous pouvons nous sentir mobilisés pour nous en débarrasser et commencer ce qu’il est convenu d’appeler un « travail sur soi ».

C’est ainsi que la chanteuse et poétesse, Portia Nelson, a été amenée – dans Autobiographie en cinq actes – à décrire les différentes étapes qui mènent de l’inconscience totale à la conscience, ce qui peut nous aider si nous aspirons à nous dégager de nos schémas :

1° Je marche dans la rue. Sur le trottoir, il y a un grand trou. Je tombe dans le trou. Je suis perdu, désespéré. Ce n’est pas ma faute. Je mets une éternité à trouver la sortie.

2° Je marche dans la même rue. Sur le trottoir, il y a un grand trou. Je fais comme si je ne le voyais pas. Je retombe dans le trou. Non ! Ce n’est pas vrai ! M’y voilà encore ! Ce n’est pas possible ! Mais ça n’est pas ma faute. Je mets encore longtemps à trouver la sortie.

3° Je marche dans la même rue. Sur le trottoir, il y a un grand trou. Je vois le trou. Je tombe encore dedans. C’est devenu une habitude. Mes yeux sont grands ouverts. Je sais fort bien où je suis. C’est ma faute. Je trouve immédiatement la sortie.

4° Je marche dans la même rue. Sur le trottoir, il y a un grand trou. Je le vois. Je le contourne.

5° Je marche dans une autre rue…

Les 5 stades de la libération de l’un de nos schémas peuvent donc être synthétisés ainsi :

Le stade de l’inconscience complète :

Totalement ignorant du concept même de schéma, je marche mécaniquement et sans la moindre vigilance dans la rue, c’est alors que je tombe mécaniquement dans le trou qui est pourtant devant moi, sur le trottoir. « L’homme est comme une marionnette dont les stimulations extérieures tirent les fils », disait G.I. Gurdjieff.

Je souffre et – incapable de comprendre ce qui m’arrive – je me vis comme la victime impuissante du monde extérieur, je ne peux donc que me débattre vainement dans mon malheur en étant totalement inconscient de toute possibilité d’évolution.

2° Le stade de la reconnaissance du problème :

Je marche toujours mécaniquement et retombe donc dans le même trou puisque les mêmes causes produisent les mêmes effets. Je m’indigne alors de la répétition de mon comportement, je suis même dans un déni de réalité (« ce n’est pas possible ! ») Je suis toujours malheureux et aveugle, mais en en ayant assez de l’être, je me pose des questions primordiales (qui suis-je ? pourquoi cela m’arrive-t-il ?) donc j’en suis au moment où je m’apprête à prendre conscience qu’il y a une relation entre moi et ce qui m’arrive.

3° Le stade de la prise de conscience du schéma :

Je prends conscience de la réalité de mon schéma et de ma croyance, avec lucidité, je vois les choses telles qu’elles sont sans illusion ni désespérance, donc je commence à prendre la responsabilité de ma propre existence. Je ne suis plus dupe de moi-même puisque, grâce à ma vigilance, je vois le lien flagrant qui existe entre la manière dont j’agis et ce qui m’arrive. Quand je retombe dans mes vieilles habitudes de non vigilance, je ne culpabilise plus, au contraire je trouve cela « intéressant ». C’est ainsi que je parviens à moins souffrir.

4° Le stade de la pratique consciente :

Devenu vigilant et conscient de l’existence active de mon schéma dans ce qu’il m’oblige à faire ou à être, je m’applique à ne pas lui obéir et m’y appliquant (pratiquant), j’obtiens des résultats. C’est alors que je m’en dégage peu à peu.

5° Le stade de l’autonomie :

Grâce à ma vigilance, je suis devenu libre de mon schéma qui n’agit plus sur moi. De plus en plus conscient de moi et de la manière dont je fonctionne, je n’agis plus « en réaction » mais d’une manière autonome et créatrice en étant clairement conscient de mes besoins.

A moins que je ne rencontre un autre de mes schémas…

« À force de vous exercer, des changements se produisent dans vos circuits cérébraux et les mêmes types de situations ne produisent plus les mêmes types de réactions. » écrit Arnaud Desjardins.

© 2015 Renaud & Hélène PERRONNET Tous droits réservés. 


Moyennant une modeste participation aux frais de ce site, vous pouvez télécharger l’intégralité de cet article au format PDF, en cliquant sur ce bouton : 


Compteur de lectures à la date d’aujourd’hui :

3 046 vues

 

CLIQUEZ ICI POUR VOUS ABONNER AUX COMMENTAIRES DE CET ARTICLE
Abonnement pour
guest

17 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires