Comment aider une personne handicapée mentale lors de l’annonce d’un décès ?

Question de Valérie :

Psychologue à Fonsorbes, France.

Je travaille auprès d’une population de personnes handicapées mentales de naissance.

Je me suis toujours posée la question comment pouvait on aborder la notion de mort avec eux du fait des capacités mentales limitées. Ils mettent en avant que les personnes décédées sont parties au ciel.

Comment les aider dans l’annonce du décès ?

Ma réponse :

Ma première réaction à la lecture de votre question est de penser que nous aussi, nous sommes des « personnes handicapées »… quand il s’agit de parler, voire d’expliquer la mort !

Dans un tel contexte, il me semble préférable, si nous-mêmes voulons « parler de la mort », de reconnaître notre handicap et d’avouer notre ignorance, plutôt que de laisser croire à l’autre que nous savons à travers des histoires abracadabrantes.

Par contre – puisque nous sommes des aidants – nous pouvons nous demander ce qui est le plus important pour la personne endeuillée : de parvenir à la certitude de savoir où la personne est allée, ou qu’elle parvienne elle-même à la paix après le départ de la personne qu’elle aimait ?

Si une personne handicapée vous dit qu’une personne décédée est « partie au ciel », c’est simplement parce que quelqu’un le lui a dit. Si vous sentez cet être humain en paix avec le départ de l’autre, pourquoi le détromper ? A quoi bon lui dire des choses qu’il ne pourrait pas entendre ou qui le troubleraient ?

Par contre, si vous sentez une personne mal à l’aise avec le départ de l’autre et qui vous explique qu’il est au ciel, pourquoi alors ne pas tenter de lui permettre d’approfondir ce qu’il entend par là, quitte à le détromper ?

Je crois que c’est la manière dont vous accueillerez inconditionnellement l’attitude émotionnelle de la personne (et les personnes handicapées mentales ont souvent développé une très grande sensibilité émotionnelle) sur un sujet qui la touche personnellement qui pourra l’aider.

Finalement l’aidant à moins à se poser la question du « comment je vais parler de la mort » que de se demander comment il accueille « ce qui est dit à propos de la mort. »

Aider une personne après l’annonce d’un décès, c’est commencer par accepter qu’elle soit troublée et triste quand elle l’est.

Dans le rôle qui est le vôtre, c’est en grande partie le regard que vous porterez sur le vécu de l’aidé qui lui permettra de se réconcilier (ou pas) avec les émotions qui sont les siennes.

Ne manifester ni étonnement ni, bien sûr, réprobation, vis-à-vis de ce que ressent, pense et partage l’aidé à propos de la mort, c’est intégrer les a priori et les idées reçues qui sont les siens.

L’empathie est « la présence accordée par l’aidant à ce que vit l’aidé sur le moment. » Si vous parvenez à cette intégration grâce à votre présence et que l’aidé la ressent, il s’ouvre à son propre ressenti à travers vous-même, et vous êtes à ce moment au cœur de votre rôle d’aidant.

© 2008 Renaud PERRONNET Tous droits réservés.

Pour aller plus loin je vous invite à lire : Le travail de deuil


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Alexandra

Ville : Sebourg
Pays : France

J’ai trouvé cette article vraiment intéresant.