Un aidant doit-il rester objectif ?

Question d’Abderrazak :

Elève Assistant Social à Bouira, Algérie.

Salam Monsieur c’est un honneur de vous écrire et de vous remercier sur l’aide que vous allez me donner en répondant à ma question, alors je suis élève de 2ème année à l’école de formation paramédicale pour le diplôme d’assistant social.

Le premier principe dans mon travail est de rester objectif face aux usagers (clients) mais je me demande si un jour mon objectivité va nuire ou démolir un de mes principes ! Alors : Que dois je faire pour équilibrer entre l’objectivité et les principes personnels au cas ou ils se contredisent ?

Merci Monsieur et bon courage.

Ma réponse :

L’objectivité, c’est-à-dire la capacité à distinguer le moi du non-moi, donc à distinguer l’observation d’un fait de son interprétation est certainement l’un des stades les plus élevés du discernement humain donc de l’intelligence.

Il semble donc que pour celui qui veut aider, la capacité à rester « objectif » donc à ne pas confondre « celui qu’il aide » avec la manière dont il l’interprète soit une qualité primordiale.

Toutefois la peur de la subjectivité serait un écueil dans la mesure où toute peur – parce qu’elle est une attraction négative – nous contraint à lui obéir. Nous avons donc aussi besoin, pour aider, de préalablement nous délivrer, aussi bien de notre peur de mal faire que de son contraire, notre désir de bien faire.

L’aidant n’a pas d’autre choix que celui de percevoir l’aidé sur la base de sa propre perception et en même temps de garder en mémoire qu’il peut à tout moment sombrer dans la confusion entre lui et l’autre. C’est même parce qu’il gardera ce risque à la conscience qu’il pourra s’en préserver.

Garder ce risque à la conscience, c’est devenir vigilant à propos de ce qui se passe en nous, il s’agit, plus précisément, nous explique Anthony de Melho de « regarder, observer ce qui se passe en vous et autour de vous. Plus précisément ce qui « bouge » en vous et autour de vous. »

Le risque de la subjectivité, c’est le risque de la confusion et la confusion est présente quand il y a emportement émotionnel. Regarder, au cœur de la relation, ce qui en nous, bouge, c’est se prémunir de la subjectivité en devenant capable de reconnaître et d’identifier nos émotions.

Là, on découvrira peu à peu que le meilleur rempart contre la subjectivité n’est pas la capacité à l’objectivité mais plutôt la capacité de reconnaître cette subjectivité quand elle est là, parce que la reconnaître, c’est devenir capable de s’en prémunir.

Devenir capable de la reconnaître c’est aiguiser la clarté de notre perception sur nous-mêmes, c’est permettre à notre conscience (plutôt que de se laisser emporter par des principes du type « il faut être positif ») de devenir de plus en plus sensible à la réalité de l’autre, tel qu’il est.

L’écrivain Gustave Meyrink précise « Ce qui est important n’est pas ce que vous regardez, ce n’est pas vous qui regardez, c’est la hauteur en vous d’où vous regardez. » En ce sens il ne s’agit plus de projeter le besoin égocentrique du moi sur le non-moi (la subjectivité), mais de permettre au moi de prendre de la hauteur en s’agrandissant encore et encore. Faire cela c’est découvrir qu’il y a moins à « faire » qu’à « être », c’est se relier au cœur pour s’ouvrir jusqu’à inclure l’autre (qui n’est pas le dévorer.)

C’est à cette condition que tout risque de subjectivité disparaîtra, et que votre objectivité ne risquera pas de nuire à vos principes personnels.

En cliquant ICI vous pourrez lire un poème qui illustre ce « chemin qui a du cœur » et découvrir ainsi jusqu’où cela pourra vous mener…

© 2008 Renaud PERRONNET Tous droits réservés.


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