Comment trouver les bons mots pour parler à mon enfant de ma séparation ?

Question de M. M. :

Déléguée Médicale.

Je suis divorcée depuis 3 ans et mon fils de 4 ans commence à poser des questions sur les raisons de notre séparation. Ce qu’il me demande le plus souvent ce sont les raisons pour lesquelles son père ne voit plus ma famille et pourquoi je ne vois plus sa famille.

Les relations avec mon ex-mari sont très froides mais pas conflictuelles, par contre avec ma famille et la sienne on ne se parle plus. (Je ne veux pas lui dire qu’on ne s’aime plus ou que l’on s’est disputé ce sont des mots trop violents.)

Aidez moi à trouver les bons mots.

Merci d’avance.

Ma réponse :

Trouver les bons mots pour dire à votre enfant qui grandit l’histoire de votre séparation vous demande préalablement d’être « en paix » avec cette séparation. S’il y a le moindre trouble ou regret en vous, si votre deuil n’est pas fait, il y a de fortes chances que votre enfant le sente ce qui le troublera.

Faudrait-il donc que vous attendiez d’être « en paix » avec votre passé pour l’évoquer à votre enfant qui grandit et qui a besoin de savoir ? Certainement pas, les besoins de votre enfant sont prioritaires simplement parce qu’ils sont là.

Souvent nous ne savons pas nous raconter avec des mots simples, pour la bonne raison que nous n’avons pas digéré ce qui nous est arrivé, nous sommes mal à l’aise avec notre passé.

C’est ainsi que dire à votre enfant « Ton papa et moi nous nous sommes disputés et nous avons décidé tous les deux – d’un commun accord – (est-ce vrai ?) de ne plus vivre ensemble » vous fait peur.

Pourtant votre enfant de 4 ans a le besoin et le droit de savoir ce qui s’est passé entre vous : son père et sa mère. Il s’agit pour vous de raconter – à votre fils que vous aimez – l’histoire de ses parents. De la lui raconter avec amour (donc sans risquer de cacher ce qui vous ferait peur à vous), de faire clairement la distinction entre votre relation à lui, (toi, tu es mon petit enfant et je t’aimerai toujours) et celle que vous avez eu avec son père (tu sais ton papa je l’ai beaucoup aimé, mais vois-tu, maintenant c’est fini.) Et vous parviendrez d’autant plus à être claire avec lui que vous le serez avec vous-même. Dire la vérité, avec simplicité, afin que votre enfant sente que vous ne lui cachez rien (cela s’appelle ne pas faire un problème du problème.)

Ce n’est qu’ainsi que votre enfant pourra se sentir apaisé (sans problème donc sans questions) parce qu’il vous sentira en paix dans votre propre histoire (et sentira son père en paix dans la sienne.)

Les capacités qu’ont les parents qui ont été en conflits à s’ouvrir donc à « accepter ce qui a été » sont pour un enfant toujours très favorables.

Ce n’est pas nécessairement un problème que papa et maman ne vivent plus ensemble si – quand ils se rencontrent – ils ne se déchirent pas, s’ils peuvent communiquer, dialoguer et même, pourquoi pas, une ou deux fois par an partager un repas, pour leur enfant, lors d’un anniversaire ou d’une fête particulière.

Dans ce contexte, me dites-vous, les familles ne se parlent plus. Voulez-vous créer une complicité (plutôt qu’un tabou) avec votre petit enfant là-dessus ? « C’est vrai, grand-mère X ne veut plus voir grand-mère Y, il faut que tu saches qu’à l’époque où nous nous sommes quittés ton papa et moi, cela leur a causé de la peine, ils n’ont pas toujours bien compris, il y a eu des malentendus mais – à toi je te le dis et tu peux le voir – aujourd’hui les choses vont mieux avec ton papa. (C’est vrai que parfois, nous les adultes, nous sommes bien compliqués !) Les grands-parents – eux – ont encore un peu de mal à accepter, c’est pour cela qu’ils ne veulent plus se voir, pour le moment, il faut les comprendre. Pour le moment tu les vois donc séparément. »

L’enfant est naturellement attiré par ce qu’on lui cache, par ce qui « fait problème » (il cherche à comprendre), si vous vous ouvrez complètement au problème (donc si vous lâchez prise personnellement par rapport au problème), que restera-t-il selon vous ? Juste un enfant sans problème.

Si vous ne l’avez pas déjà lu, je vous invite à lire attentivement le texte de Lee Lozowick qui est sur mon site et qui s’intitule « Le courage d’éduquer. »

Voilà, faites comme vous le pouvez, comme vous le sentez, restez avec la sensation de votre amour pour votre petit garçon et parlez-lui, le cœur ouvert, il a besoin de savoir et il n’y a rien de dramatique à cela.

© 2006 Renaud PERRONNET Tous droits réservés.


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MARIE-LINE

Je suis une maman divorcée et 2 garçons de 32 et 29 ans, qui ont leur vie et leur chez soi depuis quelques années maintenant. Je suis en concubinage depuis 14 ans avec un homme volontaire et très très ambitieux, père de 3 enfants dont 2 qui vivent toujours à son domicile principal en région parisienne et qui ont 21 et 18 ans, ils me respecte beaucoup mais par contre pas toujours facile pour moi qui n’ai plus de patiente et tolérance à leur égard quand je vais chez eux. Le soucis c’est qu’Il y a deux ans j’ai vendu… Lire la suite »

M. J.

La vérité, il n’y a que des vérités à dire. Je suis divorcée et mon enfant avait trois ans à l’époque. Je lui ai toujours dit la vérité : « Parce que papa et maman se disputent très souvent, nous allons avoir chacun notre maison ; tu pourras envoyer de jolis dessins dans la nouvelle maison de ton papa… tu pourras les mettre dans la grande boîte aux lettres jaune de la poste… » Je me suis remariée, aujourd’hui mon enfant à 28 ans et à deux papas. Nous sommes heureux de nous retrouver tous ensemble autour d’un pique nique…… Lire la suite »