Je ne veux pas d’une vie de maitresse mais je n’arrive pas à renoncer à mon amant, que faire ?

Question posée par Lauralie :

Je vis une histoire d’amour, depuis 2 ans, avec un homme marié qui dit que je suis sa plus belle histoire, mais n’est pas prêt à « faire exploser sa famille » (femme et enfant de 13 ans).

Je ne veux pas d’une vie de maitresse mais n’arrive pas à renoncer à lui…

Comment puis-je sortir de cette impasse ?

Mes pistes de réponse :

Qu’entendez-vous vraiment quand votre amant vous dit qu’il vit avec vous « sa plus belle histoire d’amour » ?

Vous laissez-vous flatter parce que vous trouvez agréable de l’être, ou comprenez-vous qu’en vous flattant votre amant cherche à vous permettre d’endurer votre malaise au profit de son intérêt à lui ?

Les mots d’amour sont faciles à dire, les preuves d’amour sont beaucoup plus difficiles à mettre en évidence.

Que cherche à vous faire vivre un homme qui veut vous garder pour lui en même temps qu’il vous sait malheureuse ?

Pour sortir d’une telle impasse vous avez besoin de savoir ce que vous voulez vraiment : être une femme libre ou une maitresse dévolue à son amant ?

La manière dont chacun(e) vit sa vie amoureuse parle de ses besoins donc de sa possible maturité :

Vous pouvez vivre une vie amoureuse ponctuelle, limitée dans son temps et dans son engagement, qui pourra être pleinement satisfaisante pour vous, d’autant plus que vous la vivrez dans le présent et que vous ne lui demanderez pas plus que ce qu’elle pourra vous apporter.

Vous pouvez également vivre une vie amoureuse à travers une rencontre que vous considérerez comme définitive et à partir de laquelle vous vous mettrez à construire un amour véritable : une élaboration de l’amour en couple.

Les deux attitudes sont à la fois possibles et justifiées pour autant que nous ne les mélangeons pas et sachons ce que nous voulons entreprendre avec l’autre.

L’immaturité c’est de vouloir concilier ce qui n’est pas conciliable, de vouloir être libre tout en s’engageant. Ne pas vouloir renoncer à un être qui vous condamne à être sa chose à lui, quand vous aspirez à un autre type de relation, ne peut qu’être cause de souffrance pour vous. L’immaturité mène à la souffrance de celui ou de celle qui ne parvient pas à choisir parce qu’il (elle) voudrait tout !

Pour devenir mature, il faut apprendre à affronter sa frustration plutôt que de se laisser dominer par elle. L’ayant affrontée, vous parviendrez à vous déterminer pour aller dans la direction du choix qui sera le vôtre1 .

Une personne immature n’est pas encore sensée.

Certaines personnes qui semblent avoir fait le choix de vivre seules resteront inconscientes toute leur vie de ce à quoi elles ont renoncé, d’autant plus qu’elles ne savent pas que leur soi-disant choix est moins déterminé par leur besoin de liberté que par leur peur de la frustration.

La liberté conjuguée en mode de renoncement mène à la frustration.

A l’inverse, d’autres personnes se mettent en couple en croyant aimer l’autre alors qu’elles cherchent à fuir, à tout prix, leur propre solitude et souvent, à travers elle, leur propre sentiment d’insuffisance.

Une relation qui repose sur un tel malentendu court à l’échec.

Le besoin de fuite ne peut pas être un bon conseiller. Un être qui, à travers la relation amoureuse, cherche à combler sa propre insuffisance, se condamne le plus souvent à magnifier celui par lequel il se sent pour un temps comblé. Que se passera-t-il le jour où – la passion disparue – il ne se sentira plus comblé par celui qu’il a tant adulé ?

L’élaboration de l’amour n’est rendue possible qu’entre « à peu près égaux », qu’entre personnes « pas trop différentes ». Combien d’êtres humains croient se tolérer mutuellement parce qu’ils ont peur de se retrouver seuls face à eux-mêmes, et s’épuisent l’un avec l’autre sans avoir conscience du prix à payer de cette tolérance contrainte ?

Pour sortir de l’impasse dans laquelle vous vous sentez être, il vous faut commencer par rencontrer, affronter cette impasse. Là vous découvrirez (à moins de vous enfoncer dans le déni), que vous vous condamnez vous-même à tolérer ce que vous ne voulez pas – au fond de vous-même – tolérer.

C’est à partir de cette prise de conscience que vous trouverez en vous-même un point d’appui qui vous permettra de démasquer vos peurs en renonçant à votre amant, c’est-à-dire d’agir en fonction de ce que vous voulez vraiment.

Le « potentiel amoureux » qui nous environne tous n’est-il pas infini si nous savons l’apprécier en apprenant à nous respecter ? Pourquoi vous cramponner à un prétendu amour manifestement insatisfaisant puisqu’il ne vous rend pas heureuse ?

La vie, votre vie, n’est-elle pas ailleurs ?

Peut-être – comme beaucoup de personnes – préjugez-vous de votre absence de force et de courage, sans savoir que vous êtes, en réalité, beaucoup plus solide que vous ne le pensez ? La manière dont les personnes vivent généralement, en temps de guerre, les épreuves qui leur seraient parues insurmontables en temps de paix le montrent.

Il ne vous faut donc pas confondre votre besoin d’une « aventure limitée », qui peut vous rendre heureuse pour un temps, mais qui ne peut pas vous donner ce à quoi vous aspirez profondément, (votre question montre que vous aspirez à dépasser ce statut de « maitresse »), avec votre aspiration profonde à aimer.

Pourquoi – plutôt que de vous contenter de miettes d’amour insatisfaisantes – ne vous donneriez-vous pas le moyen de construire la possibilité d’aimer un être en construisant avec lui ?

Je ne parle pas ici du besoin romantique et idéalisé de « rencontrer l’âme sœur » qui n’est que la projection immature d’un être en perte de lui-même dans sa relation aux autres.

Je parle de vous ouvrir à votre besoin d’aimer « dans le relatif », en renonçant définitivement à votre idéal amoureux, de manière à apprendre pas à pas à construire avec l’autre un amour capable de vous rendre heureuse2 .

1.  Lisez sur ce thème mon article : Pourquoi je ne parviens pas à choisir ?

2. Pour aller plus loin, lisez : À propos de l’autonomie et de la différence dans la vie de couple

Illustration : Picasso, Le rêve.

© 2021 Renaud PERRONNET Tous droits réservés. 


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